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La série d'été d'Albumrock : #44 Iron Maiden


Daniel, le 23/08/2022

Pour occuper votre été, Albumrock vous offre cette année une série au principe assez simple : un rédacteur vous propose de découvrir ou de réviser un groupe plus ou moins culte en dix titres. Vous aurez droit à une sélection représentative qui vise à mettre en avant des morceaux par rapport à leur place dans le répertoire du groupe, sans toutefois renoncer à la subjectivité avec des choix parfois plus inattendus. Aujourd’hui, les légendes de la NWOBHM, Iron Maiden. 

 

10- "Prowler", Iron Maiden -1980. Première plage du premier album. Un pervers exhibitionniste est planqué dans les buissons, guettant sa prochaine proie. La décennie commence fort… Bienvenue dans un monde de laideur, de violence urbaine et de poubelles pleines. Un monde à l’image de la sale tronche hirsute qui illustre la pochette. Parti pour débouler en cavalcade ininterrompue, le titre connaît un break magnifique (inattendu dans ce contexte), suivi d’un solo qui dépote. Ce sont les premières bribes des formidables sophistications à venir. 

 

9- "To Tame A Land", Piece Of Mind -1983. Durant la tournée qui a suivi la sortie de l’album, Bruce Dickinson précisait que le véritable nom de ce morceau était en réalité "Dune". Frank Herbert, l’auteur de la première grande saga d’écologie-fiction détestait le groupe et lui avait refusé l’autorisation d’utiliser le titre de son ouvrage. Ca n’a pas grandi Herbert mais "To Tame A Land / Dune" a grandi Iron Maiden. Et finalement, c’est ça que la petite histoire du rock retiendra.

 

8- "Flight Of Icarus", Piece Of Mind - 1983. Le mythe d’Icare est tellement éculé qu’il faut la puissance et la conviction d’Iron Maiden pour permettre d’y croire encore. Deux années plus tard, parvenu à son tour trop près du Soleil, le groupe finira par brûler les propres ailes de son inspiration et en arrivera à reproduire les mêmes recettes, album après album, … 

 

7- "Powerslave", Powerslave - 1984. Et Steve Harris, poursuivant sa lecture de l’Encyclopaedia Britannica, se prend, à la lettre "E", d’une soudaine passion pour l’Egypte ancienne. Le titre permet de partager l’angoisse (ou la révolte) du Pharaon à qui l’éternité divine était promise et qui sent sa fin proche. A priori, ce genre de problème n’était pas la préoccupation première des masses laborieuses qui formaient le premier noyau dur des fans de Maiden mais le groupe était devenu un rouleau compresseur musical à ce point puissant qu’il aurait pu être convaincant en interprétant une recette de cuisine.

 

6- "Run To The Hills", The Number Of The Beast - 1982. Après avoir connu des débuts inspirés par la misère et la violence des proches banlieues, le groupe commence à explorer des contrées plus exotiques. Qu’est-ce qui peut pousser de jeunes anglais à se préoccuper – comme si leur vie en dépendait – du sort des "américains natifs" face à la cruauté des européens ? Mystère et boule de gomme. Mais quand Bruce Dickinson vocalise "Courez vers les collines !", je cours vers les collines. 

 

5- "Two Minutes To Midnight", Powerslave - 1984. Iron Maiden met six minutes pour nous rappeler qu’il ne nous en reste plus que deux à vivre avant la fin du monde. Le morceau est imparable. Il est plus court, plus efficace et plus agréable à lire que les rapports successifs du GIEC. Malheureusement, en 2022, le message ne semble pas encore avoir percolé dans la majorité des cervelles humaines. 

 

4- "Hallowed Be Thy Name", The Number Of The Beast - 1982. Le thème du bagnard repentant qui attend avec angoisse l’heure de son exécution capitale est plus usé que les vieilles culottes en spandex de Vincent Furnier. Mais Iron Maiden a le génie de transformer en "révélation" tout ce qu’il touche. Il y a du grandiose sans sombrer dans l’emphase. Il y a de l’épique sans tomber dans le cliché. Et il y a Bruce Dickinson déjà au sommet définitif de son art.  

