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Critique d'album

Royal Blood


Back to the Water Below


(01/09/2023 - Warner - - Genre : Rock)
Produit par Royal Blood

1- Mountains at Midnight / 2- Shiner in the Dark / 3- Pull Me Through / 4- The Firing Line / 5- Tell Me When It's Too Late / 6- Triggers / 7- How Many More Times / 8- High Waters / 9- There Goes My Cool / 10- Waves
Note de 4/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Ne jamais se fier à sa première impression"
Nicolas, le 06/11/2023
( mots)

Cette critique en surprendra plus d’un, à n’en pas douter. Elle fait suite à un avis en première écoute guère enthousiaste, ponctué d’un petit 2 sur 5 et écrit en ces termes : “Franchement pas grand chose d'intéressant sur ce 4e opus qui se recentre sur ses fondamentaux après l'essai dansant de Typhoons. Le son est toujours là, la puissance et la technique aussi, mais mélodiquement parlant il n'y a plus grand-chose qui attire l'oreille. Une première écoute passablement ennuyeuse qui ne donne pas envie d'y revenir.” La sentence de Valentin enfonçait d’ailleurs le clou dans ce même sentiment de vide et de désintérêt.

Ne jamais se fier à sa première impression, telle pourrait être la leçon à tirer de cette revue du dernier Royal Blood.

Qu’est-ce qui fait que l’on s’intéresse à un groupe ou à un album en particulier ? Ou plutôt que l’on ne s’y intéresse plus ? Neuf fois sur dix, la réponse tient en un paramètre et un seul : l’album précédent. Faites l’expérience et vous verrez : si le prédécesseur n’a pas comblé vos attentes, il y a de fortes chances que vous traitiez le petit nouveau par le mépris. Or il est un fait que Typhoons n’a pas fait l’unanimité (même si votre serviteur a tenté envers et contre tout de le défendre), délaissant la rudesse et l’adiposité de la basse de Mike Kerr pour des sonorités et des rythmiques plus dansantes. Un tel renversement de valeur, à l’aune d’une troisième réalisation, veut quasi-systématiquement laisser entendre que l’inspiration de la formule originale s’est tarie, en clair que la paire Kerr-Thatcher n’a plus rien à dire - soupçons déjà  fondés sur un deuxième disque bien trop peu différent du premier - et qu’elle trompe son monde en allant explorer de nouveaux horizons. Ajoutons à cela l’attitude assez détestable de Kerr quand il a violemment vilipendé la foule à Dundee en mai dernier pour le manque d'enthousiasme manifeste de celle-ci vis-à-vis du set du sang royal, vidéo à l’appui, et dès lors on peut s’estimer ne pas être dans les meilleures dispositions pour découvrir un Back to the Water Below dont le premier tour de platine laisse surtout poindre un retour en arrière point de vue stylistique mais avec moins de percussion et moins de fougue. À partir de là, le couperet de la première écoute a tôt fait de tomber.

Et puis, et puis, les semaines passent, et tout de même on se dit qu’il serait dommage de ne pas octroyer à Royal Blood une critique en bonne et due forme sur Albumrock. Le duo le mérite bien, après tout, catapulté sauveur du rock anglais en 2014 quand son premier album a pris tout le monde à la gorge, quand bien même la suite a pu décevoir (How Did We Get So Dark, trop proche de son modèle, Typhoons, au contraire trop éloigné). Et là, un curieux phénomène s’est produit : débarrassé de toute attente positive et m’apprêtant déjà à tirer à balles réelles sur la paire de Brighton, je me suis rendu compte que Back to the Water Below n’était pas si nase. À l’écoute suivante, qu’il était plutôt pas mal, en fait. Et à la suivante qu’il tenait carrément la route, et voilà que l’album s’est mis à tourner en boucle et à se frotter à l’épreuve du temps, épreuve remportée haut la main. Sacrée surprise, mais comme elle est plutôt bonne, on ne va pas bouder son plaisir.

En fait, sur ce quatrième disque, Royal Blood, non content de se retrouver, a réussi à franchir un cap et à asseoir sa musique sur la durée, suivant par là-même la trajectoire des White Stripes ou des Black Keys quand ils se sont résolus à abandonner leur stricte formule en duo. Si Typhoons avait déjà invité quelques synthés sur le dancefloor (mais pas tant que cela en fait, réécoutez le disque et vous le constaterez), Back to the Water Below axe nombre de ses compositions sur le piano ou le clavier - il y en a sur presque tous les titres. Ceci en revigorant le son de sa basse - qui rugit et vrombit comme au premier jour - tout en mettant cette palette instrumentale au service de dix morceaux ramassés (à peine plus de trois minutes par tête pour trente minutes au total) et cent pour cent autoproduits. Le corollaire de cette concision est que chaque titre fonctionne à la perfection, à la fois direct et sans fioriture (même pour les moins énergiques), bien loin des bavardages assommants de bon nombre de coreligionnaires modernes ès rock n’ roll - Dave Grohl et Josh Homme, si vous me lisez. Mais chaque titre recèle également un niveau de détail et de fignolage assez effarant, avec en corollaire une finition au poil, de celle qui élève chaque pièce dans sa version définitive, à laquelle il n’y a plus rien à retrancher ni à ajouter, et ça c’est fort. Mais pour en revenir au style Royal Blood, on ne pouvait encore se départir vis-à-vis d’eux d’une espèce de suspicion de fossoyage, à la fois d’un héritage “stoner” (ajoutez autant de guillemets que vous voudrez) à la Queens of the Stone Age ou d’un art rock flamboyant à la Muse, un mariage qui à la base a eu tôt fait de hérisser les poils de nombre d’amateurs de rock - les adorateurs de Josh Homme et ceux de Matthew Bellamy étant rarement les mêmes. Eh bien ici on sent que le groupe a réussi à se détacher de ces deux encombrants mentors (avoués ou non) pour tracer un sillon qui lui est propre. Les riffs de Mike Kerr s’axent en effet nettement moins sur des contrastes graves - aigus quand son chant va moins racler les aigus sub hystériques. En résulte un rock qui lui est - j’allais dire “enfin” - propre, vraiment propre, ce qui n’augure que du bon pour la suite. Exemple type, assez emblématique dans son genre : "Shiner In The Dark", synthèse en forme de réinterprétation plus personnelle de nombre d'anciens tube passés.

