Kayak
See See the Sun
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1- Reason for It All / 2- Lyrics / 3- Mouldy Wood / 4- Lovely Luna / 5- Hope for a Life / 6- Ballet of the Cripple / 7- Forever Is a Lonely Thought / 8- Mammoth / 9- See See the Sun
Jusqu’en 1973, les Pays-Bas s’étaient affichés sur la scène progressive continentale comme un terreau fertile pour les musiques populaires alambiquées, mais une seule formation avait réellement atteint une dimension internationale, Focus, dont l’âge d’or était en train de s’achever. Il y avait certes d’autres porte-étendards, comme Supersister, Ekseption ou Alquin, ainsi que Golden Earring qui venait de faire un détour, bien court et bien léger, dans ce courant esthétique. Mais c’est bien en 1973 qu’allait éclore le deuxième grand nom de la scène progressive batave, impressionnant par sa production et sa durée de vie, Kayak.
À peine formé en 1972 dans l’aire urbaine de Randstad (à Hilversum précisément), le groupe doit beaucoup à son fondateur Ton Scherpenzeel, bassiste mais surtout claviériste inventif (et éventuellement accordéoniste, comme on peut l’entendre sur le doux "See See the Sun") qui deviendra rapidement une des figures incontournables du rock progressif.
Preuve en est de l’introduction de "Reason for It All" qui offre un premier déploiement des claviers, poursuivit par un très bon solo véloce de clavecin. Le chant de Max Werner, certains traits de guitare de Johan Slager et quelques développements instrumentaux évoquent Yes, non sans talent d'ailleurs. Ce modèle judicieusement choisi transparait également sur "Forever Is a Lonely Thought", "Hope for a Life", ici avec une petite dose de Gentle Giant, et "Mouldy Wood", dans la structure comme dans le jeu de basse très typé Chris Squire, même si le chant s’avère parfois pénible.
Autre grand nom du courant symphonique anglais, Genesis se fait également entendre sur "Lyrics", "Ballet of the Cripple", et sur la seule pièce d’ampleur de l’opus, "Lovely Luna", une très longue progression qui s’élance à partir d’une guitare cristalline accompagnée par la douceur du mellotron. Si le titre manque de relief, il bénéficie d’une interprétation honorable et a le mérite de mettre en scène la pochette nocturne.
Au croisement entre Yes et Genesis, le court "Mammoth" associe le rock progressif à la pop baroque voire clownesque (dimension que confère l’orgue de barbarie) qui donne au morceau une couleur assez étrange et vraiment unique. Reste à savoir si le résultat est réellement pertinent ...
C’est donc avec une œuvre honnête mais largement perfectible que Kayak voit le jour, les compositions se montrant parfois hasardeuses et les sources d’inspiration peut-être un peu trop sensibles pour que le groupe ne se démarque parmi la foule des formations prog’ du moment.
À écouter : "Reason for It All", "See See the Sun"