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Rock En Seine 2014


Matthew, le 29/08/2014

Vendredi 22 août: Pluie, Voyages et Singes de l'Arctique

Des guitares qui crachent


Les premières notes vrombissent déjà lorsque nous entrons dans le Domaine National de Saint-Cloud sous un ciel menaçant pour l’un des derniers rendez-vous musicaux marquants de l’été. Avec sa réputation grandissante et ses têtes d’affiche saisonnières excitantes, c’est avec délectation qu’on se rend à l’accueil presse de Rock En Seine pour retirer notre sacro-saint bracelet qui nous permettra d’accéder à l’espace VIP pour se restaurer, regarder ce petit monde s’agiter où même se soulager pour cause de bière trop rapidement ingurgitée. Une fois fin parés, nous nous dirigeons, premier rafraichissement à la main, près de la Grande Scène pour la fin du set de Cage The Elephant, qui ont pris la place de Volbeat pour cause d'annulation de dernière minute. Nous ne verrons pas assez de choses pour émettre un avis tranché, mais l’énergie primaire et la folie de Matt Schultz, gesticulant avec une couronne de roi sur la tête, auront sans doute valu le détour aux vues de l’acclamation d’un public déjà fortement présent en ce début d’après-midi.


Ni une, ni deux, nous nous hissons jusqu’à la scène Pression Live où les 4 suédoises de Tiger Bell nous livrent leurs furieuses chansons, punk jusqu’au bout de leur bottes et totalement délurées. Ca joue vite, fort, c’est concis et en même temps très décousu entre les hurlements de la bassiste, la forte voix de la chanteuse et la lourde frappe de la batteuse. Les filles s’offriront même le luxe d’une reprise du plus célèbre (et unique) tube de Plastic Bertrand, un "Ca Plane Pour Moi" (en français dans le texte s’il vous plait !) déjanté pour parachever de conquérir une assistance réjouie et amusée devant une telle débauche d’énergie. Si les amateurs de dentelle seront déçus par le manque de douceur du groupe, il y a fort à parier que les clients de guitares qui crachent, de bières et de rock’n’roll en auront eu pour leurs frais.

Sur le tarmac


Nous retraversons à nouveau le domaine à grandes enjambées pour assister au concert du trop rare Gary Clark Jr, qui déboule sous les coups de 17h avec une reprise de Robert Petway, histoire de nous mettre l’eau à la bouche. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la suite est de très bonne facture : les compositions blues-rock font leur plus bel effet et les longues tirades guitaristiques du mister et de son acolyte nous ramènent quelque part entre Hendrix et Cream au beau milieu d’un pub anglais. Les chansons sont cependant parfois un peu longues et l’on sent que le public, pourtant prêt à décoller, reste désespérément sur le tarmac. Peut être que le vol se fera pour de bon lors du prochain passage de mister Gary, mais c’est avec un étrange goût d’inachevé que nous nous dirigeons vers la scène de la Cascade pour assister à la promesse d’un hypnotique set de Wild Beasts.


Peut être aurait il été bon de nous préciser la dose : qu’est ce que nous avons pu bailler ! Les longues plages de sons programmés par ordinateur de synth-pop n’arriveront à nous transcender et à nous transporter que du côté de l’ennui. Tant pis pour nous. On fait un petit détour par la scène de l’Ile de France qui laisse place aux groupes de la région les plus prometteurs, mais de part sa petite taille, elle est très vite bondée et nous n’entendons que de loin le set de Camp Claude, et c’est avec regret que nous abandonnons la jolie Diane Sagnier pour retourner du côté de la Grande Scène pour écouter le nouveau protégé de Rick Rubin, Jake Bugg.