Cette mue s’opère d’emblée sur un “Mountains at Midnight” en forme de rouleau compresseur mais dont les couplets laissent place à des arrangements futés (ces lignes boogie aiguës, grande classe). Et c’est là que l’on va rebondir sur ce qui m’avait fait tiquer en première écoute : la mélodie. La mélodie de l’ensemble tient en fait parfaitement la route, à condition qu’on l’écoute là où elle est, et ici dans la basse. Il est un fait que sur les émoluments musculeux de Royal Blood, le chant de Mike Kerr a plus valeur d’ornement que d’autre chose, car la vraie valeur musicale du duo - hormis une batterie toujours aussi musculeuse et pétaradante - tient dans sa quatre cordes et dans la redoutable science qui s’y voit injectée. Sur Back to the Water Below, c’est génial, au bas mot. Maîtrise rythmique, variations de textures, de tonalités, de points de vue, soli compacts et efficaces, tout est là et bien là, on a ici affaire à un rock d’une efficience rare. Écoutez “Trigger”, essayez de saisir tout ce qui se passe par la magie de la fée électricité, c’est dingue - et là on a en plus affaire à un air vocal particulièrement emballant.

L’affaire peut sembler se corser quand justement la basse se place en retrait au bénéfice d’un piano habité tandis que le chant reprend le lead mélodique, comme sur “Pull Me Through”, mais l’alliance de tous ces éléments, avec même quelques violons en arrière-plan, accouche d’une balade aussi sensible que percutante qui voit la quatre cordes se balader sans vergognes sur le terrain de chasse habituellement - et jalousement - gardé par les guitares. C'est un peu la nouveauté de ce disque-ci : le couple anglais sait maintenant se poser pour trousser des points de repos très bien fichus. “The Firing Line” n’est pas le moindre d’entre eux, mais on appuiera surtout sur un “How Many More Times” tout en instabilité qui réalise la quintessence de ce style enfin arrivé à maturité. Bien sûr Royal Blood n’en oublie pas de se montrer brutal (“Tell Me When It’s Too Late”, sursaturé) ou flamboyant quand il le faut (“High Waters”, grisant), mais il sait maintenant se faire caressant (“There Goes My Cool” aux petits accents à la Brian May) voire sentimental (“Waves”, réellement émouvant dans son dépouillement inaugural comme dans sa puissance finale). À trop vouloir chercher le tandem là où on l’attendait, on finit par le découvrir et l’apprécier là où on ne l’attendait pas. Quelle histoire, tout de même.

Au final, le revirement est total : non seulement Back to the Water Below n’est pas nul, mais il est même excellent. Imperméable à la lassitude, immanquablement constant, aussi varié que cohérent, il s’écoute avec plaisir des heures durant tout en démontrant l’intelligence de la paire Mike Kerr - Ben Thatcher, une paire qui, à ce compte là, risque fort de nous accompagner encore longtemps sur nos platines et dans les salles de concert. Honnêtement, à un tel niveau de qualité, on ne va pas s’en plaindre.


À écouter : "Mountains at Midnight", "Trigger", "Shiner In The Dark", "Pull Me Through"

Avis de première écoute
Note de 1.5/5
Rien d’intéressant ou presque sur ce quatrième album de Royal Blood. Les tentatives dance de Typhoons sont mises de côté, et on tente d’apaiser un peu la formule avec des influences blues et piano rock mais sans aucun charisme (“There Goes My Cool”, indeed). Une trajectoire de carrière semblable à Kings of Leon, bravo ...
Commentaires
Ad, le 12/11/2023 à 22:30
Une vraie renouveau qui leur va si bien. Un virage parfaitement ajusté, comme l'on fait les arctic monkeys l'année dernière. J'aimais bien les deux premiers albums de Royal Blood. Typhons beaucoup moins. Mais ce dernier album est un de mes albums de l'année.
Arnaud6940, le 08/11/2023 à 22:17
Et bien moi j'adore cet album qui en a plein la patate ! J'avais en effet été surpris par l'avis de première écoute sans trop comprendre les raisons. J'ai pris un agréable plaisir à lire votre mea culpa pleine de sincérité. Longue vie à Album Rock !