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Rock en Seine 2011


Emilie, le 26/09/2011

Samedi 27 août vu par Nicolas


Grosse journée et grosse affiche aujourd'hui, raison pour laquelle je me suis un peu plus pressé que la veille pour ne pas manquer l'ouverture à 15 h réalisée, sur la scène Cascade, par le duo de garage belge The Black Box Revelation. De dignes fils spirituels des Black Keys, ceux-là, et c'est un sacré compliment. Marrant de voir, notamment, à quel point Dries Van Dijck possède les mêmes techniques de frappe que Patrick Carney, n'hésitant pas à cogner simultanément des deux mains pour augmenter sa puissance de percussion. Jan Paternoster (un nom comme ça, ça ne s'invente pas !), quant à lui, possède un jeu moins flamboyant que celui de Dan Auerbach, mais le niveau de l'individu à la six cordes demeure tout de même plutôt hors norme. Sur scène, les BBR développent un rock bluesy et tellurique, massif, gavé au fuzz jusqu'à plus soif, et c'est ça qui est bon. Les deux compères s'entendent parfaitement et se permettent fréquemment de se lancer dans de longues improvisations habitées qui forcent le respect. Superbe prestation, vraiment, à laquelle il n'a manqué qu'un ou deux tubes aux mélodies bien senties. Tiens, il parait que leur troisième album sort le 3 octobre. Il serait grand temps qu'albumrock se penche de façon plus approfondie sur le cas de ces deux belges...



En attendant la mise en place du concert suivant, je me déplace vers la grande scène pour attraper la fin du live des Hushpuppies, avec une grosse déception à la clé. C'est donc ça, le grand espoir du rock français ? Si l'instrumentation fait preuve de maturité et d'expérience, je reste en revanche circonspect devant un manque flagrant d'identité et d'intérêt mélodique sur les quatre titres que je parviens à écouter. En plus le chanteur se la pète genre rock star parvenue et confite de suffisance faussement modeste, horripilant. Bref, fuyons vite ce naufrage pour retourner vers la Cascade où nous attend la véritable surprise du festival : Cage The Elephant. Les américains étaient certes précédés d'une flatteuse réputation avant leur venue en territoire francilien, mais j'étais loin de m'attendre au choc qui nous heurte sans ménagement en ce milieu d'après-midi. Mo-nu-men-tal ! Délivrant un rock alternatif bruyant, juvénile et déflagrateur, les cinq hommes font immédiatement penser à un combo mythique : Nirvana. Oh certes, rien à voir avec la charge émotive bouleversante de Kurt Cobain, au contraire même : Cage The Elephant transpire l'énergie joyeuse tout autant la folie la plus extrême. Et pour le reste, entre les cheveux gras et la chemise à carreaux de Daniel Tichenor et les hurlements déchainés de Matthew Schultz, on retombe clairement en plein revival grunge, et avec la manière. Mais c'est encore l'incontrôlable Schultz qui vaut à lui tout seul le déplacement. A peine deux minutes passées sur scène et voilà déjà l'individu qui donne des sueurs froides à la sécurité en dégringolant vers la foule pour se faire palper par une horde de groupies en transe hystérique, puis en se balançant bille en tête dans deux slams d'affilée. Ce type est un grand malade, et encore c'est un euphémisme. Littéralement possédé par ses titres, Matthew Schultz déclame, chante, s'époumone, braille comme un type à qui on arrache une dent, se contorsionne en des spasmes violents et erratiques, grimpe sur les amplis et en fait voir de toutes les couleurs à son micro. C'est du grand spectacle, et en plus du grand spectacle qui transpire la sincérité la plus incontestable. Bref, ceux qui ont opté pour le live de Gruff Rhys ou de Birdy Hunt ont clairement raté leur après-midi, voir même leur année : dommage pour eux.



