Nebula
Heavy Psych
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1- Intro / 2- Pulse / 3- The Dagger / 4- Aphrodite / 5- Dream Submarine / 6- In The Depths / 7- The Other Side / 8- Running Of The Bulls
Les lecteurs attentifs de ce webzine appréciant le stoner (10 selon les syndicats, 2 selon la police) n’auront pas manqué de noter que la plupart des articles consacrés au genre comportent des messages subliminaux, du genre : "Si un des musiciens qui a joué dessus vient de Palm Desert, achetez !", "On ne peut dire qu’on a pleinement goûté à l’expérience Kyuss que si on l’a écouté sur un vinyle 180 grammes relié à des enceintes JBL", ou encore "Le stoner suédois, c’est pas comme le cochon, tout n’est pas bon dedans, alors foncez écouter Bad Wizard motherfuckers !" Parmi ces slogans, il en est un qu’on ne cessera de marteler jusqu’à ce qu’il s’imprime définitivement dans les consciences : "Par tous les Grands Dieux, ne laissez pas Nebula aux uniques mains des stoner addicts !" Surtout que ces gueux n’ont pas toujours conscience des trésors qu’ils gardent farouchement au sein de leur fanatisme underground. Car Nebula peut plaire à tellement plus… Les nostalgiques des récents retraités des Hellacopters , les garage-rockeurs en jeans slims, les grungeux attardés, les indies pointilleux, les réactionnaires du vintage, les pleureuses se lamentant au sempiternel refrain du rock c'était mieux avant, etc, etc… tous peuvent s’y retrouver dans le combo de LA.
On trouvera une preuve supplémentaire de l'universalité du bon goût dans le titre de cette nouvelle livraison. Heavy Psych, c’est en effet le terme qu’ont choisi Mark Arm (Mudhoney), Dicky Peterson (Blue Cheer) et Iggy Pop pour décrire la musique du gang californien dont ils sont de très grands fans. Et là tout est dit. On trouve sur le même plateau la seule formation grunge encore digne d’intérêt, l’un des membres fondateurs du high volume rock et le godfather du punk comme caution rockistique. Autant dire qu’il serait criminel de laisser Nebula moisir dans le culte fervent et obstiné que lui vouent certains disciples de Kyuss ou de Fu Manchu , et qu’il en a certainement plus sous la pédale pour convertir d’autres ouailles. Et ce d’autant plus que la formation d’Eddie Glass (chant, guitare) reste soumise à un destin fragile. Fin 2006, peu après la sortie de son dernier album en date (Apollo), c’est un membre du canal historique du groupe (le batteur Ruben Romano, présent depuis le début de l’aventure) qui tire sa révérence. Nullement ébranlé, Glass prend personnellement en main le destin de sa création, recrutant Rob Oswald, trop heureux de s’exprimer à nouveaux sur ses fûts après de longues années de déchéance héroïnomane consécutives à la dissolution des non moins cultes Karma To Burn.
Désormais stabilisé autour d’un nouveau line-up (dont le bassiste Tom Davies, déjà présent depuis Apollo), le Nebula Mark II peut désormais affronter sereinement sa nouvelle décennie d’existence. Décennie qui s’ouvre avec un EP autoproduit qui ne surprendra nullement le fan de base, tant il est vrai que le groupe joue davantage la carte de l’exploration quand il bénéficie de la longueur plus confortable d’un album (du psychédélique To The Center au punk-garage d’Apollo en passant par la High Energy de Charged et du space-rock d’Atomic Ritual). Pour autant, Heavy Psych se pare d’une allure presque conceptuelle, tant il regorge d’une foultitude d’effets et de sonorités évoquant une espèce de psychédélisme aquatique. La pochette a beau se réclamer de la conquête spatiale, on reste persuadé qu’un sous-marin serait autrement plus utile pour explorer de fond en comble les entrailles de ces 6 plages hallucinées. Les guitares tremblotent dans l’écho, tandis que la batterie caverneuse d’Oswald semble enregistrée depuis un sas de décompression. "Pulse" se décante lentement en un atterrissage lunaire porté par des sonorités aqueuses, comme émergeant du placenta cosmique du fœtus de 2001. "The Dagger" lui emboîte nonchalamment le pas au moyen d’une débauche de guitares coupantes comme du corail sur lesquelles Eddie Glass surfe avec son charisme proverbial. Cœur de ce mini-trip réconciliant l’infini de l’espace et les gouffres utérins de notre planète, "Aphrodite" se languit sur un tapis de riffs lascifs et enroués, réveillant en se demeure les foudres de Neptune. Peut-être moins urgent que sur sa précédente livraison (l’instrumental "Dream Submarine" et le tourmentant "In The Dephts" sonnent comme des explorations soniques captées depuis les profondeurs sous-marines), Nebula n’en reste pas moins corrosif avec l’ultime "The Other Side" qui émerge des abysses pour tenter d’atteindre la surface avec son binaire fantomatique. Frustrant de par sa brièveté, on trouve malgré tout dans Heavy Psych assez de matière propre à satisfaire fans comme nouveaux venus. Si son espèce de torpeur latente plombant parfois le propos l’empêche de figurer dans le haut du panier du répertoire du gang d’Eddie Glass, il ouvre néanmoins son futur sur d’alléchantes perspectives. 2009, odyssée du rock ?