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Critique d'album

Beck Bogert & Appice


Beck Bogert & Appice


(19/05/1973 - Epic - Hard Rock - Genre : Hard / Métal)
Produit par

1- Black Cat Moan / 2- Lady / 3- Oh to Love You / 4- Superstition / 5- Sweet Sweet Surrender / 6- Why Should I Care / 7- Lose Myself with You / 8- Livin' Alone / 9- I'm so Proud
Note de 4/5
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Note de 3.0/5 pour cet album
"On parlerait presque de supergroupe maudit, mais ce serait verser dans la superstition"
François, le 19/08/2023
( mots)

Rendez-vous manqué. En 1969, le guitariste génial Jeff Beck, déjà riche d’une carrière auprès des Yardbirds et d’un album solo, décide de former un combo avec Carmine Appice et Tim Bogert, alors que la mode des power-trios et des supergroupes commence à prendre forme – pensez à Cream, Blind Faith ou CSN&Y. Ces derniers étaient membres de Vanilla Fudge, un groupe psychédélique très heavy dont la dimension saturée ne peut qu’intéresser Jeff Beck : en 1967, l’année où il les avait rencontrés, ils avaient marqué les esprits avec "Keep Me Hangin' On". Les choses avancent bien tout au long de l’année 1969 mais un accident de voiture empêche le projet d’aboutir : Jeff Beck doit prendre le temps de s’en remettre puis forme le "Group" avec, entre autre, Rod Stewart (qui devait intégrer la première version du supergroupe) et Ronnie Wood. Il anticipe alors le hard-rock des années 1970 avec Beck-Ola, quand, en parallèle, Appice et Bogert fondent Cactus avec Jim McCarthy et Rusty Day, tous deux actifs dans la scène de Detroit.


Par un heureux hasard, en 1972, Cactus et le Jeff Beck Group décident de se séparer : une coordination des dates qui permet à Beck Bogert & Appice de voir le jour.


Interprètes plus que compositeurs, les membres du trio se font aider par des plumes aguerries, notamment le coproducteur Don Nix ou encore Raymond Louis Kennedy, ou s’emparent du répertoire d’autres artistes. À ce titre, le grand moment de l’album est sans aucun doute "Superstition". On qualifierait volontiers ce morceau de reprise de Stevie Wonder, qui l’avait sorti l’année précédente sur Talking Book, s’il n’avait pas été composé avec Beck lors de sessions organisées entre les deux musiciens qui s’admiraient réciproquement … C’est ce qui explique l’autorisation accordée à l’enregistrement de cette version peu de temps après l’originale, dans une mouture bien plus Heavy qui n’oublie cependant pas la touche funk initiale. Une réussite indéniable, rehaussée d’un solo final bruyant.


Attiré par les musiques afro-américaines, Beck propose aussi une reprise de Curtis Mayfield, qui était à l’époque au sommet de sa carrière dans un registre proche de Wonder. Néanmoins, c’est un titre bien plus ancien, "I’m So Proud" (paru en 1964), qui a été choisi : un slow mou du genou sans grand intérêt, qui signale la tendance (contestable) du trio à verser dans le slow de façon souvent convenue ("Sweet Sweet Surrender" à la Grand Funk, "Oh to Love You" plus proche de la British Invasion).


Cependant, Beck Bogert & Appice est avant tout un groupe de hard rock, qu’il puise à nouveau dans le funk ("Lose Myself with You") ou dans le blues sur le Heavy "Black Cat Moan" ou sur le plus sautillant "Livin’ Alone", un tube énergique qui évoque à nouveau Grand Funk et ZZ Top. La touche anglaise n’est pas négligée sur "Lady", assez proche de Cream, à la fois Heavy et garni de parties aux réminiscences psychédéliques (on soulignera le passé de Vanilla Fudge). On entendra même une version survoltée des Beatles sur "Why Should I Care". C’est fondamentalement dans ce registre qu’ils sont le plus accomplis, même s’il est de notoriété publique que cet album studio ne rend pas honneur à leurs prestations scéniques.


