The Decemberists
The King Is Dead
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1- Don't Carry It All / 2- Calamity Song / 3- Rise To Me / 4- Rox In The Box / 5- January Hymn / 6- Down By The Water / 7- All Arise! / 8- June Hymn / 9- This Is Why We Fight / 10- Dear Avery
Avec The Crane Wife et The Hazards Of Love, The Decemberists nous avaient presque habitué aux concept albums ambitieux, où chaque chanson est une variation sur le même thème, où chaque morceau se développait sur la longueur, en deux, trois parties distinctes, bref, à de vraies compositions classiques où batterie, guitare, basse et violon remplaçaient l'orchestre symphonique. Alors forcément, à l'écoute de The King Is Dead, on ne peut réprimer une petite pointe de déception. Pourtant, le disque est bon, parfois très bon même. Mais ce n'est qu'un simple disque de folk rock teinté de country. Un objet où les titres s'enchaînent sans cette impression de construction réfléchie qui imprégnait les précédents. Avec The King Is Dead, The Decemberists nous livre un nouvel album entraînant, dépaysant, émouvant, bref un album grand public qui laisse le choix à l'auditeur : lui accorder toute l'attention qu'il mérite ou en faire un simple fond sonore sympathique.
On peut malgré tout trouver un fil conducteur à cet opus. Il est dans le titre "The King is dead", le roi est mort, vive le roi, festoyons et souvenons nous. Ainsi, l'album oscille entre des morceaux d'une simplicité joyeuse, imprégnés d'harmonica, de violon et de guitare folk, et de titres plus nostalgiques, où perce la mélancolie, les regrets, l'envie de retrouver des jours passés. Et cette fois, c'est vers le far-west, ses saloons et ses déserts que les Decemberists transporte l'auditeur. Impossible, à l'écoute de "Dear Avery" ou "Rise To Me", de ne pas imaginer le groupe sur la scène d'une vieille maison de bois, où de vieux cowboys matent la violoniste assise en tenue de cancan sur le vieux piano au coin de la pièce.
Pourtant, The Decemberists ne peut renier certaines de ses influences. "Rox In The Box" renvoie avec plaisir aux violons folk irlandais. Mais cette fois encore, c'est bien dans le tréfonds des Etats-Unis que l'album s'est ancré. Alors si on pense à l'Irlande, c'est avec l'image d'immigrés venus chercher fortune dans la ruée vers l'or, nostalgiques des verts paturages de leur île natale. "January Hymn" vient renforcer cette impression, maintenant l'auditeur dans cette douce nostalgie qu'on se plaît à éprouver, sans connaître vraiment son origine. Le talent des Decemberists se révèle toujours présent, la voix de leur chanteur accrochant l'oreille et le coeur pour ne plus les lâcher, ses textes contant et racontant sans jamais prendre le pas sur la mélodie. "Down By The Water", "Calamity Song", "Don't Carry It All", "This Is Why We Fight" (où l'on retrouve les guitares lourdes de The Hazards Of Love) narrent ainsi leurs histoires sur une musique d'une efficacité rythmique parfaite.
The Decemberists n'ont rien perdu de leur talent, c'est évident. Par contre, ils sont peut être devenu un poil fainéant. Comment expliquer, sinon, cette impression d'un petit album vite fait, bien fait ? The King Is Dead est un disque efficace, entraînant, divertissant, auquel on ne trouvera pas de faille. Pourtant, connaissant le talent du groupe, on espérait mieux qu'un petit repos sur ses lauriers. Allez, on va dire que c'était l'album de la récré, maintenant, on retourne en cours et on bosse un peu plus sur le prochain !