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Critique d'album

The Stranglers


Raven


(04/09/1979 - Emi - Post-Punk - Genre : Rock)
Produit par

1- Longships / 2- The Raven / 3- Dead Loss Angeles / 4- Ice / 5- Baroque Bordello / 6- Nuclear Device / 7- Shah Shah A Go Go / 8- Don't Bring Harry / 9- Duchess / 10- Meninblack / 11- Genetix / 12- Bear Cage
Note de 4/5
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Note de 3.5/5 pour cet album
"Les rats prennent le navire"
François, le 26/09/2023
( mots)

Le punk-rock se meurt, les rejetons de la new-wave tardent à venir, et dans ce clair-obscur surgissent les monstres. Maîtres de l’hybridation, ce qui les rend inclassables, The Stranglers sont justement ces monstres, produits des périodes de transition, qui jouent du métissage en attendant qu’un nouveau monde musical rende les catégories plus claires. Le Nouveau monde, celui d’outre-Atlantique, a justement été conquis par les Stranglers à grand renfort de tournées, une conquête à laquelle "Longships" (drakkars) rend hommage en tant qu’introduction instrumentale (un drakkar apparaît au dos de l’album). De même que "The Raven" évoque les guerriers nordiques à travers ses mélodies de synthés particulièrement mises en avant, même si la guitare y est bavarde et libérée, le tout avec des touches psychédéliques de la fin des 1960’s.


La rage punk et les synthés new-wave, tel était le mélange proposé par The Stranglers dès son premier album, mais Black and White avait en plus ajouté une dimension expérimentale à leur musique, ce que The Raven prolonge avec encore plus d’éclectisme. Ainsi, "Baroque Bordello" déploie des orgues justement baroques et une écriture fuguée entre la guitare, la basse et les claviers, bien loin d’"Ice" où la guitare dissonante et tranchante évoque Fripp tandis que les lignes répétitives et vidéoludiques des synthés se situent dans les eaux d’Hot Butter. Même le plus direct "Dead Loss Angeles" surprend par la scansion robotique du chant. Les carrières solos des membres du groupe avaient servi de laboratoire esthétique, de même qu’ils cherchaient l’inspiration dans l’usage de l’héroïne, thème de la très belle ballade "Don’t Bring Harry" (qui sonne comme un "Perfect Day" réussi).


La fin de l’album est particulièrement entreprenante et, osons le mot, bizarre. "Genetix" adopte une approche krautrock avec ses rythmes alambiqués et son développement planant légèrement orientalisant, afin de traiter des manipulations génétiques transhumanistes. C’est un thème qui se retrouve en creux dans "Meninblack", qui tourne autour du fantasme des opérations réalisées par des extraterrestres (les hommes en noir) sur les êtres humains pour en faire du bétail et de la nourriture. Ces mêmes extraterrestres qui seront au cœur de l’album suivant. "Meninblack" est la version ralentie d’un titre déjà enregistré, résultat obtenu par une modification de la bande (comme Neu! l’avait fait en 1973, encore le krautrock). C’est ce qui explique la voix martienne, l’ambiance en apesanteur tel un atterrissage lent de la soucoupe volante, et le sentiment de gêne provoqué par les paroles menaçantes. Sur l’opus suivant, "Waltzinblack" en sera comme le double écho, en tant que début d’album en forme de valse à l’image de "Longships", l’introduction instrumentale de cet opus, et en tant qu’ouverture des concerts, comme "Meninblack", avec lequel il partage une thématique commune, l’était devenu après la sortie de The Raven.


The Stranglers ont composé des titres plus accessibles et dynamiques. Ayant pour thème la révolution islamique iranienne, "Shah Shah Go Go" est un des rares mélanges d’appel à la prière du muezzin et d’électro kraftwerkienne, cette dernière dimension étant exacerbée dans un final expérimental. Propos politique toujours, quand le groupe fait de "Nuclear Device" un brulot contre le premier ministre du Queensland. Le titre possède la fougue plus typique des Stranglers, avec sa basse agressive et ses lignes de synthés proches d’un "Nice n Sleazy", et même des chœurs typés Beach Boys. Ce morceau trouve encore une place dans les setlists, mais ses apparitions y sont beaucoup plus sporadiques que celles de "Duchess", le tube de l’album, très accrocheur par ses clavecins véloces et son refrain imparable - une titre qui  saura inspirer The Killers plus tard.


Dernier grand album de cette première période du groupe, The Raven sera suivi par des productions beaucoup moins inspirées malgré les quelques tubes qui en ressortiront. C’est ainsi qu’on peut le considérer comme album de transition, mêlant les caractéristiques passées et futures du groupe dont l'esthétique était déjà hybride.  


À écouter : "Duchess", "The Raven", "Nuclear Device", "Don’t Bring Harry"

Commentaires
FrancoisAR, le 01/10/2023 à 11:23
Merci beaucoup pour ce message très touchant. Je me permets de te signaler que j'ai écrit de nombreuses chroniques sur les Stranglers sur le site, tu les trouveras sur la page du groupe, et deux CR de concerts également. C'est un groupe que j'adore même si leur disco est inégale.
Sebastien, le 01/10/2023 à 10:32
Ravi de voir un album des Stranglers chroniqué ici, surtout par un rédacteur qui, je crois, excelle d'habitude dans d'autres styles ! Un groupe unique, à la croisée des époques et des genres, entre punk, new wave et psychédélisme (à leurs débuts). Parmi les autres ovnis de l'époque, faisant le lien entre l'Ancien et le Nouveau Monde, on peut citer The Jam (dont les racines sont plus proches des Who que des Doors). Et dans un tout autre genre, Motörhead.