Motörhead
Ace of Spades
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1- Ace of Spades / 2- Love Me Like a Reptile / 3- Shoot You in the Back / 4- Live to Win / 5- Fast and Loose / 6- (We Are) The Road Crew / 7- Fire, Fire / 8- Jailbait / 9- Dance / 10- Bite the Bullet / 11- The Chase Is Better Than the Catch / 12- The Hammer
La pochette d’Ace of Spades fut la seule, jusqu’à Overnight Sensation (1996), à mettre en avant les membres du groupe. En nous plongeant dans l’univers désertique des desperados, celle-ci ne peut qu’évoquer la mise en scène d’un des modèles de Motörhead, un autre trio culte mais cette fois-ci Texan. Sur la couverture d’El Loco (1981), les trois barbus de ZZ Top assument un côté potache là où Lemmy et cie jouent les durs et, tout de cuir vêtus, débordent de classe. Cette comparaison permet de souligner un abord totalement différent des années 1980 entre le groupe américain actif depuis le début des 1970’s et Motörhead, plus tardif : les premiers s’apprêtent à faire une transition vers un son plus synthétique et grand-public, alors que le seconds revendiquent au contraire la pureté de leur approche du rock ainsi que la brutalité de la décennie à venir du côté des musiques saturées.
Le contenu est à la mesure des promesses affichées sur la pochette, avec bien sûr, le morceau-titre, plus gros tube du groupe désormais aussi connu que "La Grange" pour filer la métaphore texane. Imparable par ses aspérités speed et sa basse agressive, "Ace of Spades" ne devrait pas pour autant être l’arbre qui cache la forêt tant l’album regorge de pépites. Son successeur dans la playlist d’abord, "Love Me Like a Reptile", introduit par des crécelles de rattlesnake et rempli de belles interventions à la guitare (dont l’hommage à "Gloria"), puis le superbe "Fast and Loose" qui emprunte l’ambiance éthérée de certains ZZ Top. De son côté, l’intransigeant "(We Are) the Road Crew" n’est pas sans rappeler la scène de Détroit. Caché en fin d’album, le mid-tempo "The Chase Is Better Than the Catch" frise à nouveau l’excellence dans un registre Heavy plus posé.
L’esthétique de Motörhead s’affirme à nouveau, après un Bomber un peu moins pertinent, à travers un hard-rock martelé et robuste ("Shoot You in the Back", "Jailbait"), souvent véloce ("The Hammer") et dont la puissance est décuplée par la basse ronflante à l’accroche incisive ("Live to Win") et une guitare de plus en plus bavarde et débridée. Néanmoins, s’il fallait choisir entre Ace of Spades et Overkill, mon cœur pencherait vraisemblablement pour le second quasiment inattaquable. Sans commettre de faute de goût, ce quatrième opus souffre de quelques répétitions et de titres plus quelconques, tel "Fire, Fire" qui reprend d’ailleurs un gimmick d’"Ace of Spades" après le premier refrain, "Bite the Bullet", ou "Dance" qui réaffirme leur goût pour le retro rock’n’roll revisité.
Avec Overkill, Ace of Spades représente la quintessence du groupe, d’autant plus que ce dernier est sûrement davantage resté dans la postérité comme leur œuvre la plus emblématique. Il y aura évidemment d’autres très bons albums par la suite, mais dans les mémoires, la période 1979-1980 de Motörhead restera à jamais leur âge d’or.
À écouter : "Ace of Spades", "Fast and Loose", "(We Are) the Road Crew", "The Chase Is Better Than the Catch"