Hymn

Hymn est l'une des valeurs montantes de la scène pop savoyarde. Tout d'abord autoproduit et ne contenant que neuf titres, cet album se voit redistribuer sur le réseau français deux ans plus tard avec quatre inédits. Les musiciens ont su s'entourer de personnes compétentes et influentes dans le milieu musical tels que Bertrand Coqueugniot, Pierre Darmon et Richard Gamot qui ont travaillé à EMI Music France ou encore Lionel Gaillardin (ancien guitariste du groupe Il était une fois) ou le suisse David Weber à la réalisation. Signé sur le label Bonsaï Music, Hymn peut désormais voir plus grand, ce premier album étant disponible dans les grandes enseignes musicales et même sur le Net. Pas de doute, Bonsaï Music attend beaucoup d'eux à présent.

L'album commence sous les meilleures auspices : un son bien calibré, l'introduction de "San Andrea" est prometteuse et accrocheuse, tout en progression. Le premier choc vient du chant, qui nécessite quelques écoutes pour s'y habituer. D'une part parce qu'il est à 70% en français et que les paroles ont un peu de mal à se mêler à cette base power pop, et d'autre part, parce qu'il n'est pas toujours abouti dans la justesse, dans les mélodies ou dans le choix des paroles. Si sur "San Andrea" et "Qu'ai-je fait de ces ex-la ?" (aux paroles un poil misogyne quand même), la sauce prend bien, il est très difficile de passer sur la délicate "Une belle journée" sans avoir une petite grimace pour son introduction ou pour les mélodies chantées très approximativement. Hymn aime beaucoup le premier album de Radiohead et ça s'entend dans "Commandant Massoud" qui bénéficie de paroles en anglais. Le plaisir d'écoute est de retour.

"A cinq mains" est une jolie ballade qui aime se faire douce dans les couplets pour laisser plus de poids musical dans les refrains. Yann Bargue se plaît à napper de ses effets sonores discrets à la guitare les moments doux de cette chanson. "C'est moi qui décide" vaut le détour par un refrain très accrocheur mais gâché par les effets d'écho du chant qui deviennent vite exaspérants. Les petits effets électroniques n'arrivent pas à cacher le peu d'intérêt d'écouter "Une affaire pliée", classique au possible. La ballade acoustique "Wilde's Salome" n'a aucune saveur ni aucune odeur, rien à relever sauf peut-être un chant moyen et perfectible.

Le piano de "Nayla" englobe une histoire d'amour à l'agonie que Philippe Roche refuse de voir terminée. Les mélodies sont belles, la chanson est bien construite. C'est du tout bon. Par contre, "Yellow Man" aux forts relents de pop anglaise et "Policeman", petite critique de la police (américaine ?), font bouger agréablement certes mais sans proposer beaucoup d'originalité. Quand au dernier morceau, "Aérogare de barbarie", s'il se veut légèrement vaporeux et progressif, il n'en est pas moins inconsistant et peu attractif.

C'est maintenant sur la tournée qu'Hymn devra faire ses preuves. La route est encore longue mais ils n'ont absolument pas à rougir sur le bon travail déjà accompli. Seulement voilà, percer au milieu d'une scène pop-rock française très active ne se fait pas sans ?huile de coude? et il en faudra beaucoup s'ils veulent faire de la musique leur métier. Souhaitons leur tout le succès possible.

Remerciements : Yannick