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Critique d'album

Thirty Seconds to Mars


This Is War


(08/12/2009 - Virgin, EMI - Neo Metal - Genre : Hard / Métal)
Produit par

1- Escape / 2- Night Of The Hunter / 3- Kings and Queens / 4- This Is War / 5- 100 Suns / 6- Hurricane / 7- Closer To The Edge / 8- Vox Populi / 9- Search & Destroy / 10- Alibi / 11- Stranger In A Strange Land / 12- L490
Note de 3.5/5
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Note de 2.0/5 pour cet album
"Le nouveau bréviaire du parfait petit émo-militant. Attention à l'endoctrinement"
Nicolas, le 14/12/2009
( mots)

2009, année de la "révolution" électro-rock, aura vu poindre juste avant son achèvement le troisième effort studio de 30 Seconds To Mars, opus qui se sera fait longtemps désirer et qui aura fait couler beaucoup d'encre, principalement en raison du litige juridique qui a opposé le clan Leto à la toute puissante EMI et dans lequel le combo a laissé pas mal de plumes. Or, malheureusement pour le beau Jared, il vaudrait peut-être mieux que celui-ci pense sérieusement à assurer son avenir à Hollywood plutôt que de s'accrocher à un projet rock de plus en plus contestable au fil des albums.

Premier point à soulever : 30 Seconds To Mars a tourné le dos au neo-metal, et ce même si leurs disques sont encore vendus dans les étalages des hardeux aux côtés de ceux de Slayer ou de Deftones. Ce troisième album voit ainsi s'achever la métamorphose d'une honnête bande de désoudeurs yankees en une multinationale pop-rock calibrée pour les stades. Chant "emo" encore plus appuyé (Gerard Way n'est plus très loin), guitares en écho à la The Edge, production maousse costaud assurée par un Flood au fait de ses effets audio-techniques grandioses, This Is War est l'exact point de ralliement entre My Chemical Romance et U2, une sorte d'enfant bâtard, bouffi et suranné, un calibrage millimétrique pour les masses adolescentes qui vont à coup sûr, et sans se rendre compte le moins du monde du ciblage éhonté dont ils font l'objet, s'en gargariser jusqu'à plus soif. Pulvérisés, les Coldplay. Atomisés, les Killers. Sans vouloir se soucier de nuancer son propos, Jared Leto fait en sorte de tout ratiboiser sur son passage en assénant ses refrains lyrico-pompiers à grand renfort de chœurs enfantins vibrants et d'orchestres emphatiques. Exemple type du postulat précité : un "Kings and Queens" qui parviendrait probablement à provoquer une crise d'urticaire à Bono, ou encore un "This Is War" qui pompe sans vergogne les ficelles les plus éculées de l'album précédent (l'honnête mais inconstant A Beautiful Lie) sans parvenir le moins du monde à les transcender. Dans le genre, on n'avait pas fait pire depuis la Resistance de Matthew Bellamy, et autant dire tout de suite que l'homme en question n'a plus qu'à retourner à ses chères études face à ce bréviaire de grandiloquence.

Heureusement, la tournure électro du disque le sauve d'un naufrage proprement sidéral. Ainsi, dans le genre entrée en matière coup de poing, "Night Of The Hunter" fait quand même très fort, mais ceci uniquement si l'on veut passer outre quelques petits gimmicks de production qu'on jurerait décalqués du "Livin' On A Prayer" de Bon Jovi. Je sais ce que vous vous dites : c'est beau, la culture Guitar Hero. Dingue le nombre d'immondices qu'on ignorait sans autre forme de procès avant de recevoir passivement la bonne parole véhiculée par la fameuse licence rocko-vidéo-ludique. Bref : hormis ce morceau plutôt réussi, il faudra chercher en fin de liste du côté de "Stranger In A Strange World" pour goûter de nouveau à quelque chose d'intéressant, louchant d'ailleurs avec bonheur vers le côté électro-futuriste du premier opus, même si on sent que Flood a pas mal recyclé les fonds de tiroir de Trent Reznor pour assaisonner le morceau. A part ça, que dire de plus si ce n'est que l'album se révèle très, très long ? Quasiment tous les titres dépassent les cinq minutes, et si certains tirent parfois avantage d'une belle exposition ("Hurricane", par exemple), il s'avère rigoureusement impossible de ne pas bailler à la cantonade une fois la moitié du disque écoulée, surtout quand on a affaire au véritable cocktail soporifique qu'est "Alibi"... à moins que l'écartement des mâchoires ne s'effectue sous l'action des muscles zygomatiques tellement certains titres prêtent à rire aux éclats. Comment passer sous silence le ridicule d'un morceau comme "Vox Populi", avec son refrain chorale qui flatte tellement la fibre humaniste et patriotique qu'on jurerait qu'il s'agit d'un spot financé par le gouvernement US pour s'enrôler dans la navy ? Et comment ne pas s'esclaffer devant les vivas de la foule de "100 Suns", déposés en fin de piste à la manière des rires pré-enregistrés des séries TV de l'Oncle Sam afin de signaler à l'auditeur que, oui, c'est bien là qu'il doit verser sa larmichette ?

Plus ennuyeux, enfin, sont les thèmes brassés par Jared Leto et sa bande de prêcheurs du Dimanche. En effet, que penser de cette fraternité qui confine au cliché spirituel, de cette entraide que l'on se doit les uns aux autres, de ces rois et reines fiers des guerres et combats à mort à mener, tous unis face à la dureté de ce monde ? Plus encore, que penser des termes de victime, martyr, messie, prophète, leader, père, j'en passe et des meilleures ? Et on ne vous parle même pas des borborygmes incantatoires qui concluent un "L490" que mêmes les sectes les plus allumées hésiteraient à faire réciter à leur clientèle. Bien sûr, Muse a déjà commis de pareilles exactions confinant au délire mégalomaniaque, mais l'emphase et le caractère quasiment illuminé de cette mise en boîte n'est pas sans évoquer un endoctrinement de masse pour le moins inquiétant quand on sait que cette musique s'adresse en priorité à un public jeune et facilement manipulable. Les 30 Seconds To Mars sont connus pour posséder l'une des communautés de fans les plus ardentes et adulatrices qui soient, vous n'avez qu'à vous référer au clip trans-fraternel de "Kings and Queens" et aux 2000 pochettes différentes de l'album sur lesquelles sont reproduites les visages des groupies les plus dévoués pour vous en rendre compte. De fait, il ne serait pas étonnant que ce This Is War devienne le nouvel évangile d'une armée de fidèles qui n'aura de cesse de convertir à la bonne parole les ouailles errantes dans les limbes de la rockosphère. Bien évidemment, il n'est ici nullement question de condamner qui que ce soit, chacun restant totalement libre de choisir la musique qui lui plaît et de se rendre aux concerts auxquels il souhaite assister. Mais après s'être repassé plusieurs fois cet album, on en arrive à se demander si "admiration" ne se confondrait pas avec "culte", et si "concert" ne ferait pas qu'un avec "grand-messe". Et quand on en arrive à ressentir ce genre d'émotions à l'écoute d'un disque, inutile de vous dire que ça vous fait froid dans le dos...

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