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Critique d'album

Klone


Unplugged


(17/02/2017 - Klonosphere / Pelagic Records - Progressive - Genre : Hard / Métal)
Produit par MILF

1- Immersion / 2- Grim Dance / 3- People Are People / 4- The Silent Field Of Slaves / 5- Nebulous / 6- Gone Up In Flames / 7- Into The Void / 8- Fog / 9- Come Undone / 10- Rocket Smoke / 11- Summertime
Note de 4/5
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Note de 3.5/5 pour cet album
"Totale immersion"
Etienne, le 17/03/2017
( mots)

Unplugged. Un exercice bien connu de ceux qui ont exercé leurs talents dans les années 90, qu'ils soient grunge (Nirvana évidemment, Pearl Jam, Alice In Chains, Stone Temple Pilots), folk-rock (Eagles, Neil Young, Dylan, Springsteen, Bryan Adams, Alanis Morissette), blues (Clapton, Stevie Ray Vaughan) ou vieux hard rockers sur le retour osant le défrichement acoustique de leurs hits électriques pour redonner un coup de boost à une carrière en berne (Aerosmith, Kiss), tous ou presque se sont attelés au défi. Même ces bougons d'Oasis se sont pliés à l'enregistrement d'un Unplugged durant le Royal Festival Hall - jamais publié, la faute à un Liam Gallagher absent pour cause de maux de gorge et avec donc pour seul leader un Noel en pleine lumière. Un exercice, immanquable si l'on en juge le palmarès cité plus haut, que le nouveau patron de MTV, Sean Atkins, compte bien relancer en grandes pompes afin de redorer le blason d'une chaîne feu musicale, désormais totalement abandonnée aux âneries débilitantes de feuilletons "télé-réalité" toujours plus vulgaires et décadents les uns que les autres ("17 ans et Maman", "Avant j'étais gros", "Canon en 10 leçons"). Oui les titres sont véridiques... Et inutile de brandir haut et fort l'excuse de la médiocrité des traductions françaises en la matière, il n'y a rien à sauver dans ces programmes. Autant dire que le chantier que s'impose le nouvel homme fort de la chaîne américaine ressemble plus à une vaste entreprise de flagellation morbide qu'à un réel sauvetage homérique sur fond de passion musicale assumée. Pourtant, quelques exemples récents plaident en faveur d'un regain d'intérêt pour le débranchement des amplis et l'aplatissement de la distorsion: Florence + The Machine en 2012, puis Placebo plus récemment ont largement réussi leur passage chez MTV. Il faut croire que l'agitation acoustique au pays de l'oncle Sam a donné des idées à Klone qui entreprend l'enregistrement de son Unplugged, à la française.


Car loin des plateaux TV surchargées, des ambiances molletonnées et de la déco scandinave "bougies-coussin-plaid" des studios new-yorkais - et sans aucun lien avec la chaîne soit dit en passant - les poitevins investissent le superbe Théâtre de la Coupe d'Or de Rochefort et choisissent de le faire sans aucun public, seul face à leur musique. Un choix fort qui apporte son lot de qualités et de défauts - damned. Si la profondeur sonore de l’enregistrement est incontestable - de par l'écho naturel de la salle - Klone sacrifie la chaleur des applaudissements d'un public trié sur le volet pour quelques notes s'évaporant dans le silence glacial d'une salle vide. Une décision clivante tant la charge émotionnelle d'un Unplugged est décuplée à l'écoute de ces quelques mots échangés entre musiciens sur scène, de ces quelques phrases lancées depuis le public, de ces quelques réels moments de silence contemplatif. Ecouter un Unplugged c'est aussi se sentir privilégié, entrer dans un monde feutré pour assister à l'exécution pudique et intime d'un répertoire éphémère, devenir ce fan transi à qui l'on offrirait le cadeau inestimable de se rapprocher un peu plus de ses idoles. Klone ne s'inscrit pas dans cette lignée et anesthésie son disque, le ramène brutalement contre les planches du théâtre rochefortais dès que les guitares se taisent et que les voix s'envolent vers les balcons déserts De la tradition "Unplugged", Klone s'affranchit de tous les artifices scéniques cocoon, de tout l'enrobage mystique surjoué et d'une quelconque portée testamentaire, il débranche ses grattes et joue. Basta. Les français repensent un exercice formaté pour accoucher d'une version dépouillée, brute, humble, lumineuse, aux antipodes des considérations d'outre-Atlantique. Et finalement, c'est pas plus mal.