 

3- "The Number Of The Beast", The Number Of The Beast - 1982. En comparaison avec les propos et théorèmes savants des satanistes de salon des années soixante-dix (coucou, Jimmy !), le texte de ce titre sonne un peu comme une version Pif Gadget des écrits d’Aleister Crowley. Mais il va gangréner les esprits d’une génération de métalleux hystériques qui n’oublieront plus jamais que 6-6-6 est le chiffre de la Bête. Les mauvaises langues diront que le fait de retenir un chiffre est déjà un progrès pour les métalleux. Mais vous savez que je ne pense pas du bien des mauvaises langues…

 

2- "Running Free", Iron Maiden - 1980. Sorti en single avant l’album, ce titre représente l’acte de naissance de la NWOBHM. Une claque monumentale dans un univers "post-punk new wave" insupportable de fadasserie et d’ennui. On peut reprocher au premier effort de la Vierge de Fer d’avoir adopté la rythmique batave de "Radar Love" (Golden Earring en 1973), mais il doit être mentionné quelque part dans les Saintes Ecritures du Rock qu’il faut tout pardonner à ceux qui posent un geste fondateur. Ainsi Soit-Il !

 

1- "The Trooper", Piece Of Mind - 1983. "Tu auras ma peau mais j’aurai la tienne aussi !" Tout Eddy…

 

 

 

Vous pouvez également écouter la playlist sur votre application préférée (Deezer, You Tube Music, Qobuz et autres) via ce lien : https://open.spotify.com/playlist/4NwZdMFcPTvW3NbQsA4f0U?si=28ce39fc6fe24937

En savoir plus sur Iron Maiden,

Commentaires
FrancoisAR, le 26/08/2022 à 10:44
Bien d'accord avec toi @Sébastien, j'aurais sans doute placé "Afraid to Shoot Strangers" dans mon top10 !
Sebastien, le 26/08/2022 à 10:33
Je trouve qu'il manque quand même Fear of the Dark, qui est un classique du groupe, voire Afraid to Shoot Strangers (1992). La critique sur le fait qu'ils reprennent la même recette depuis 1984 me semble assez dure, c'est le propre de tous les groupes finalement. Personnellement, j'adore L'album Fear of the Dark de 92, qui me semble sous-estimé.
Daniel, le 25/08/2022 à 13:53
J'adore vraiment les discussions sur des sujets pareils ! J'ai une théorie assez précise sur Iron Maiden "pré et post 1984" mais le format des commentaires ne me permet pas de développer le sujet sans le caricaturer. J'ai eu la chance de voir le 11ème concert du groupe sur le continent en septembre 1980 (de mémoire) et j'ai assisté toutes les tournées possibles qui ont suivi. Il y a vraiment eu une "rupture" entre l'avant et l'après 1984. Ceci dit, j'achète tous les albums (même si, parfois, je les abandonne après une seule écoute embarrassée - "Senjutsu", par exemple).
Arnaud, le 24/08/2022 à 19:28
Une liste de 8 classiques  incontournables augmentée de 2 choix plus personnels (les 9 et 10) qui méritent effectivement le détour, c'est une sélection peu critiquable.  Un extrait de Brave new world aurait toutefois été justifié à mon sens et permis de rééquilibrer chronologiquement.
FrancoisAR, le 24/08/2022 à 16:05
Mais y'a plein de trucs biens après 1984 Daniel non ? On ne sauve même pas les claviers de Somwhere in Time ou le tournant progressif de Seventh Son of a Seventh Son ? Même après Brave New World, y'a eu "Dance of Death", "Paschendale", "The Pilgrim", "Empire of the Clouds" ... Sinon pour la période Di'Anno, j'aurai choisi "Killers" et "Phantom of the Opera" ... Enfin, on ne va pas refaire le tour d'une discographie à mon sens exceptionnelle !
MaximeL, le 23/08/2022 à 19:02
Un joli top qui prouve une chose : le groupe n’a pas sorti de bonne chanson depuis 1984. Blague à part, j’aurais rajouté, pour de vrai, Holy Smoke que j’aime beaucoup (mais je suis le seul je crois).