Vite vite, je cours vers la grande scène où le live de Blonde Redhead vient juste de commencer (ah bah oui, c'est physique, les festivals, ma petite dame). Epuisé par le concert époustouflant de Cage, j'opte plutôt pour un sitting placide à bonne distance des premiers rangs pour entrer en communion avec le rock noisy et hypnotique des frères Pace. Bonne pioche : même si le trio ne rechigne pas à faire cracher les décibels en ouvrant la réverb' à fond et en saturant l'espace de synthés spatiaux et oniriques, la bonne part du set allouée à Penny Sparkle nous offre une pointe d'étrangeté et de contemplation hébétée qui ne peut se saisir que dans le calme, les yeux mi-clôt et porté par la brise rafraichissante de cette fin d'été. Sans être un inconditionnel du groupe, je dois reconnaître que l'ensemble se révèle des plus agréables : le duo de voix Kazu Makino - Amedeo Pace est d'une complémentarité frappante, et la haute teneur mélodique du set emporte très rapidement l'adhésion. Une belle redécouverte.



C'est ensuite l'heure d'une pause restauration bien méritée, très vite ponctuée d'une longue et violente averse. Cet événement météorologique aurait-il été déclenché par les BB Brunes qui s'époumonent sur la scène voisine ? A voir. Tant qu'à manger, et malgré la pluie battante, autant se rapprocher un peu... tout ça pour constater qu'Adrian Gallo et ses trois compères ne m'ont pas fait changer d'avis à leur égard même si, je l'avoue, je m'attendais à franchement pire. Clairement, entre les Hushpuppies et les BB Brunes, le choix est vite fait en faveur des seconds, ne serait-ce que pour appréhender le plaisir primaire d'entendre bêler une assistance juvénile sur les refrains de "Dis Moi" ou de "Nico Teen Love". Hum hum... encore un peu de temps à tuer, alors autant se balader un peu. Sur la scène de l'Industrie se produit une certaine Austra, sorte de dondon flashy à la voix de gorge profonde et aux arrangements dream pop méga-planants. Mon Dieu. Ce n'est qu'en entendant les plaintes poussives de la demoiselle que je me rends compte que le succès surprise de Florence And The Machine risque ainsi de propulser sous les spotlights tous les machins à voix un peu rythmés qui trainent en Angleterre... j'en frémis d'avance.



Poussons encore un peu plus loin et allons découvrir la toute nouvelle scène allouée au festival cette année, la Pression Live. Une fausse bonne idée, assurément, car si cet artifice permet d'augmenter singulièrement le nombre de concerts, l'endroit où se dresse le chapiteau est si éloigné du cœur du festival qu'il faut se révéler sacrément motivé pour s'y rendre. C'est notamment Wu Lyf, l'une des « révélations » britanniques de l'année, qui passera à la trappe un peu plus tard dans la soirée compte tenu de l'éloignement de la Grande Scène. Dommage... mais pour l'heure, c'est la revue de Jim Jones qui affûte ses médiators et qui se prépare à mettre la foule en branle comme jamais. Dans le registre rock n' roll à la Jerry Lee Lewis joué avec la punk attitude, The Jim Jones Revue fait très, très fort et met rapidement l'ensemble de l'assistance KO. Accompagné d'une bande de mafiosos gominés et aussi hargneux que des dobermans en rut, Jim Jones braille comme un damné et déclenche des pogos par centaine. C'est violent, c'est grisant, c'est épatant, mais ça finit aussi par devenir un peu assommant. Et ça tombe bien : mon prochain choix de concert se tenant à un bon kilomètre de marche, je ne regrette pas trop de manquer la fin de cette gigantesque boucherie par guitares interposées.