Car c’est sur les planches que le combo déploie toutes ses capacités, une tournée internationale leur permettant d'ailleurs de les dévoiler au monde (elle passe par le Japon où est capté leur album live). Des promesses qui partent vite en fumée puisqu’en 1974, Jeff Beck quitte le groupe alors qu’un deuxième album est en préparation : une conclusion qui donne à nouveau le sentiment d’un rendez-vous manqué avec l’histoire.


À écouter : "Superstition", "Black Cat Moan", "Livin’ Alone", "Why Should I Care"

Note de 4.0/5 pour cet album
"Un supergroupe éphémère qui nourrira d'éternels regrets au vu de son line-up"
Louis N, le 11/04/2012

En 73, l' ex-Yardbirds Jeff Beck a vu son ancien groupe accoucher du titan Led Zeppelin, et semble à son tour vouloir durcir un peu plus le ton de sa six cordes virtuose. Face à des concurrents incisifs et novateurs, Beck doit, pour prétendre siéger au panthéon du rock aux côtés de ses petits camarades Page et Clapton, mettre à jour un jeu remarquable en termes techniques, mais faiblard en comparaison des déchaînements de violence d'alors. Fini les riffs anémiques, place à la testostérone ! Décidé à mener à terme son incartade en territoire hard rock, l'homme aux doigts d'or contracte donc une alliance outre-Atlantique avec les membres de la section rythmique de Cactus et Vanilla Fudge : Carmine Appice à la batterie et Tim Bogert à la basse. Un duo de haut vol, qui n'a rien à envier à la paire Moon/Entswistle, ni même à l'équipe Bonham/Jones. La collaboration entre les trois hommes était dans les cartons depuis 1970, époque à laquelle le projet n'avait pu aboutir. Ainsi naît, pour un unique album éponyme, le side-project Beck, Bogert & Appice. Inspiré par la furie du Zep, mais également soucieux de montrer que d'autres sont capables d'injecter au blues l'énergie râpeuse du hard rock, le trio se livre ainsi à une démonstration de force injustement oubliée par les années.

 

La formation "power trio" ouvre de vastes espaces devant chaque instrumentiste, qu'aucun n'hésite à occuper pleinement. Assez secondaire, le chant est assuré par chaque musicien (principalement Appice). Pourtant, BBA ne cède pas aux sirènes de l'étalage technique, et fait preuve au fil de l'album d'une retenue exemplaire. Beck et consorts ouvrent les hostilités avec "Black Cat Moan", un blues-rock au son crasseux composé par le producteur de l'album, Don Nix. Son riff classique est pimenté par les envolées discrètes de Goldfinger, qui ponctue chaque phrase musicale au vibrato. Conclu par un solo plein de maîtrise et de sobriété, le titre laisse entrevoir la qualité majeure de l'album : un son brut, épais, canalisé par l'expérience et la technique sans faille du trio. Suit l'imparable "Lady". Bien proportionnée, l'amazone tient son charme d'un équilibre subtil entre chœurs aériens, riff aiguisé et solos foudroyants. Peut-être simplette ("I love you, love me too, I need You"), la bougresse est cependant parée des plus beau atours. Pour apprêter la belle, Bogert brode sur ses cordes les plus fines dentelles, tandis que l'orfèvre Appice sculpte au triolet le bronze de ses cymbales. L'inventivité de Jeff Beck combinée à la richesse rythmique de sa composition confèrent à la naïade une fraîcheur toujours renouvelée, si bien que l'on reste médusé par cette beauté fatale.

 

Hélas, les trois comparses laissent retomber la température le temps d'un slow plutôt daté. Sans être pendable, notamment grâce à ses harmonies vocales, "Oh to Love You" brise le dynamisme insufflé aux premiers titres par le jeu infernal des trois lascars. Ces derniers s'enlisent sans véritable conviction dans ce qui semble être un passage obligé pour l'album. Le morceau manque de tenue et somnole sans décoller, gentiment bercé par claviers et violons. La sieste n'est dérangée que par un solo de guitare clean gracieux, suivi de loin par une basse distraite. Après ce léger raté, une reprise explosive de "Supersition" relance la machine BBA, qui, dès lors, se révèle implacable : la frappe lourde d'Appice donne la cadence à une mécanique vrombissante, huilée par une basse saturée. Le duo basse/batterie est à son apogée. Cordes et fûts sont martyrisés par les deux diables yankees, qui déroulent façon Bulldozer un tempo chaloupé, truffé de soupirs et de contre-temps. Quel groove ! Dans un registre qu'on ne lui connaît que trop peu, Beck trempe les mains dans le cambouis d'une distorsion salissante, jusqu'à faire exploser le titre de Steevie Wonder sous la pression d'un solo ébouriffant.

