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Furia Sound Festival 2007


Maxime, le 17/07/2007

SAMEDI 30 JUIN


La population s’intensifie, normal, c’est le week-end. L’occasion de constater l’émergence d’une nouvelle mode parmi les jeunes avides de sensations fortes : les Free Hugs, pratique qui consiste à déambuler en portant une pancarte promettant des câlins gratuits à tout badaud en manque d’affection à usage unique, comme le dirait à raison le personnage principal de Fight Club. Les garçons sont boudés, les filles appréciées, lesquelles, une fois sur deux, sont empoignées fissa par le bénéficiaire dudit câlin pour une séance de coït simulé à laquelle elles s’adonnent en levant des yeux implorants vers le ciel. Rappelons que cette mode a été popularisée en France suite à une pub pour on ne sait plus quel produit. Quand la philanthropie universelle se voit avalisée par le marketing des grands groupes capitalistes internationaux on se met doucement à rigoler, puis à pleurer en pensant à Joe Strummer dont on vient de voir le docu en projo presse il y a deux jours. Une demi-douzaine de bières, et on en aura plus rien à foutre.


Pour le reste, à savoir la musique, pas grand-chose à signaler jusque 17 heures (si ce n’est le grand n’importe quoi masqué des suédois de Deltahead), moment de l’entrée en scène des Little Barrie. Trio originaire de Nottingham dont nous avons salué, à raison, le premier effort, Little Barrie fait une entrée timide sur l’esplanade principale, presque trop grande pour eux. Bien fringués et attifés, les compères manquent d’un poil de charisme et de conviction dans l’exécution de leurs compos. Mais à part cela, pas de problème, leur rock bluesy bien charpenté assorti de quelques fringances soul fonctionne à plein régime. Le groupe glisse une petite reprise délicieuse du "Badge" de Cream que presque personne, à notre grand effarement, ne reconnaît. Retour express sur la scène trois pour le set des japonais de Guitar Wolf. La triste disparition de leur bassiste il y a deux ans ne semble pas avoir éreinté leurs ardeurs. Un medley des Ramones retentit alors qu’une sirène stridente qu’on mettra un temps pas possible à éteindre hurle dans les enceintes. Nullement ébranlé, le groupe investit la scène et prend tranquillement la pose. Coup de grosse caisse, bras levés en signe incantatoire, sarclage de 6 cordes. C’est parti. Suit une bouille anarchique d’où ne sortent que de rachitiques bribes de mélodies. Le son est joyeusement approximatif et grésillant. C’est braillard et c’est joué à toute à l’heure. C’est parfait. Le trio multiplie les coups de boutoir dans les gencives sous les yeux d’une foule exsangue dans une atmosphère salutairement régressive. Le chanteur fait monter un spectateur sur scène, le temps de lui faire exécuter quelques riffs faméliques avant d’escalader le mur d’amplis pour se jeter comme un malade sur scène. Que des gimmicks clichés peut-être, mais la bonne humeur déployée balaye sec tout cynisme.


Pour souffler, on attrape quelques minutes de la prestation de K’Naan sur la grande scène, bien loin de la marmelade world qu’on aurait pu craindre. Comme quoi on est vraiment mauvaise langue parfois. Mais on revient vite du côté de la scène trois pour assister au set des Naast, annoncé comme le grand moment de lynchage du Furia depuis le passage de Kyo, il y a deux ans. Quelques fans sont déjà au premier rang, une pancarte tendue entre leurs mains fébriles. Des ados bien moins intentionnés ont extrait une fourchette en plastique de leur kit à tartiflette, en hommage aux déboires récents de Gustave. D’autres ont ramené des poignées de foin qu’ils s’apprêtent à balancer sur la scène, se demandant de quelle manière envoyer leurs projectiles le plus efficacement possible. La tension est palpable. Certains se frottent les mains, impatients d’assister à la rixe. Le quatuor de Joinville fait alors son entrée, sous une broncade formées d’insultes et de cris. Pour couper court à tout atermoiement, le groupe démarre en trombe son rock old-school tiré à quatre épingles et ultra-référencé. Les vigiles balaient la foule pour coincer les troubles-fête. On peut exprimer toutes les réserves du monde sur l’album de ces jeunes têtes à claques, force est de constater qu’on ne peut qu’être conquis par leur concert. Le son est dantesque, chaque morceau est une invitation à la débauche. La batterie de Nicolas est tout bonnement hallucinante et ne semble appeler que l'adhésion la plus complète. Laka dégaine des riffs incisifs avec élégance et nonchalance tandis que Clod maltraite son Moog avec autant de rage que ceux qui veulent lui faire la peau deux mètres devant lui. La foule est d’ailleurs à l’image de ce paradoxe : haineux montés sur les épaules de leurs copains pour mieux balancer leurs anathèmes à la face du chanteur et corps consentants et ravis se mêlent dans un même mouvement convulsif. Les titres sont enchaînés rapidement, sans que les huées n’aient le temps de remonter. Gustave annonce un titre inédit, "Les yeux de Dieu", "qui parle de vous". Après en avoir bien écouté les paroles, on se demande encore ce qu’il pouvait bien vouloir dire. Géant Vert, le spécialiste punk de Rock & Folk improvisé roadie pour l’occasion, est posté sur le côté de la scène. Goguenard, il scrute le public, la clope au bec, le sourire en coin. Une superbe image viendra d’ailleurs illustrer la relation fusionnelle qui unit ce journal et cette "nouvelle" scène, celle de Géant Vert tenant fermement l’ampli sur lequel Gustave, en équilibre précaire, est juché. La branche historique et noble de la rock critic comme fondation d’une scène rock brinquebalante. Dommage de ne pas avoir eu d’appareil photo pour immortaliser la chose. Les Naast quittent les lieux après une petite demi-heure d’un beau moment rock’n’roll, quoiqu’on en dise. Chacun restera sur ses positions. Les détracteurs sont fiers d’avoir expédié leur fiel sous forme de fétus, la jeune fille à la pancarte (Mélanie si je me souviens bien) a gagné la baguette du batteur et repart, tremblante d’émotion et couverte de larmes, vers son papa. Tout est dit là, non ?

Après une telle épopée dans un gobelet de coca, le reste de la journée apparaît bien fade. D’ailleurs, il n’y a guère de rock pour relever notre taux d’adrénaline. On passe quelques minutes devant TTC, divertissants sur disque mais moins convaincants live. Même sanction pour The Roots, dont le dernier album est pourtant fortement recommandable. C’est bien le problème du hip-hop, qui ne passe pas toujours bien la rampe sur scène. Les fans du Wu-Tang Clan en savent quelque chose. Difficile d’assurer le spectacle quand on n’a pas d’instrument entre les mains. La conquête du public se paye à la sueur et n’est pas Joey Starr qui veut. Plus joyeux, plus frais, plus festifs, les brésiliens de Bonde Do Role méritent bien qu’on vienne dépenser le peu d’énergie qu’il nous reste en fin de journée. Leur funk syncopé à coup de rythmiques hip-hop fait taper de la basket et rouler quelques hanches. On est trop fatigués pour assister au passage de Tryo, les épuisants poètes du tri sélectif. On gage que les jeunesses concernées leur ont adressé un accueil digne d’un des plus grands représentants du reggae français (rires) engagé (re-rires) et champêtre (esclaffements), récompensé comme il se doit par une Victoire de la musique (étouffements, roulades sur la banquette).
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