Car pas question de rater Interpol, sous aucun prétexte. Je plains déjà Émilie qui, elle, va devoir louper ce live pour cause d'interview, tout en me faufilant dans l'assistance d'une densité peu commune afin de me dégager un beau point de vue pas trop loin de la scène. L'attente est fébrile, et puis soudain ils sont là, devant nous, en chair et en os. Paul Banks débarque en dernier, lunettes de soleil sur le nez, la démarche empruntée et le tronc engoncé dans un complet cravate noir. Le set démarre avec application, mais immédiatement il y a quelque chose qui cloche, quelque chose d'assez indéfinissable. Est-ce la guitare de Banks, proprement inaudible par moments ? Est-ce son micro mal réglé qui ne donne pas l'ampleur qu'elle mérite à sa voix de basse ? Sont-ce les quelques flottements rythmiques de Daniel Kessler lorsque la batterie fait une pause ? Un peu de tout ça, et aussi l'impression que les quatre hommes sont présents sans vraiment être en communion avec l'assemblée. Puis petit à petit le niveau remonte, certains morceaux cassent la baraque ("Lights", sublime, "Evil", impeccable de groove indolent, "Obstacle 1", toujours aussi gigantesque), d'autres passent à côté de leur sujet. Indéniablement Interpol ne semble pas prêt à prendre le moindre risque : le groupe boude Our Love To Admire et réduit son récent album éponyme à sa plus simple expression, tandis qu'Antics se voit déroulé en quasi-intégralité. Pas forcément un mal, mais on aurait souhaité un peu moins de timidité et de fébrilité de la part des new-yorkais. Quand on pense qu'ils ont fait la première partie de U2 au Stade de France... ils ont dû se faire massacrer. Bref, grosse déception pour la team Banks, tellement plus à l'aise sur album que face à une foule.



Avant d'assister au concert des Monkeys, j'ai le temps de me rabattre sur la Cascade pour assister à la reformation des Death From Above 1979 sans savoir exactement à quoi m'attendre. Du garage, certes, mais encore ? Eh bien du garage, oui, mais du garage sacrément déjanté et surtout sur une formule complètement inédite : un batteur-chanteur et un autre type qui alterne basse et synthétiseur. Pas de guitare. Tiens, comme c'est curieux ! Rapidement, le rock racé et sautillant des DFA1979 conquiert l'ensemble de l'assistance : loin du blues habituellement prisé par les duos garage, les deux hommes s'escriment à développer des rythmiques lourdes et dansantes auxquelles se mêle le chant de hyène en rage de Sebastien Grainger. Petit détail marrant : comme le type est également obligé de matraquer ses fûts pendant qu'il chante, son interaction avec le public se retrouve des plus limitée, raison pour laquelle il n'hésite pas, sur un des derniers titres, à remplacer sa batterie par une boite à rythme pour aller se jeter dans la foule avec boulimie. Gros coup de cœur pour ces deux canadiens qui parviennent à me remonter le moral après la déception déclenchée par Interpol.



Et voici que s'achève la deuxième journée sur les monstres actuels du rock anglais, les Arctic Monkeys. Quand on dit monstre, on exagère sûrement beaucoup, mais force m'est de constater que la foule qui se masse devant la grande scène se révèle si dense qu'il m'est impossible d'approcher à moins de 200 m d'Alex Turner et de sa bande, c'est incroyable. Même les Foos, la veille, ne sont pas parvenus à drainer une telle affluence. C'est dans cette ambiance oppressante que débarquent les singes de Sheffield, dont un Alex Turner qui a troqué ses cheveux longs contre une banane à la rockabilly... hum. Très vite le show est lancé, et très vite également le constat s'impose : les Arctic Monkeys forment une machinerie d'une implacable efficacité. La restitution des morceaux s'effectue avec une précision millimétrique, la force de frappe de Matt Helders s'avère assez spectaculaire, et Alex Turner semble aussi à l'aise derrière un micro qu'avec une gratte entre les mains. Pourtant, les éloges vont s'arrêter là. Sans nier l'efficacité d'un répertoire désormais bien huilé mais aussi plus varié qu'avant (notamment grâce aux jolis tubes ciselés de Suck It And See), on se rend rapidement compte que les Monkeys n'ont absolument pas envie de faire du live. Pas une once d'imprévu, pas le moindre grain de folie dans ce spectacle à sens unique qui, de surcroît, nous fait mariner de longues secondes entre les titres alors que le groupe s'accorde dans le noir. Et puis il y a ce gros branleur de Turner, toujours aussi hautain et méprisant quand il s'adresse à la foule (quand il daigne bien s'adresser à elle). Est-ce de la timidité mal placée ou bien un vrai je-m'en-foutisme so british ? Difficile à dire. Toujours est-il que le concert des Monkeys, privilégiant largement le premier et le dernier album du groupe, ravit les oreilles sans soulever les cœurs. De ce côté-là, clairement, les anglais ont de sacrés progrès à faire.
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