Retour vers le passé


Disons le tout de suite : mis à part ses traits angéliques et sa précocité (20 ans et deux albums à succès), le gamin de Notthingam a tout d’un grand. La tournée mondiale qu’il entreprend depuis la sortie de « Shangri-La » lui a fait prendre de la bouteille. On le sent plus à l’aise scéniquement, plus libéré, ce qui lui permet de conférer à ses (brillantes) chansons un aspect plus mordant. Ballades folks, titres rock, voix nasillarde mais puissante, c’est un véritable voyage dans le temps auquel nous sommes conviés et dans lequel nous nous embarquons sans une once d’hostilité malgré la pluie battante. Jacob se permettra même un déroutant "Voodoo Child" revu à sa sauce, nous prouvant en plus de son talent vocal une aisance guitaristique et un jeu absolument bluffant de concision et de virtuosité. Jake abordera une mine ravie, gouaille d’anglais et petit sourire en coin. En cette fin d’après-midi, toutes les personnes présentes n’avaient d’yeux que pour lui.


Encore sous le choc, on s’offre un rafraichissement et on assiste de loin mais avec curiosité au set des revenants Blondie. Chris Stein et les autres musiciens sont impeccables autour de Debbie Harris (qui ne ressemble plus vraiment à Debbie Harris) et le résultat est plutôt surprenant. Nous n’aurons malheureusement pas le temps d’assister au concert du prodige folk Hozier et nous retournons du côté de la Grande Scène pour un nouveau rendez-vous avec des suédois, cette fois-ci au nombre de 5, exclusivement masculin et abritant l’un des chanteurs les plus extravagants de ces dernières décennies: les Hives.

Un dernier verre pour la route


Si l’on devait résumer le rock’n’roll dans tout ce qu’il a de plus primaire et de plus déjanté, Howlin' Pelle Almqvist serait notre exemple le plus parfait. Gesticulant dans tous les sens, vociférant, haranguant la foule en anglais et en français, plus prêcheur que chanteur, il ne s’économise jamais et est suivi par un excellent backing band, de la férocité de la section rythmique aux entrechocs des guitares, jusqu’aux percussionnistes additionnels cagoulés et tout de noir vêtus. Les tubes s’enchainent ("Walk Idiot Walk", "Main Offender", "Go Right Ahead"), le point culminant étant atteint avec un "Tick Tick Boom" d’anthologie, allongé de 10 minutes pour un (trop) long speech de Pelle présentant tous les membres, finissant par faire asseoir puis lever une assistance déchainée. Un dernier titre, un drapeau français orné du célèbre « Liberté, Egalité, The Hives » récupéré, puis Pelle et ses acolytes quittent la scène après voir livré la prestation la plus rock’n’roll de toute la journée.


Sonnés, nous nous restaurons sans trop nous attarder sur Die Antwoord, groupe électro sud-africain peut être encore plus déjanté que les suédois, nous laissons plus loin Royal Blood (à grands regrets) et nous assistons au dernier concert de la soirée assuré par les Arctic Monkeys, première grosse tête d’affiche du jour et jouant probablement pour la dernière fois en France avant un petit bout de temps. Chanteur/guitariste crooner et gominé, Alex Turner semble fatigué par une tournée mondiale marathon mais livre avec Jamie, Nick et Matt un show impeccable, réglé au millimètre près, qui gagne en cohésion ce qu’il perd en spontanéité. La setlist est rodée mais jubilatoire, oscillant entre morceaux du dernier album ("Do I Wanna Know", "Arabella", "Knee Socks") et anciens tubes ("Dancing Shoes", "Teddy Picker"), avec en point d’orgue un "I Bet You Look Good On The Dancefloor" qui embrase Rock En Seine. Le groupe est devenu une machine de guerre et Alex Turner s’amuse de plus en plus avec son auditoire. Un rappel plus tard, les anglais nous achèvent avec une version allongée de "R U Mine", et quittent la Grande Scène en ayant totalement retourné votre serviteur, suiveur du groupe depuis toujours. Les singes de l’Arctique ont honoré leur réputation et ont achevé une dantesque première journée, excitante en tous points et dont on sait déjà qu’elle sera difficile à égaler.
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