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Critique d'album

Everything Everything


Raw Data Feel


(20/05/2022 - Infinity Industries - Art rock - Genre : Pop Rock)
Produit par

1- Teletype / 2- I Want A Love Like This / 3- Bad Friday / 4- Pizza Boy / 5- Jennifer / 6- Metroland Is Burning / 7- Leviathan / 8- Shark Week / 9- Cut UP! / 10- HEX / 11- My Computer / 12- Kevin’s Car / 13- Born Under A Meteor / 14- Software Greatman
Note de /5
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Note de 3.5/5 pour cet album
"Indie-Art-Pop-Rock !"
Mathieu, le 14/09/2022
( mots)

Voilà un groupe qui n’a pour l’heure, et à tort, encore eu la chance de trouver sa place au sein de la ligne éditoriale (des plus riches !) de notre Webzine préféré. C’est de ce fait, que dans la famille des groupes paliliques, autour d’autres Duran Duran, Django Django, Talk Talk, Pony Pony Run Run (et j’en passe), que je me permets ici de combler ce manque et d’introduire avec honneur les Everything Everything, surprenant quatuor d’art rock originaire de Manchester en activité depuis... 2007 !


Tenant sa modeste renommée depuis un bon moment en Angleterre et ne faisant comme bien souvent pas mouche de notre côté de la Manche, notre petite troupe propose en cette année sa sixième production studio depuis son coup d’essai de 2010. Sans rentrer dans une biographie détaillée contant une énième rencontre sur les bancs d’un lycée Briton, contentons-nous plutôt ici d’une brève description chronologico-artistique pour faire connaissance avec nos quatre musiciens en tant que collectif, dont le nom a été inspiré par le titre introductif de Kid A, disque d’un - lui aussi - modeste groupe de rock britannique (qui vaut selon les dires son pesant d'or). 


Après s'être fait les dents sur deux albums assez irréguliers, mais présentant chacun quelques pépites non discutables (allez de ce pas écouter “Qwerty Finger” du premier disque et “Don’t Try” du second), le quatuor Mancunien, toujours ancré dans une démarche retro-futuriste, a accouché en 2015 de ce que l’on pourrait considérer comme son “Magnum Opus”. Get To Heaven, leur troisième production, déborde en effet de tubes indie-art-pop-rock délectables (“Distant Past”, “Regret”, “Sprint/Sun/Winter/Dread”, “No Reptiles”, indispensables !), et celui-ci est toujours considéré comme LE grand moment des Everything Everything, souvent cité comme référence lorsqu’il s’agit de s’y frotter.  


S’en sont suivi deux disques de bonne facture, toujours ornés de très bon titres (“Can’t Do”, “A Fever Dream”, “Lost Power”, “Violent Sun”) allant pour le premier faire un pas de plus vers les expérimentations sonores, à la Radiohead dira-t-on (vous l’avez cette fois ?), justifiant les quelques incursions électroniques, avant de se rabattre sur une pop-rock plus aérienne avec RE-ANIMATOR en 2020 (qui le rendra un brin moins mémorable). 


En vous penchant sur ce semblant de chrono-top 10, vous constaterez  qu’Everything Everything coche finalement la case du groupe en constante évolution, toujours à la recherche de nouvelles sonorités et de nouveaux concepts pour aborder un style pourtant caractéristique. Tout cela est bien beau, mais après la lecture de cette brève introduction, il doit vous être encore ardu de positionner le groupe au sein du paysage musical actuel. Lançons-nous donc !


Pour se laisser pleinement porter par le paysage sonore construit par nos quatre musiciens, il faut indiscutablement ne rien avoir contre le rock anglais. Car bien implantés dans ses racines britishs, Everything Everything a su s’inspirer avec finesse de l’émulation environnante de sa scène locale pour construire son leitmotiv si singulier. C’est donc avec goût et caractère que le groupe remanie les rythmiques de guitares Foalsiennes en palm-mute, un sens de l'indie pop song sucrée à la Bombay Bicycle Club, un groove irrésistible façon Django Django, un côté intello empruntés à nos chers amis de chez Radiohead (encore eux ?) et une bonne dose de fun Franz Ferdinand-esque. Ajoutez à cela la cerise sur le gâteau, la voix de tête à couper au couteau du frontman Jonathan Higgs, sur le fil et tout en maitrise (il en est de même en live contrairement à ce que l'on pourrait penser), véritablement indissociable de l’identité du groupe. Convaincus ?


