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Critique d'album

Ringo Starr


Rewind Forward


(13/10/2023 - - Légende - Genre : Pop Rock)
Produit par

1- Shadows on the Wall / 2- Feeling the Sunlight / 3- Rewind Forward / 4- Miss Jean
Note de /5
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Note de 3.0/5 pour cet album
"When You Wish Upon A Starr…"
Daniel, le 28/12/2023
( mots)

Où le chroniqueur se dit qu’une vie tient finalement à peu de chose

Lorsqu’il était enfant, personne n’aurait parié un penny sur la survie de Richard Starkey. Il a passé l’essentiel de ses jeunes années loin de l’école, confiné dans des hôpitaux misérables où ses rares camarades de chambrée le surnommaient Lazare (1). Un préambule digne de Charles Dickens.

Pire encore, personne n’aurait, par la suite, parié un autre penny sur les aptitudes musicales de Richard (bientôt Ringo) Starkey (bientôt Starr) qui se définissait lui-même comme un gaucher contraint de jouer des beats simplistes sur un matériel d’occasion conçu pour un droitier.

Une incompétence et un hasard (2) vont faire la différence.

Une incompétence : Ringo, à force de jouer à contrepoil, a en effet développé une science inédite du "fill" sympa. Une façon comme une autre d’occuper l’espace sonore. Et une approche de l’instrument parfaitement dans l’air de ce temps qui vivait une transition urgente entre le skiffle old school et le rock tout neuf, fraîchement débarqué des USA.

Un hasard : le 16 août 1962, Ringo est adoubé par Brian Epstein qui, à la demande de John, Paul et George, vient de virer (non sans mal) l’improbable Pete Best (3). Pour l’anecdote, Ringo, jugé "incapable de jouer" par George Martin, sera à son tour remplacé par un batteur de studio pour les premiers enregistrements du groupe.

Vexé, le bonhomme s’obstine. Et, par la grâce du rythme, le rock donne vie à Ringo Starr. On passe de Charles Dickens à Mary Shelley…

C’est Ringo Starr qui va donner une identité et un premier prénom au "batteur de rock".

Aujourd’hui, ça parait évident. Parce que l’histoire est écrite. Mais, méditez un peu sur la question suivante : qui (à part certains encyclopédistes psychopathes) se souvient, par exemple, du nom du batteur qui officiait chez The Animals ou autres Them, Kinks, Byrds, Shadows, Dave Clark Five, Hollies, Herman’s Hermits, Zombies, … ?

Avec son drumming de fausse patte autodidacte, Ringo est parvenu à s’imposer dans un quatuor comptant trois génies qui auraient pu chacun absorber toute la lumière. Performance, non ?

Sans un Ringo pour rendre sexy le fait de marteler des peaux, le batteur serait resté cet être primitif et anonyme qui tape sur un tambour dans l’ombre du chanteur et/ou du guitariste. Et il n’y aurait pas eu de Keith (Moon), de Charlie (Watts), de John (Bonham), de Ian (Paice), de Lee (Kerslake), de Bill (Ward), de Peter (Criss), de Carl (Palmer), de Phil (Collins), de Nick (Mason), …

Rien que pour ça, Sir Richard Starkey mériterait une statue dans chaque capitale du monde rock civilisé. Même si, batterie mise à part, sa contribution musicale aux Beatles relève de la portion congrue : "Don’t Pass Me By" et le foutraque "Octopus’s Garden". Il a aussi prêté sa voix à "With A Little Help From My Friends", "Yellow Submarine", "Good Night" ...

Pas de quoi publier un album commémoratif.

Où lecteur murmure "Certes, mais alors ?"

Mais alors ? Je l’ai déjà écrit deux cents fois (au moins) : les encyclopédies du futur ne retiendront de la musique du Diable qu’une formule lacunaire : Rock : n.m. - Musique américaine de danse au rythme binaire, popularisée par le groupe anglais The Beatles durant les années 1960. Point.

Il ne restera que le souvenir des quatre Liverpuldiens.

Alors, peut-on juger de l’importance historique de la parution de deux vrais titres des Beatles en l’an de grâce 2023 ?

2023 ! 66 ans après "la" rencontre.

En 2023, il y a eu "Now And Then" (4). Les peigne-culs et les fesse-mathieux pourront pester tout leur saoul, ils ne m’empêcheront pas de pleurer de bonheur chaque fois que j’écoute ce single en vrai vinyle (5) avec des petits copeaux de chocolat sixties et seventies dedans.

Et il y a "Feeling The Sunlight" sur le EP Rewind Forward (6). Un titre signé Paul McCartney.


