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Critique d'album

Hatfield and the North


Hatfield and the North


(00/02/1974 - - Rock Progressif / Canterbury - Genre : Rock)
Produit par

1- The Stubbs Effect / 2- Big Jobs (Poo Poo Extract) / 3- Going Up to People and Tinkling / 4- Calyx / 5- Son Of 'There's No Place Like Homerton' / 6- Aigrette / 7- Rifferama / 8- Fol de Rol / 9- Shaving Is Boring / 10- Licks for the Ladies / 11- Bossa Nochance / 12- Big Jobs No. 2 (By Poo And The Wee Wees) / 13- Lobster in Cleavage Probe / 14- Gigantic Land Crabs in Earth Takeover Bid / 15- The Other Stubbs Effect / 16- Let's Eat (Real Soon) / 17- Fitter Stoke Has A Bath
Note de 4/5
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Note de 4.0/5 pour cet album
"Synthèse canterburyenne"
François, le 13/04/2024
( mots)

Si vous demandez à un vrai amateur de l’École de Canterbury de donner le nom de son groupe préféré au sein de cette scène, il y a de fortes chances qu’il mentionne Hatfield and the North, alors que Soft Machine ou Caravan viendraient plus naturellement à l’esprit. N’y voyez pas (seulement) une cuistrerie de sa part, il y a des raisons objectives qui peuvent être déterminées pour expliquer l’engouement autour de cette formation. C’est tout l’objet de cette chronique.


En 1974, et pour la première fois depuis la fin des années 1960, aucun des deux grands noms de l’École de Canterbury ne sort d’album studio : pas de Soft Machine ni de Caravan chez les disquaires, si ce n’est le live Caravan and the New Symphonia. Est-ce à dire que cette scène progressive autonome périclite ? Loin de là, Robert Wyatt et Gong feront plus que se démarquer au cours de l’année et un nouveau venu, Hatfield and the North, fait son apparition dans les bacs.


Les amateurs le savent, le terme "école" appliqué à la scène vaut plus pour le collectif humain qui la compose que pour son unité stylistique. Dérivant de Delivery, le combo existe depuis 1972 et rassemble des musiciens issus de multiples formations. Stabilisée sur cet album, la composition du groupe est la suivante : Richard Sinclair de Caravan, Pip Pyle de Khan et Gong, Phil Miller de Caravan et Matching Mole, Dave Stewart de Khan et Egg. En outre, des artistes engagés dans la geste canterburyenne sont invités, comme Robert Wyatt et Didier Malherbe – excusez du peu. Voilà un premier élément explicatif de l’aura d’Hatfield and the North : son identité de supergroupe qui ne dit pas son nom.


Son intitulé décalé, qui reprend un panneau autoroutier indiquant la direction "Hatfield and the North", et le collage intrigant qui sert de pochette, rappellent l’économie interne de cet album, faite de jeux de mots et de nombreuses pistes à la durée aléatoire. Elles sont parfois très courtes - l'album commence de façon expérimentale sur les vingt secondes de "The Stubbs Effect" à peine allongées sur le conclusif "The Other Stubbs Effect". D’autres capsules du genre sont réparties tout au long de l’opus : le caravanesque "Big Jobs (Poo Poo Extract)" (auquel fait écho "Big Jobs No. 2 (By Poo and the Wee Wees)", une pop jazzy agréable), le tamisé "Bossa Nochance" ou le jingle "Aigrette". À l’inverse, le magnifique "Son of There’s No Place Like Homerton" s’étend sur plus de dix minutes, depuis son introduction solennelle à la Gentle Giant, jusqu’à son jazz-rock cuivré délirant venu de Planète Gong ou de Kobaïa, contrastant avec ses quelques douceurs pastorales et smooth-jazz. À peine plus court, "Shaving Is Boring" (quel titre !) est un jazz-rock débonnaire mais virtuose et plus expérimental sur le plan mélodique, harmonique et dans ses recherches sonores parfois space-rock ou bruitistes – avec des plans répétitifs, des collages, des dissonances.


On l’aura peut-être compris à la lecture de ce premier paragraphe, mais l’autre grande force de cet album est de formuler une synthèse de l’esthétique canterburyenne à la fois jazz-rock, expérimentale, prog’ et pop, puisqu’on croise des traits caractéristiques de Caravan, de Soft Machine ou de Gong. Le tropisme jazzy domine, dans une forme de jazz-rock léger ("Going Up to People and Tinkling"), avec une orientation parfois plus pop ("Calyx" - chanté en onomatopées par Wyatt), parfois plus rock (le véloce "Rifferama"). On retrouve la pop expérimentale typique de la scène sur "Fol de Rol", ou plus simplement introspective sur "Licks for the Ladies". Plateau de fruits de mer musical, "Lobster in Cleavage Probe" travaille le contrepoint sur son chant féminin puis déroule ses lignes instrumentales rassurantes et aquatiques qui préparent le terrain à l’inquiétant et agressif "Gigantic Land Crabs in Earth Takeover Bid" - qui s’apaise dans un second temps.


Super-groupe canterburyen et synthèse de l’esthétique de la scène exécutée avec brio, Hatfield and the North avait tous les atouts en main pour séduire les adeptes de cette École progressive : c’est pour ces raisons qu’il faut comprendre l’aura de cette formation tardive, autrice de deux opus majeurs.  


À écouter : "Son of There’s No Place Like Homerton", "Lobster in Cleavage Probe", "Gigantic Land Crabs in Earth Takeover Bid"

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