Hawkwind
Doremi Fasol Latido
Produit par Dave & Del
1- Brainstorm / 2- Space Is Deep / 3- One Change / 4- Lord of Light / 5- Down Through the Night / 6- Time We Left This World Today / 7- The Watcher
Inventer le space-rock sans se référer à la musique des sphères aurait rendu l’entreprise bancale : Doremi Fasol Latido, les notes de la gamme diatonique, renvoyant à chaque planète du système solaire (ainsi qu’à la Lune), sont autant d’armes cosmiques pour l’aventure spatiale d’Hawkwind, inspirée par l’essor de la science-fiction et les écrits de Moorcock ("Space Is Deep").
Ce troisième album se maintient dans la lignée des précédents et ferme la première phase du groupe, celle purement space-rock, avant une étape bien plus progressive sur les opus suivants. Pourtant, Hawkwind subit de réelles modifications dans son line-up et il faut dire que l’aura de Doremi Fasol Latido vient surtout du nouveau bassiste (qui a troqué sa guitare pour son arrivée dans le groupe), Ian Kilmister dit Lemmy. Inutile de dire que l’arrivée de Simon King à la batterie comptera moins dans la postérité. La basse est donc bien mise en relief, le jeu de Lemmy étant déjà en place.
Musicalement, Hawkwind maintient l’esthétique des premiers albums. On aura donc droit à des pièces longues, à la fois Heavy et planantes, comme "Brainstorm" où l’on s’évertuera à prêter l’attention à la basse de Lemmy, également très présente sur un "Lord of Lights" à l’ouverture expérimentale, mais plutôt basique et hard-rock dans son approche. La véritable différence avec In Search of Space tient en une réduction des phases très planantes au profit de morceaux peut-être plus proches du hard-rock – dans tous les cas, le son Hawkwind, avec son abondance d’effets et ses riffs répétitifs et basiques, est bel et bien conservé. Preuve en est, le mantra "Time We Left this World Today" tient plus de Gong que de Deep Purple, malgré sa basse agressive et sa guitare Heavy.
Les passages folks, plus présents (comme sur le premier opus), sont de retour avec le très bon "Space Is Deep", aux airs de "The Battle of Evermore" ou "Going to California", évidemment mâtiné de sons électroniques puis d’une seconde partie plus saturée, montée en puissance assurée par une transition bien construite. "Down Through the Night", comme inspirée par Pink Fairies, emporte avec sa flûte éthérée, et "The Watcher", blues-folk et étrange sur nappes spatiales, ferme mystérieusement l’album. On pourrait, sans grande prise de risque, affirmer que ce sont les pièces folks qui s’avèrent être les plus originales et les plus convaincantes de l’album. Le space-folk, initié dans les premiers temps du groupe, méritait d’être creusé.
A la fois plus hard-rock et plus folk, en tout cas moins planant et plus accès sur les riffs ou la mélodie, Doremi Fasol Latido demeure dans la lignée de ses prédécesseurs : en l’occurrence, il referme la trilogie initiale, celle qui inventa et perpétua un space-rock Heavy pur et dur. Une époque un peu datée mais intéressante historiquement, avant que le groupe ne s’accomplisse complètement en mêlant son esthétique avec celle du rock progressif.
A écouter : "Brainstorm", "Space Is Deep", "Down Through the Night"