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Critique d'album

Rivière


Sous le pont où Rivière braille


(30/10/2020 - Rhino Tossi Produzione - Rock progressif - Genre : Rock)
Produit par Josselin Rivière

1- Hélas, le puits est vermeil / 2- De mes mains son dos plissé de traces / 3- Heurts / 4- Les héros chez moi ont de l'humour / 5- Aux dieux succéda le vacarme / 6- Méphitiques rêveurs / 7- Sous le pont où Rivière braille / 8- Claque, oscille mais rira...
Note de 4/5
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Note de 3.5/5 pour cet album
"Un très beau disque de rock progressif français, entre Steven Wilson et Alain Bashung"
Nicolas, le 13/01/2021
( mots)

Par souci de transparence, nous vous signalons que cet album est l’œuvre de Josselin Rivière, ancien contributeur de l’équipe historique d’Albumrock (en particulier responsable Webcasts et Sélection).


Pas simple de s’attaquer à un album de rock français, d’autant moins quand on connaît personnellement l’auteur de l’œuvre et que l’on se doit de laisser toute notion d’affinité derrière la nécessaire prise de recul du chroniqueur. Pour autant, difficile également de résister aux atours de ce Sous le pont où Rivière braille, un premier album qui se pose comme une vraie réussite tant formelle qu’artistique.


Ici, c’est Rivière qui fait tout : il écrit, compose, arrange, chante, joue de tous les instruments, produit, enregistre et mixe, pour un résultat qui ferait pâlir nombre de professionnels plus expérimentés. Mention spéciale à la batterie, souvent le talon d’Achille des multi-instrumentistes mais qui ici se pose presque comme un point fort - techniquement parlant, à tout le moins -, une peu comme chez un Nicolas Demians qui d’ailleurs se fait bien rare depuis quelques années. Paru en 2017 dans une diffusion exclusivement numérique sur le net, Sous le pont… vient de ressortir fin 2020 dans une version physique remastérisée pour l’occasion et agrémentée de trois réinterprétations bonus bien senties. L’aspect visuel du projet a joui d’une attention toute particulière, comme en témoigne la photographie ou plus encore le clip du morceau titre, sélectionné dans divers festivals internationaux, dévoilant un univers poético-romantique urbain tout en nuances de béton, de poussière et de corps perdus.


Il y a chez Rivière une vraie filiation avec Steven Wilson dans ce rock progressif s’appuyant sur une matrice pop habitée et une toute petite touche de metal, de guitares racées en cordes oniriques, sans pour autant que l’on puisse parler de pâle repompe sans inspiration. D’abord parce que la langue française nous fait voyager dans un monde plus fantasmatique que la froideur désenchantée de l’anglais à lunettes, ici fait de divinités à la dérive et d’individus tourmentés mais épris de beauté et de liberté. On pense à Alain Bashung dans les tournures et les rimes, mais ce serait presque un lieu commun de s’arrêter à ce genre de compositions oiseuses, et force est de constater que l’univers artistique de Rivière vaut bien plus que la superposition de ses influences. Surtout on est assez sidéré par la maturité qui se dégage de l’ensemble : pour un premier album, Rivière frappe fort avec des compositions aussi réussies que fignolées et cohérentes, sans fausse note d’importance, ce qui laisse présager des choses bien agréables pour l’avenir. Exemple caractéristique avec “Heurts”, que l’on verrait bien sur un album de Porcupine Tree des années 2000, carrément.


Tout n’est pas parfait dans Sous le pont où Rivière braille, on pensera notamment à un chant qui pèche par manque de puissance et de rondeur, en particulier dans les graves : “Les héros chez moi ont de l’humour” a un peu de mal à s’imposer pour cette raison, et c’est dommage tant le titre séduit par la délicatesse de sa mélodie et la douceur de ses arrangements électriques. Ou encore à une entame qui ne constitue pas le point fort du disque : le duo “Hélas le puits est vermeil” - “De mes mains, son dos plissé de traces”, quoique réussi et bien à sa place, se fait éclipser sur la longueur par une œuvre qui monte en puissance au fil des sillons. Car c’est bien ça qu’il faut retenir : Hormis quelques petits accrocs facilement oubliables et corrigeables, on tient ici un artiste et un disque tout aussi attachants qu’intéressants.


L’album décolle véritablement avec “Aux dieux succéda le vacarme” (très beaux arrangements de basse, au passage) qui se laisse pénétrer par ce regard acide mais finalement aimant sur la société moderne, une approche chaleureuse que ne renierait pas un Big Big Train hexagonal, sans doute aussi parce que le titre, outre le fait d’introduire avec brio de jolies touches de violon, sait prendre des chemins de traverse savants et élégants. Autre approche, plus électronique et désenchantée (emploi très pertinent des samples vocaux), avec un “Méphitiques rêveurs” qui lorgne davantage sur l’éclectisme et la curiosité de Wilson, riche, varié, nous embarquant facilement dans son sillage. Mais le point d’orgue est atteint avec “Sous le pont où Rivière braille”, quintessence de l’album, tendu, fin, s’appuyant pour le coup sur des choix vocaux parfaitement dosés et à propos. Dès lors, le gai et léger “Claque, oscille mais rira” n’a plus qu’à conclure dans une fraîcheur presque bossa nova qui ajoute une couleur supplémentaire tout à fait saisissante à la palette de Rivière.


Sous le pont où Rivière braille est un premier album très réussi dont on ressort enchanté, un disque mûr doté d’une belle personnalité qui ravira les adeptes d’un rock aussi chiadé qu’habité et que les digressions progressives n’effraient pas. En espérant une mise en lumière sur des médias moins confidentiels que la simple sphère internet, car Josselin Rivière le vaut bien. Et rendez-vous en live “dès que la situation sanitaire le permettra”, comme dirait l’autre. Nous, en tout cas, on répondra présent.

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