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Compte-rendu de concert

We Are Scientists


Date : 14/04/2023
Salle : Aéronef (Lille)
Première partie : Liz Lawrence
Mathilde, le 18/04/2023
( mots)

Neuf balles pour aller voir We Are Scientists, une première partie et une pré-première partie "tremplin rock", zéro balle si t'es abonné, ça sent pas le bon plan ? Il y a même des airs d'impro, de festivals (qui approchent), de spontanéité retrouvée ce soir à l'Aéro. Le plein vent déjà in your face quand tu gravis toutes ces marches qui mènent à la salle de concert haut perchée, et qui semblaient bien plus easy à gravir il y a quinze ans. Et puis toute cette foule de spectateurs, vraiment en mode famille (ça rappelle les bons vieux Sunday Happy Funday si t'es du coin) où le plus jeune a quand même l'âge de faire de la conduite accompagnée. Oui, un melting pot de profils d'amateurs de rock qui reprend pour de bons ses quartiers dans cet endroit mythique de Lille qui est un véritable lieu de vie musical, une couveuse régionale de talents, une maison (de quartier) tellement branchée. Tu choisis. En fait, même si on est sortis de la crise sanitaire depuis un moment, ce soir il y a une atmosphère d'insouciance à réinvestir l'Aéro qu'on connait pourtant bien déjà. Dans le sens de circulation qu'on veut, et tout.

On retrouve des ami(e)s de longue date, on s'installe tranquille, et déjà Liz Lawrence prend place derrière son synthé. Une Sinéad O'Connor qui n'en a que le physique, avec un genre de pardessus-blazer et un déhanché des années 80. La dame a par contre toute sa tête et tout son talent, et une solide formation musicale qui transparait à la première note émise, juste et franche. On n'est pas du tout obligé d'avoir poussé les études de la clé de sol ou d'avoir joué dans mille groupes avant de se produire, n'empêche que l'expérience est indéniablement audible ici, et qu'elle se laisse d'emblée apprécier. Une Jeanne Added anglaise qui a fait ses classes notamment en étant choriste chez les Bombay Bicycle Club ou Scouting For Girls.

Que c'est juste et que c'est bien fait. Si bien que patienter au bar devient plus longuet que d'habitude. "Drive", tiré de son dernier album The Avalanche, distille un rock tendu et précis. La voix fait tout le boulot à vrai dire, et même si Liz est seule, tout est là. Sur son premier album la chanteuse avait une tonalité plus folk, aiguë et flûtée, en mode gentille fille choriste et, telles Soko ou Emilie Zoé, elle laisse désormais apparaitre son (crâne) timbre, ses failles, sa voix grave, et ça lui sied parfaitement."None Of My Friends" (are ok) fait forcément penser à Del Rey sans ses prétendants et à Chryssie Hinde sans ses Pretenders. Une première partie première classe, façon pop dansante de la granny Smiths Morrissey des années 2000 (la pochette d'album de Pity Party de Lawrence ressemble très fort à Years Of Refusal de Moz).

Arrivent les chouchous américains du NME qui n'est ("était", non ? C'est quand même plus du tout sur papier ct'affaire) pourtant pas le dernier  magazine à défendre le patrimoine musical anglais. We Are Scientists, véritable territoire suisse du rock, qui ne balance d'aucun côté et ne revendique carrément rien. Un trio qui côtoie les sous-genres sans jamais s'y installer. Délicieusement neutres mais loins d'être fades, les new-yorkais ont une méga gouaille, avec des blagues, des fausses interviews et des trombines modifiées (avec du mauvais montage) qu'ils n'hésitent pas à mettre sur des réels. Ils avaient un peu dégommé le rafiot qu'était (le temps passe les amis) La Péniche il y a une grosse poignée d'années, ils reviennent en 2023 en territoire lillois avec leur décontraction habituelle.

