La série d'été Albumrock : #41 The Beatles
Pour occuper votre été, Albumrock vous offre cette année une série au principe assez simple : un rédacteur vous propose de découvrir ou de réviser un groupe plus ou moins culte en dix titres. Vous aurez droit à une sélection représentative qui vise à mettre en avant des morceaux par rapport à leur place dans le répertoire du groupe, sans toutefois renoncer à la subjectivité avec des choix parfois plus inattendus. Aujourd’hui, une sélection toute personnelle au sein du répertoire des Beatles.
10- "Octopus's Garden", Abbey Road - 1969. Rareté absolue, ce titre a été composé par Beatle Ringo (au cours d’une croisière). Au premier degré, il préfigure l’univers lysergique de Bikini Bottom, le décor dans lequel évoluera plus tard cet idiot délicieux de Bob l’éponge. Mais si l’on creuse un peu plus dans le sable jaune, le texte révèle combien Ringo en avait vraiment marre des Beatles (et de leurs querelles) au point de rêver d’aller vivre définitivement dans un monde sous-marin de carte postale. Les "effets spéciaux sonores" ont nécessité un verre de lait, une paille et un peu de souffle. Bloub.
9- "Helter Skelter", The Beatles - 1968. Il se raconte que Beatle Paul (dit aussi "le gentil Beatle") aurait inventé ici le heavy metal en réaction à une interview de Pete Townshend (qui n’était pas son ami). Il est également possible que, ce jour-là, le stagiaire préposé aux boissons dans les studios Abbey Road ait exagéré sur le temps d’infusion de la théière d’Earl Grey. Dans tous les cas, ce titre est totalement novateur et proprement atomique. Malheureusement, il n’inspirera pas que les amateurs de toboggans…
8- "The Fool On The Hill", Magical Mystery Tour - 1967. Chacun trouvera dans le texte la signification qui lui convient. Peu importe que le fou soit le sage ou que le sage soit le fou... En revanche, l’univers compte (très) peu de musiciens comme Beatle Paul, capables de tisser naturellement des mélodies aussi extraordinaires sans avoir l’air d’y toucher.
7- "A Day In The Life", Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band -1967. A mi-chemin entre l’intellectualisme des cadavres exquis et un vulgaire scrapbooking musical, le titre ne doit sa richesse (et peut-être même son existence) qu’à l’imagination proverbiale de George Martin qui parvient à assembler ce qui ne pouvait l’être pour délivrer une œuvre conceptuelle, historique et – surtout – cohérente.
6- "Help !", Help ! - 1965. In fine, il ne restera du rock des années soixante que le souvenir de certains musiciens intelligents. Et, quand on sait la suite de l’histoire des Beatles (marquée par des haines et des détestations éternelles), il fallait être un groupe drôlement fourni en matière grise pour penser à déjà appeler le monde "au secours" après seulement trois années d’existence. Un pur chef-d’œuvre de d’harmonies vocales et de clairvoyance.
5- "Here Comes the Sun", Abbey Road - 1969. Il n’y a que Beatle George pour définir en musique la nuance qui existe entre un soleil qui éclaire et un soleil qui illumine. En élevant son art vers la stratosphère, le guitariste aux grandes oreilles n’est pas loin de renvoyer ses "amis" Paul et John à leurs chères études.
4- "I Am The Walrus", Magical Mystery Tour - 1967. Il y a deux morses vraiment célèbres : un Américain (Samuel, inventeur du fameux code) et un Anglais (création délirante du dérangé Lewis Caroll). Même si Beatle John a toujours prétendu que son texte n’avait strictement (et volontairement) aucun sens (avant de se rétracter en affirmant en 1968 que le Morse n’était autre que Beatle Paul), il y a gros à parier que son titre fait référence au personnage de Lewis Caroll. Ce Morse incarnait alors, aux yeux des progressistes, les aspects les plus vulgaires du capitalisme. Il y a toujours une logique dans l’illogique. Et les époques sont peut-être faites pour se croiser sans fin. Goo goo g’joob !
3- "While My Guitar Gently Weeps", The Beatles - 1968. Cette seule chanson mérite que l’on pardonne tout à Beatle George, en ce compris ses délires orientaux enfumés et fantasmés ! Modeste et réservé, Harrison, incapable (selon lui-même) de délivrer un solo à la hauteur de sa création, invite son ami Eric Clapton pour poser des lignes mélodiques définitives. En ces temps anciens, Clapton était encore un guitariste rock (ce n’est que plus tard qu’il deviendra le Grand Ayatollah du blues académique emmerdant). En guise de royalties, Eric piquera l’épouse de son ami George. Il ne pouvait pas être question d’argent entre gentlemen…
2- "Blackbird", The Beatles - 1968. Tandis que Beatle John assemble les bruitages infâmes qui vont devenir l’insupportable "Revolution 9", Beatle Paul, seul en studio, pique une mélodie de Jean Sébastien Bach et "compose" une suite d’accords sur sa six-cordes. Cette suite deviendra un titre définitif de beauté mélodique qui loue la lutte d’Angela Davis en faveur des afro-américains. Minimalisme absolu : notes acoustiques, voix de Paul (parfois doublée), semelle d’une sandale qui frappe le sol pour rythmer le tempo et quelques vocalises chipées à un merle. Si Brian Wilson n’avait pas anticipé en publiant "God Only Knows" en 1966, il est possible qu’avec "Blackbird", Beatle Paul aurait placé ici un uppercut d’anthologie à son adversaire préféré. Mais on ne réécrit pas la chronologie…
1- "Strawberry Fields Forever" – single 1967. "Strawberry Field" (au singulier – le "s" a été ajouté parce que le mot sonnait mieux au chant) est un pensionnat anglais pour jeunes filles à l’aspect assez sinistre qui se trouvait à toute proximité de la maison où Beatle John a passé une période fort peu agréable de son enfance. La progression dramatique du titre en fait un chef-d’œuvre absolu. Sur "Penny Lane", l’autre face A du même single, Beatle Paul (que l’on a connu mieux inspiré) se contente d’aligner des platitudes.
Vous pouvez également écouter la playlist sur votre application préférée (Deezer, You Tube Music, Qobuz et autres) via ce lien : https://www.tunemymusic.com/?share=8swvr132zo4z