Motörhead

Avec Inferno, Motörhead était enfin sorti de son inertie discographique et avait retrouvé un peu d’inspiration ; sans être d’une originalité à couper le souffle, l’album de 2004 était vraiment plaisant avec un bon nombre de compositions de premier choix ("In the Name of Tragedy", "Whorehouse Blues"). Maintenant un rythme toujours aussi régulier, Kiss of Death est déjà le quatrième album de la décennie et confirme le regain d’intérêt que présentent les compositions du groupe.

D’une part, Motörhead semble vouloir renouer avec le passé et sans se confronter à une direction esthétique originale, le combo parvient tout de même à raviver la flamme. Le speed "Sucker" revisite intelligemment l’époque Overkill / Ace of Spades (même si le refrain regarde davantage vers Accept), et les coups d’œil dans le rétroviseur s’avèrent tantôt très pertinents, comme sur le blues-rock musclé ultra-accrocheur "One Night Stand", tantôt plus anecdotiques ("Devil I Know"). Une bonne dose d’hard-rock’n’roll sera même offerte aux amateurs sur "Christine".

D’autre part, à l’image de son travail depuis plus d’une décennie, Motörhead maintient son navire à flot dans le courant du Metal et ambitionne parfois de se montrer assez lourd et intransigeant, comme pour rester au goût du jour ("Living in the Past", le jouissif "Be My Baby"), en allant taquiner avec succès les scènes les plus extrêmes sur le bien nommé "Kingdom of the Worm". En parallèle, le groupe se montre capable de mêler la mélodicité à la rudesse, agrémentant les titres de très belles lignes de guitare à l’image de "Sword of Glory" (avec des twin-guitars pour un solo intense) ou sur le tout aussi recommandable "Trigger". Des performances telles qu’on se montrera magnanime vis-à-vis de titres sympathiques mais peu imaginatifs comme le midi-tempo "Under the Gun" qui file l’image de l’arme à feu, ou le conclusif et véloce "Going Down". Preuve d’un album finalement assez varié, Motörhead s’essaye à nouveau au slow avec "God Was Never on Your Side", guitare acoustique, chant clair et claviers en prime.

Après un passage à vide, le trio infernal remet enfin le snaggletooth sur les rails après avoir fait chauffer la locomotive sur Inferno. Selon nous, il s’agit là du meilleur opus depuis que le groupe fonctionne à travers la combinaison Lemmy/Dee/Campbell et du premier témoignage de la nette amélioration de leur discographie dans leur fin de carrière.

À écouter : "Sucker", "Trigger", "Sword of Glory", "Kingdom of the Worm"