Exit donc le concert acoustique sur fond de rédemption, on a enfin droit à un album "débranché" en bonne et due forme, un disque de démolition explosive et de reconstruction minutieuse. Car si les grungers, rockers et autres bluesman usent de leurs atours acoustiques avec une technique grosso-modo similaire à celle développée devant un mur de Marshall fumants de décibels, impossible d'espérer en faire de même pour Klone. Qui connaît la musique transcendante et complexe des poitevins sait qu'une simple transposition acoustique est totalement impossible. Trop de sons, trop de rythmes, trop de passages saccadés, de cordes agressées, de tambours martelés. Non il faut tout repenser pour Klone. Et à l'exception d'un "Immersion" finalement assez proche de sa version électrique, le quatuor relève le défi brillamment, réorchestrant le répertoire de ses deux derniers albums (l'excellent The Dreamer's Hideaway et l'acclamé Here Comes The Sun) avec une plume apaisée et une hargne contrôlée. L'ébouriffant "Rocket Smoke" transpose sa mécanique frénétique en marche solennelle tourmentée, mis en rythme par ses accords potelés avec poigne, schéma que Klone préfère à l'utilisation d'une batterie acoustique qui n'aurait finalement apporter qu'un boucan incompatible avec l'esthétisme sonore souhaité par le groupe. "Fog" ou "Gone Up In Flames" dévoilent un potentiel fédérateur hors-normes, entraînés dans un tourbillon sonique entretenu par des guitares au diapason, brillantes de musicalité et de douceur, tissant des arpèges sensibles et rêveurs ("The Silent Field Of Slaves", "Come Undone"). Véritables héroïnes du style "Unplugged", les guitares, largement usitées, s’accommodent du second rôle lorsque l'accordéon, strident, perce le voile obscur de la mélancolie par quelques touches de pure lumière ("Immersion") ou que le tom basse, grave, plombé, n'enfonce la torpeur ambiante ("Grim Dance"). Habile, Klone joue sur les atmosphères, osant le lumineux comme le sombre, l'envoûtant comme l'angoissant, l'enchanté comme le désespéré. Epique.


Sans doute possible, l'entreprise acoustique profite pleinement à Yann Ligner, qui de sa voix puissante et maîtrisée, s'offre des moments de grande poésie à l'instar de cette reprise de Depeche Mode superbement interprétée où son "I can't understand what makes a man hate another man" prend une dimension dramatique dont le fraîchement révolté Gahan ferait bien de prendre de la graine. Nul doute non plus sur la réussite de cet Unplugged, album acoustique qui s'inscrit dans la droite lignée de la modération de la direction artistique du groupe entamée depuis son dernier album. Mais c'est peut-être là son principal défaut. Car en dépit d'un accueil critique élogieux, Unplugged ne surprend finalement pas ou peu. Quand Nirvana a publié le sien, il sortait à peine d'un In Utero violent et torturé et c'est aussi ce contraste inattendu qui donne au concert débranché de Cobain et sa bande cette saveur unique. Dans le fond, Klone enregistre son disque acoustique au moment le plus opportun, mais certainement le moins surprenant. L'exercice de musicien est brillant et pour cela le groupe tricolore mérite haut la main ses multiples chroniques dithyrambiques. Unplugged a l'esprit; mais il lui manque simplement les tripes et le coeur.


Chansons conseillées: "Nebulous", "People Are People" et "Grim Dance"

Avis de première écoute
Note de 4/5
A ceux qui doutent de l'intérêt des sessions acoustiques, Klone est là pour vous prouver le contraire. Tout a été dit. L'album est tout simplement brillant.
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