Cela dit et après avoir fait brève connaissance avec nos quatre acolytes, intéressons-nous tout de même de plus près à cette sixième production studio, car mine de rien, c’est encore un ensemble pertinent (et de 14 titres, rien que ça) qui nous tombe entre les mains cette année. Après la pop légère de RE-ANIMATOR, c’est ici deux versants qui viendront se partager la vedette. Et c’est dans cet enchevêtrement de deux dimensions tout aussi ostensibles que complémentaires, que réside toute la force de ce Raw Data Feel, tenant (à un poil) l’auditeur en haleine d’un bout à l’autre. 


Raw Data Feel... Arrêtons-nous justement un instant sur cet intitulé pour saisir toute l’essence des deux univers mis ici bout à bout. L’artificiel et l’organique, l’émotion et la machine. Puisse-t-on nous imaginer qu’un jour, tout être artificiellement programmé sera en mesure de ressentir une quelconque once d’émotion ? Leur comportement sera t-il à jamais intrinsèquement défini par une succession logique de commandes algorithmiques ? Car finalement, tout sentiment, qu’importe soit-il, repose sur une activation logique d’un réseau neuronal... Sans percer ce mystère qui constitue tout de même l’un des plus grand challenge futur des sciences cognitives, Everything Everything va ici parvenir avec brio à faire cohabiter artificiel et organique, combinant compositions algorithmiques et fibre émotionnelle. 


Higgs s’est justement jeté sur l’intelligence artificielle pour tenter de retranscrire ses émotions et puiser l’inspiration nécessaire à la construction d’un nouveau long format. Sachant cela, ce nouveau cru s'ouvre sans surprise sur ce qui semble être une boucle synthétique générée aléatoirement par ordinateur. En véritable fil rouge, cette méthode de composition viendra s’éteindre sur le conclusif “Software Greatman”. L’électronique et les diverses bidouillages domotiques seront omniprésents tout du long, mais restent d’autant plus palpables sur les quatre premiers titres, comprenant les plus dansants que le groupe ait pu composer. L’irrésistible single “Bad Friday” et son refrain doublé à la quinte ainsi la basse groovy de “Pizza Boy” (aux paroles tout de même pas très originales... Pepsi ou Coca ?) prennent tous leurs sens ornés de de cette patte arty futuriste. Débordant de ces fameuses ornementations électroniques, blindées par des synthés colorés et des beats caractéristiques (“I Want A Love Like This”), Higgs arbore fièrement sa voix de tête, toujours placée à la perfection. 


Ne vous attendez pas à retrouver ici de grosses guitares saturées. Celles-ci sont employées avec parcimonie, mais tombent toujours à pic lorsqu’il s’agit de glisser un riff léger et sautillant. En véritable adéquation avec le lot de petites pop song sucrées très agréables, les guitares se laissent apprécier avec mesure et constituent un véritable contraste avec l’ensemble artificiel imposé par le thème d’ensemble (le voilà le fameux côté organique). La balade solaire “Jennifer” dont le riff principal n’aurait pas déplu à un certain Robert Smith précède l’enchainement sublime des délicats “Metroland is Burning” et “Leviathan”, sur lequel l’influence d’un certain quintet d’Oxford est palpable (je vous laisse deviner lequel). Le romantique “Kevin’s Car” et le contemplatif "Born Under A Meteor" viendront compléter la liste des down tempos de ce disque, quoiqu’un peu en dessous de ceux précédemment cités.


Malgré un risqué mais décevant détour par le hip-hop intervenant à mi-parcours où le synthétisme est poussé à son extrême (on adhère, ou pas, avec “Cut UP!” et son refrain pas des plus inspiré et “HEX” et son mélange hip-hop électro un peu poussif), l’ensemble se révèle tout de même de bonne facture. Sans atteindre l’originalité d’un Get to Heaven, et où l’on regrettera l’absence de titres plus aventureux, Raw Data Feel, mi-clubber, mi rêveur, peut très bien constituer une porte d’entrée plus sage et aérienne dans l’univers décalé d’un groupe qui mérite définitivement le coup d’oreille attentif. Ne vous laissez pas berner par cette apparence parfois mainstream, c’est avec sensibilité et intelligence, une tracklist équilibrée et un mixage impeccable, jouant entre modernité et authenticité, que notre quatuor d’Oxford ajoute avec Raw Data Feel encore une belle pièce à sa discographie, qui, vous l’aurez compris, vaut la peine que l’on s’y attarde. 


 


A écouter : "Bad Friday", "Jennifer", "Leviathan"

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