Meddle représente sans aucun doute parmi les fans la pièce maîtresse engendrée par le groupe anglais durant sa période d’expérimentations musicales. Une période de l’histoire de
Pink Floyd qui a déjà fourni l’extraordinaire (au sens étymologique du terme)
Atom Heart Mother et qui, avec cet album, défini le style
Pink Floyd tel qu’on l’utilise pour mesurer aujourd'hui la virtuosité des artistes de la même veine. Les plus concernés sont
Archive,
Younger Brother ou encore
The Pineapple Thief. Et ils font ainsi écho à
Meddle, lui donnant toute sa place parmi les œuvres majeures ayant influencé la musique des années 2000.
Meddle est donc un album culte. Culte à différents niveaux. Bien sûr, il y a sa popularité. Souvent cité (à l’époque et encore aujourd’hui), et malgré un succès commercial relatif, Meddle présente ce que le groupe savait faire de mieux : une pièce maitresse occupant une face complète de disque ("Echoes") et des titres un peu plus accessoires sur l’autre face. Ici, pourtant, ce sont ces morceaux plus chétifs qui occupent la face A pour faire d’"Echoes" le point d’orgue sur l’envers du disque. Mais cette popularité n’est que la conséquence d’une chose : Meddle est culte car révolutionnaire et représentatif d’un nouveau son, bien plus accessible pour les oreilles de l’époque que ne l’était Atom heart mother.
Et la magie opère dès "One of these days", l’autre titre phare, qui se développe progressivement jusqu’à cette séquence énervée, violente et frénétique, presque technoïde, qui intervient pour exprimer cette haine de Nick Mason envers un animateur de radio trop loquace : "One of these days, I'm going to cut you into little pieces". Ambiance. Heureusement, les morceaux suivant viennent calmer un peu les ardeurs du groupe. Guitare acoustique et sitar pour "Pillow of winds", tempo marqué par un rif de guitare acoustique et chant de footeux pour "Fearless", ou encore le très jazzy (?) "San Tropez" apportent au disque son lot de titres moins marquant, qui passeront plus facilement pour des morceaux bons, agréable à écouter, mais pas plus. Encore plus anecdotique, "Seamus" passe pour un morceau rajouté pour combler l’espace disponible dans les sillons du disque : Seamus, le chien du guitariste et ami du groupe Steve Mariott, chantant, s’il on peut dire, sur un blues typique de la musique noire-américaine. On se retrouve alors partagé entre l’envie de rire avec le groupe de ce canular discographique et la déception de perdre un peu plus de deux minutes à écouter quelque chose de presque inaudible. Alors rions deux minutes, et passons vite à "Echoes".
"Echoes", ou le monument, à lui seul, de toute la discographie du groupe. On n’y trouve tout ce que
Pink Floyd maitrise à merveille : psychédélisme et expérimentations ; choix habile des instruments oscillant entre synthétique, acoustique et électrique ; écriture parfaite en plusieurs parties telles une symphonie. "Echoes" déroule ainsi chacune des quatre séquences dans la plus grande cohérence et la plus grande harmonie, d’après le thème de la mer, où un sonar joué par un piano mouliné dans une cabine Leslie et des mouettes hurlant des effets de guitare s’expriment par leurs sonorités inquiétantes, presque fantomatiques. Un véritable bijou de musique, l’œuvre de toute une carrière pour un groupe en passe d’atteindre son apogée, quelques années avant la consécration commerciale.
Car il est bien entendu compliqué de parler de Meddle sans parler de l’ultime succès planétaire qu’à représenté The Dark Side Of The Moon et ses quarante cinq million d’albums vendus. Il est même assez rare de dissocier les deux, tant l’un découle de l’autre, donnant à Meddle une position forte de disque indispensable, offrant à l’auditeur son intelligence, son authenticité (le groupe ne cherchait pas encore à plaire indécemment à ce moment), et surtout sa vision génialissime de ce qu’allait devenir la musique, sitôt les dernières notes gravées surs la face B séparée de la tête de lecture par une étrange et agréable persistance auditive ...