WAS sont à la fin de leur tournée européenne pour leur dernier album Lobes et clament ne pas avoir resisté à l'envie de faire un (seul) saut en France à leur retour d'Allemagne. "Lucky Just To Be Here" ouvre le set, et tout le monde se sent effectivement bien chanceux. L'évènement affiche complet mais on a de l'espace et la salle bien à nous, comme à un concert privé. Les deux comparses Keith (Murray) et Chris (même leur duo rime bien) couvent l'audience de leur rock ni consensuel, ni condescendant. Ils prennent le pouls de la salle avec "Contact High" (un hymne au karma, voir leur tarot vendu au merchandising) et reviennent vite à leurs débuts le temps d'un "Nobody Move, Nobody Get Hurt" tout en percussions et en nostalgie. La mèche du frontman est toujours là quoique beaucoup plus blanche, et l'énergie est la même (on sent tout de même une fatigue de fin de tournée) avec cette belle guitare rose fushia, de marque Kramer (et non pas Kärcher). Les paroles "If you want to use my body, go for it !" sont scandées par le public. 

Neutre aussi la moyenne d'âge au pied de la scène, c'est à n'y rien comprendre tant c'est trans générationnel. Sans doute parmi eux des fans de la première heure (hypothèse vérifiée à la fin du set, avec des aficionados qui se reconnaissent et sympathisent d'emblée) du temps de l'album avec les chats (With Love And Squalor, 2005), et sûrement aussi des jeunes gens qui savent reconnaitre le talent du début des années 2000, puisqu' aujourd'hui, vingt ans après, on voit des groupes émergents reprendre la recette des grands frères. Diablement efficace en même temps ce dosage indie rock. Pas de temps mort, peu de solo, un chanteur beau et à la voix juste, un bassiste efficace et à la place cruciale et un batteur rigolard à son rôle de soutien. Alors le reste s'enchaine comme un rêve. Entre une démonstration de leurs connaissances en français (se limitant peu ou prou à "Jean Paul Belmondo"), une giclée de bière Ch'ti et une volonté d'arrêter le temps (sur "I Cut My Own Hair"), il n'y a même pas de pause WC négociable.

We Are Scientists n'a pas non plus une discographie irréprochable (et loin d'eux l'idée par ailleurs de performer leur genre rock) alors certains titres font un peu plus grise mine ("Nice Guys", "Turn It Up", "You've Lost Your Shit"), mais quand ils sortent l'imparable "Buckle" ou "The Great Escape" la salle est remise à flot et la satisfaction est complète. Le set a droit à un rappel de quatre titres et la communion indie rock (même pas empreinte de nostalgie, car le groupe est dans l'actualité et est bien portant) se finit par "Less from You" qui clame "I expected nothing less from you". Et c'est exactement ça, on a eu ce qu'on est venus chercher, un rock honnête, droit, fidèle à ses débuts et en même temps jamais dans sa caricature ni sa répétition. Evidemment on rêve d'un set acoustique (le groupe est fort a capella et pour faire des covers de ses propres titres) mais on est déjà bien repus. L'indie post-punk des millennials n'est pas mort, on n'est pas (encore) sur du revival (ouf). See you guys, au merch déjà, et ailleurs aussi. Même si c'est en Grande Bretagne puisque ce type de concert est quand même scientifiquement et définitivement anglo-saxon. Heureusement que la perfide Albion reste à portée de Manche.

Et merci l'Aéro de continuer à programmer ce genre de dates ! (To be continued)

 

Setlist de We Are Scientists:

- Lucky Just To Be Here

- 5 Leaves (?)

- Contact High

- Nobody Move, Nobody Get Hurt

- Operator Error

- Buckle

- Nice Guys

- Settled Accounts

- You've Lost Your Shit

- Inaction

- Cut My Own Hair

- Courage

- Turn It Up

- Text Book (?)

- Human Ressources

- The Great Escape

Rappel:

- Dinosaurs

- This Scene Is Dead

- Too Late

- Less From You

 

Pour d'autres chroniques sur le groupe:

https://www.albumrock.net/groupe-we-are-scientists-683.html

- le top 10 des titres de We Are Scientists

 

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