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Furia Sound Festival 2007


Maxime, le 17/07/2007

VENDREDI 29 JUIN


Le vendredi, moins fréquenté que les samedis et autres dimanches, est toujours l’occasion de rentrer en douceur dans le festival, de se balader calmement entre les différentes scènes et de se rapprocher d’un set sans craindre la bousculade. Justement, il ne fallait pas être pressé ce jour là. Après une ouverture tardive des portes, scandée par les conversations grasses des vigiles relatant leurs expériences sexuelles de la veille, on découvre un site qui a manifestement souffert des intempéries. Les traces des tracteurs-remblayeurs sont encore fraîches, certains passages sont bouchés. On dispose de la paille en toute hâte devant la grande scène afin de ne pas donner aux concerts des allures de combats de boue. Conséquence fâcheuse, les premiers concerts sont annulés (dommage, on aurait bien voulu voir les canadiens de Galaxie). Les festivaliers, aux trois quarts moulés dans l’inamovible panoplie dreadlocks/vêtements amples/t-shirt au slogan altermondialiste, emplissent les lieux.


Les hostilités commencent mollement vers 17 heures 30 sur la grande scène avec Adrienne Pauly, chanteuse tout de noir vêtue, semblant sortie d’un obscur cabaret. La demoiselle entonne des histoires pétries d’amours brisées, de spleens de dimanche gris et de vagues à l’âme perpétuelles. On baille, en regardant sa montre. Car les festivités rock’n’roll s’ouvrent en trombe avec le passage de The Bellrays qu’on aurait ratés pour rien au monde. Cimeterre au poing, Lisa Kekaula et ses sbires dégainent leur garage rock rouillé teinté de soul décanillé depuis leur Californie natale. The Bellrays, ça aura toujours été une histoire de frustration. Une énergie sans faille, des riffs solides et impétueux, une voix énorme mais une assise mélodique trop faible pour sublimer le tout. Ce qui se remarque sur disque se vérifie également sur scène. Les titres semblent interchangeables à loisir, si bien que le set se déroule sans climax majeur. Mais leur binaire rongé jusqu’à l’os fait immanquablement mouche. Entre deux décharges de punk crados, on part jeter un coup d’œil sur les frenchies de Pleymo. C’est un peu la règle au Furia : chaque édition voit la présence sur l’affiche d’un membre de la Team Nowhere. L’année dernière, c’était un plateau exceptionnel réunissant Pleymo, Enhancer et, hum, Vegastar. Cette fois-ci, seuls les leaders montent sur scène pour un set volumineux et bruitiste en diable. Les bermudas et les casquettes nu-metal ont encore de beaux jours devant eux dans ce pays. On en prend note.


Le ciel devient lourd, les nuages s’accumulent, l’averse devient imminente, prélude idéal à la venue de notre rock starr nationale, Joey Starr. Un guitariste suivi d’un bassiste et d’un batteur qu’on croirait échappés du set de Pleymo pilonnent l’intro de "J’arrive". Déboule alors Double R sur la grande scène, avec une énergie dévorante qui n’a rien à envier à nos idoles binaires du moment. Joey parcours l’espace le temps d’un beat éclair, invective, jongle, se rue, se cabre sans débander d’un pouce. Pour secouer l’apathie d’un public qui a parfois mal à suivre, le jaguarr met en place un impitoyable système de sanction. Dès que la foule montre le moindre signe de faiblesse, hymnes yé-yés et autres antiquités de notre répertoire national résonnent sur les platines. On s’exécute sur les tempos infaillibles de l’album solo, relevés de quelques anciens morceaux de NTM tel que l’incontournable "Pose Ton Gun". Jaguarr Gorgone renouvelle son appel à l’inscription sur les listes électorales. Même si cette exhortation semble désormais désuète, suite au score sans appel des dernières semaines qui consterne pas mal de monde ici, l’homme assure que le combat continue. Espérons que la lutte donnera lieu dans le futur à d’autres diatribes sur 8 pistes. On fait confiance au métèque là-dessus.