 

Mais patatras, revoici la guimauve ! "Sweet Sweet Surrender" se traîne laborieusement vers des refrains qui frisent la niaiserie et des solos anecdotiques. Malgré les efforts de Bogert pour sauver ce titre mollasson, l'ennui et l'agacement provoqués par ce morceau "too much" l'emportent rapidement. Les slows ne réussissent décidément pas à BBA. Le retour à un registre plus punchy s'avère ainsi salvateur. Sans être exceptionnel, "Why Should I Care" a le mérite de remettre les pendules à l'heure après le flottement gênant du trio. On retrouve un son dense, porté par la basse caoutchouteuse de Bogert et la puissance d'Appice. En dépit de l'énergie déployée par le binôme rythmique pour l'étayer, le riff de "Why Should I Care" est marqué au sceau de la banalité. Beck à beau se démener en solos suraigus pour masquer l'insuffisance du thème, rien n'y fait : le tout, bien que sympathique, n'est pas assez viscéral pour retenir durablement l'attention.

 

Trop talentueux pour se contenter d'une adhésion partielle, Beck, Bogert & Appice sonnent enfin la révolte avec "Loose Myself With You". Menée tambour battant sur un rythme binaire aussi percutant que le "Scumbag Blues" de Them Crooked Vultures, la charge emporte tout sur son passage. Alors que Bogert déboule en pleine mêlée sabre au clair, Beck lance à l'assaut les vagues de sa pédale Wha. La cavalcade n'est arrêtée que par les refrains, pauses salutaires dans cette course haletante. Du même tonneau qu'"Immigrant Song", ce morceau est avec "Lady" et "Superstition" l'un des sommets de l'album. Après son ouverture aux faux airs d' "Heartbraker", "Livin' Alone" retombe sur un bon vieux chabada des familles. Laissant libre cours à sa fantaisie, BBA se balade sur un schéma blues qu'il investit pleinement. Le style élégant et sophistiqué de Jeff Beck trouve un bon terrain de jeu sur ce morceau à chorus. En dehors de prouver au monde, s'il en était besoin, que les trois musiciens connaissent leurs classiques et savent s'amuser, "Livin' Alone" apporte peu à  l'album.

 

Mais comme on dit chez Peugeot, jamais deux sans trois. Un ultime slow, "I'm so Proud" achève l'album sur une touche langoureuse et soporifique. N'en jetez plus, on a compris ! Le genre « ça se danse pas, ça se masse » plombe encore une fois l'album. L'idée de conclusion du morceau était pourtant bonne : sonnant comme un Creedence, elle aurait mérité d'être plus développée. Bis repetita, le titre n'a rien de scandaleux, mais s'étale sans justification. Triste final que cette énième version d'un morceau de Mayfield déjà entendu cent fois.

 

Feu de paille dans l'histoire du rock, ce "supergroupe" éphémère nourrira d'éternels regrets au vu de son line-up et de quelques-uns de ses titres. Pourtant très bref, puisque seulement constitué de 9 pistes, Beck Bogert & Appice s'avère néanmoins d'une inégalité frappante. Si cet aperçu révèle une certaine inconstance, il est loin d'éteindre la curiosité inspirée par le météore BBA, qu'on aurait aimé voir brûler le temps d'un album supplémentaire dans les cieux du hard rock.

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Commentaires
DanielAR, le 19/08/2023 à 14:28
Evitons effectivement le mot "malédiction" ! Parce qu'être superstitieux porte la poisse, c'est connu. Mais il faut bien admettre que Jeff Beck restera un "guignard" de légende. Peut-être pas assez retors, pas assez calculateur, trop "bon copain", ... Il a à peu près loupé tous ses virages alors que du trio infernal Clapton-Page-Beck, il semblait le plus naturellement doué.