Local Natives
Hummingbird
Produit par
1- You & I / 2- Heavy Feet / 3- Ceilings / 4- Black Spot / 5- Breakers / 6- Three Months / 7- Black Balloons / 8- Wooly Mammoth / 9- Mt. Washington / 10- Colombia / 11- Bowery
3 ans après le plébiscite de Gorilla Manor, Local Natives revient avec son second album Hummingbird sorti fin janvier. Salué par la critique, Gorilla Manor regorge de mélodies dynamiques et bien écrites ( "Camera talk", "Wide eyes", "Sun hands", "Airplane"...). Après avoir écumé les festivals (SXSW, Pitchfork, Reading festival, Leeds constellation festival, Glastonbury, Solidays, Panterio … ) les membres de Local Natives ont pris le temps d'emménager en couple, de se marier, de devenir père pour certains… Le groupe californien s'est également séparé du bassiste Andy Hamm, parti dans une autre direction. En dépit de ces chamboulements, les beaux moustachus reviennent cet hiver, avec leurs guitares folks, sereins, mais plus sensibles et plus fragiles que jamais. Cette fois, plus de côte ouest, Hummingbird a été enregistré à Brooklyn, dans le home studio d'Aaron Dessner de The National, que Local Natives avait accompagné en tournée. Le ton général de l'album est plus profond et plus émouvant. Influencé par les rencontres au fil des tournées, (Arcade Fire, the National) le son de californiens a aussi gagné de l'ampleur.
Hummingbird démarre avec l’émouvant "You and I" qui ramollirait les plus durs à cuire d'entre nous. Taylor Rice prouve avec ce titre son statut de chanteur irrésistible à tendance crooner ("Closer I get, further I have to go ...") et fait chavirer bien des cœurs. Oui la touche Local Natives est encore là, avec des chœurs déchirants ("You and I ") et les (plus rares) harmonies vocales débordantes ("Breakers", "Heavy feet", "Black balloons"). Pourtant, il existe de nouvelles variations dans les morceaux. Tout d'abord, le tempo s'est considérablement ralenti. De plus, le ton est moins enjoué qu'auparavant sur Gorilla Manor. La mélancolie et une certaine nostalgie se dégagent de bon nombre de titres ("Ceilings", "Black spot", "Three months"). Même si l’ensemble des morceaux bénéficie d’une écriture fine et soignée,une sensation d'inachevé suit à l'écoute de quelques titres. En effet si certains couplets sont superbes, l'auditeur reste parfois sur sa faim. Les chansons sont réussies mais trop courtes parfois, c’est ici un couplet ou là une conclusion qui manquent ("Three months", "Ceilings", "Wooly mammoth").
On reste en suspens, à la fin de ces si beaux titres qui instaurent des ambiances explorant la mélancolie et l’introspection."Colombia" évoque très justement la perte de la mère de Kelsey Ayer ("Every night I ask myself", "Am I loving enough ?", "Am I giving enough ?"). Chanté par Ayer, "Colombia" met en valeur sa voix autant que l’émotion est palpable dans ce morceau. "Black spot", "Black ballons", "Bowery" confirment le talent de Local Natives à instaurer de belles montées en puissance, harmonieuses et mélodiques. Enfin, "Mt. Wasinghton" rappelle aussi l'intensité de Grizzly Bear ou de The Bewitched Hands.
Malgré un line up différent, Hummingbird est un joyau de sensibilité et de complexité. Si on peut déplorer un léger manque d'innovation, force est de reconnaitre que cet album est plus mûr, plus libéré, plus profond. Plus difficile à appréhender que Gorilla Manor, Hummingbird donne toute son émotion aux plus patients d’entre nous. Après une tournée européenne (Copenhague, Stockholm et Milan), ne les loupez pas en tournée française le 2 mars à Strasbourg, à l'Epicerie Moderne de Fezin le 4 mars, le 5 mars au Trabendo et le 7 mars 2013 au Grand Mix de Tourcoing.