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Critique d'album

Grian Chatten


Chaos for the Fly


(30/06/2023 - Partisan - - Genre : Rock)
Produit par

1- The Score / 2- Last Time Every Time Forever / 3- Fairlies / 4- Bob's Casino / 5- All of the People / 6- East Coast Bed / 7- Salt Throwers Off a Truck / 8- I am SO Far / 9- Season for Pain
Note de 4.5/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"L’étincelant coup de panache de Grian Chatten"
Mathieu, le 20/07/2023
( mots)

Grian Chatten n’est pas du genre à jouer les cachotiers. Le leader des brillants Fontaines D.C. nous laisse effectivement entrevoir depuis ses débuts son ouverture artistique et sa volonté de ne pas voir son groupe rester cantonné à l’étiquette post-punk abrasive qui a su fait leur succès avec Dogrel. Ont ainsi été intégrés au répertoire des Irlandais bon nombre de titres mélancoliques (“Dublin City Sky” sur Dogrel, “Oh Such A Spring” et “Sunny” sur A Hero’s Death), dévêtis de ce halo tendu et électrique qui aura su rallier une flopée d’afficionado-as de gratte saturée. En 3 albums, Chatten n'a parallèlement cessé de reconsidérer sa façon d'aborder l'exercice périlleux du chant, explorant les différents timbres à sa portée. Nous soulignions lors de la sortie de Skinty Fia le travail considérable fourni à ce niveau, l’intéressé jonglant avec aisance entre sa facette sombre et captivante et des aigus piquants bourrés d’éloquence. “Big Shot", "Bloomsday" et surtout l'épuré "The Couple Across The Way" laissaient de ce fait entrevoir cet intérêt de plus en plus prononcé pour la chanson et les mélodies.


Un peu plus d’une année plus tard, Chaos For The Fly vient donc se poser comme l’aboutissement d’un processus mûrement réfléchi, l’exercice solo permettant d'assumer pleinement la douceur rugueuse d'un folk rock orchestral et scintillant, sans faire subir un virage à 180 degrés à sa formation d’origine (coucou Alex Turner...). La voix grave et délicieusement granuleuse de Chatten, mise une fois de plus en valeur par Dan Carey, peut ainsi se balader avec aisance et versatilité sur ces 9 pistes aux ambiances bigarrées.


A l’image de ce coureur cycliste se lançant corps perdu dans un raid solitaire face à un peloton lancé à pleine vitesse, il faut avouer que tout projet solo peut être soumis à cette appréhension légitime de voir son artiste se faire rapidement rattraper par la solide réputation de sa formation d’origine. Ces craintes se verront cependant ici rapidement gommées, éclipsées par un éclectisme mélodique surprenant. Alors que l’on aurait pu s’attendre à un déroulé classico-classique centré autour d'une guitare acoustique et de l’organe de son propriétaire, bien que la combinaison soit plaisante (le sympathique “Salt Throwers of a Truck”), le panorama se révèle finalement bien plus complexe et aéré. Du jazz old school décomplexé de “Bob’s Casino” au psyché aérien élevé par “East Coast Bed”, la construction mélodique de chaque titre est renforcée par l’intervention bien dosée de tout un tas d’éléments extérieurs. Grian a effectivement eu l’intelligence de s’entourer de compagnons de choix pour assurer l’orchestration de ses chansons et ainsi ne pas lutter seul, face au vent. Dans son sillage, viennent ainsi se greffer le producteur Dan Carey et (en plus de son talent de producteur) ses fameuses drums machines, son batteur Tom Coll, sa fiancée Georgie Jesson assurant certains backing vocals avec standing, une claviériste, une violoniste et un trompettiste.


Même si les morceaux les plus épurés séduisent, à l’image, une fois encore, des deux accords de “Salt Throwers off a Truck”, soutenus par une ligne de violon passionnée, ce projet révèle tout son potentiel dans ses entournures plus complexes et instrumentées. Le contraste boites à rythmes / set classique ("The Score") permet d’apporter ce brin de fraicheur et de modernité à une ensemble fortement orienté sixties, tandis que les cordes, parfois samplées (les trois temps magnétiques de “Last Time Every Forever”), parfois frottées (“Fairlies”, “All Of The People”, magiques), nous enveloppent bien souvent dans un écrin ouaté attachant. Les agréables solos de trompette, dispatchés avec mesure, renforcent de leur côté le caractère mélodique de cet opus, qui surprend définitivement par sa richesse harmonique. Le seul temps faible sera finalement ramené par un “All Of The Poeple” un brin monotone, heureusement rapidement réhaussé par la rythmique syncopée de “East Coast Bed”, relançant à son aise les dodelinements de tête.


Notre baroudeur franchira définitivement la ligne, victorieux, avec "Season For Pain”, autre grand moment du disque, alliant avec allure le caractère brut d’un post-grunge à la sauce Nirvana et une boucle synthétique polie et entêtante, que n’aurait renié Radiohead. A ce point, on ne peut qu’être admiratif devant cet éclatant coup de panache, permettant à Chatten de venir triompher sur un terrain finalement déjà prédisposé à sa réussite. Il ne reste désormais plus qu'à déterminer dans quelles mesures cette virée solitaire déteindra sur son bastion d'origine. La suite n'en est que plus palpitante, un album des Fontaines D.C. serait déjà en préparation.


 


A écouter : “Last Time Every Time Forever”, “Fairlies, “Bob’s Casino”, “Season For Pain” 

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