La section rythmique la plus légendaire du rock est recomposée. Sir Richard au chant, à la batterie et aux percussions et Sir Paul aux chœurs, à la basse, à la guitare, aux claviers et à la cithare. Et c’est un pur petit plaisir coupable puisque le bassiste gaucher se la joue clairement Brian Wilson pour composer une ritournelle chorale à la Beach Boys, illuminée par le chaud soleil de Californie.

C’est tellement régressif que je ne l’écoute qu’en serrant Klaatu (mon doudou cyclope vert) dans mes petits bras...

C’est juste moi
Je viens voir
Si tout le monde va bien
Si tout se passe pour le mieux
Dans un partage d’amour

Hé toi
Oublie vite cette pluie
Sèche-toi
Ne te plains pas
Tout va bien
Tout est chouette
Quand on partage l’amour
Et que l’on sent la lumière du Soleil
Dans les airs
La lumière de Soleil
Partout où l’on se trouve
Parfois tu dois admettre
Qu’il faut lâcher prise
Peace and love (7)

Où le lecteur grommelle "Oui, mais encore…"

Mais encore… rien.

Et c’est évidemment là que le bât blesse. Rewind Forward ne compte que trois autres titres dont il faut éliminer l’abominablement générique "Miss Jean" (même Chuck Berry n’en aurait pas voulu en face B d’un de ses singles à deux balles).

Il reste une plage titulaire, relativement audible, et "Shadows On The Wall" qui, malgré la présence de Steve Lukather (composition et guitare), ne peut être qualifiée que de ritournelle sympathique.

Mais, pouvait-on attendre plus et mieux du batteur rock retraité le plus paresseux de la planète.

Oui, c’est très maigre…

Où le lecteur s’interroge "A quoi bon, alors ?"

Se réjouir à l’idée toute idiote d’entendre les mots "Peace and Love" peut paraître pusillanime durant ces années 20 où le monde semble basculer dans un délire mortifère. Trop de degrés au thermomètre, trop de fachos dans les parlements, trop de virus dans l’air, trop de bombes balancées sur des misérables, trop de gamins qui crèvent de faim, trop d’eau, trop de sécheresse, …

Se remémorer un slogan n’est pas une attitude nostalgique. Les petits rockers qui chantaient jadis la paix et l’amour vivaient aussi dans un climat de guerre, de famine, de pollution, de répression, de menaces nucléaires et autres conneries létales. Finalement, les temps changent mais les espoirs (un peu vains) de bonheur n’évoluent guère. Et ce sont deux vieux musiciens (81 et 83 ans au compteur) qui nous font le plaisir de nous rappeler que chacun entretient l’espoir qu’il mérite. Au cas où il y aurait encore un peu de place pour le bonheur.

Et ça ne dure que trois minutes. Un format idéal pour un rituel de téléchargement. Quitte à écouter des extraits musicaux diffusés par des oreillettes pourries au départ d’un téléphone inféodé à un algorithme, autant que les mots sonnent juste, non ?

Peace and love, people ! Happy New Year !


(1) Celui qui, par la volonté de Jésus, est revenu d’entre les morts pour finalement inspirer un David Bowie en phase terminale de vie.

(2) Personnellement, je ne crois pas au hasard mais la légende est plus belle ici quand elle est racontée comme ça.

(3) Après avoir vainement tenté de remonter sur les planches, l’homme le plus malchanceux du monde abandonnera son drumkit pour rater un suicide puis se reconvertir dans la boulange. C’est que l’histoire paye mal ses héros malheureux : il n’y aurait en effet jamais eu de Beatles si Mona, la brave mère de Pete, n’avait pas abrité les débuts des Quarrymen dans sa grande maison miraculeusement gagnée au tiercé…

(4) Comme disait ce brave Oncle Fétide de la Famille Addams (je cite de mémoire) : "Les enfants, qu’est-ce que vous diriez d’aller jouer à déterrer les morts ?" Chacun sa bêche, chacun sa pelle… Il est à noter que le single ici exhumé comporte « Love Me Do » en face B, dans la version de Ringo Starr et non dans celle d’Allan White, le batteur de studio recruté en son temps par George Martin.

(5) Je remercie avec ferveur les Dieux du rock de nous avoir cette fois épargné un abominable et indécent bidouillage à la Jeff Lynne.

(6) "Rembobine en avant" est une expression probablement préfabriquée mais typiquement Starrienne dans l’âme. Elle est construite selon la même logique illuminée que "Hard Day’s Night", par exemple.

(7) "Peace and love" est le mantra de Ringo Starr. 

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