Le nu-metal insiste de plus belle sur la scène deux, les français laissant la place aux canadiens de Billy Talent. Un jeune fan de quinze ans me met l’affiche en m’assurant à l’aide de moult roulements d’yeux sévères que "Billy Talent, c’est pas du néo-metal ! C’est de l’émo mélangé avec du punk et de la pop. Ça sonne même un peu post-hardcore. C’est trop, trop excellent, tu vas voir ça déchire à mort !" Désolé kid, il y a longtemps que je ne lis plus Rock Sound devant ma crêpe au Nutella pour me tenir au courant de l’actu musicale des d’jeuns en baggys informes. Mais, ok, écoutons ça. D’accord, le groupe n’a ni l’assise rythmique, ni les basses parpaings, ni les riffs hachés du nu-metal. C’est plus bruyant et déstructuré. Le chanteur alterne séance d’hurlements et brusques envolées soit-disant mélodiques, façon psychopathe réclamant sa dose de calmants. Le guitariste, ressemblant beaucoup à un des nabots grimaçants de Sum 41, arbore une banane improbable échappée d’un cartoon de Bill Plympton, comme s’il s’était enduit les cheveux de deux pots de glue avant de poser le tout à l’arrière du réacteur d’un Mirage 3 en plein décollage. Les membres de Pleymo, sur le côté de la scène, semblent approuver. Mais dites-moi les kids, en matière de rock schizo, pourquoi pas aller carrément se jeter un petit Fantômas ? Non ? Ok, je me casse…


Quart d’heure générationnel sur la scène un. Chevelures rasta et tempes argentées se retrouvent pour le set de Renaud. "C’est Woodstock ici !" s’exclame ledit chanteur alors qu’il apparaît sous les acclamations du public. Généreux, l’homme livrera un concert de près de deux heures, débutant sur "Le Marchand de Cailloux". Chaque morceau est introduit par un petit laïus, soit pour présenter les musiciens, soit pour fustiger quelques injustices (le Paris Dakar suivi de "500 connards sur la ligne de départ" ou encore la détention d’Ingrid Bétancourt). Le tout s’achève sur "Hexagone" puis "Dès que le vent soufflera". Cette icône française n’est peut-être pas la tasse de thé de la majeure partie de la population des festivaliers mais il flotte comme un parfum de respect, de déférence, face à cette figure de la contestation. Et puis les parents ont tous un album quelque part dans leur collection. On a donc forcément grandi avec quelques uns de ces titres, alors on téléphone en plein set aux vieux, histoire de leur balancer "Devine qui est sur scène en ce moment, t’entends pas ?"

Etrange prestation que celle de Franck Black, dont le costume ténébreux ne déroge pas à son pseudo artistique. On s’attendait à un concert garni de quelques balourdes parenthèses folk/country à la guitare acoustique. Que nenni, le poupin lutin est entouré de séides tout de noir vêtus, dans le plus simple appareil rock (guitare, basse, batterie, rien de plus, rien de moins) et décoche un rock velu, grinçant, primal, acéré, sans merci. Goguenard, Black commence par arpenter la scène sans piper mot, attendant que le public se ramène, boit de l’eau, s’assied à côté de la batterie, vient échanger quelques mots du côté de la console de son tandis que les trois autres, imperturbables, ne cessent de mouliner leurs accords. Ce petit manège dure bien pendant cinq longues minutes. Puis Charles Mickael Kittridge Thompson se décide à empoigner le micro et là les choses sérieuses commencent. Après une ou deux chansons, Black Francis entre en transe, poussant les amplis de retour à coup de savate tout en continuant de chanter, scande le titre du prochain morceau comme un dératé alors que le précédent n’est pas encore achevé. Médusé, comme possédé par les stances du rondouillard atrabilaire, le public se déchaîne. Sur scène, séances de cris hallucinés et de litanies torturées s’entremêlent, liées dans un bain psychoïde grillé à vif par des guitares tranchantes. Postés sur le côté de la scène, les Bellrays n’en manquent pas une miette. Black ne semble certes pas livrer ici le concert de sa vie mais la petite heure que l'on vit a 100 fois plus de charisme que la paresseuse formation des Pixies à laquelle on assiste depuis deux ans. Encore chamboulé par ce qu’on vient de vivre, on suit d’un œil absent la venue d’Archive avec leur Pink Flyod light ampoulé et vain que boit le public bouche bée. Seuls quelques titres de The Rakes, sur la scène trois, nous arrachent à notre apathie. Post-Punk habilement troussé servi par quelques mélodies astucieuses, ces anglais bénéficient d’atouts certains, même si les morceaux de leur second opus séduisent moins que ceux issus de leur premier disque. Fin du premier jour.
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