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Rock en Seine 2011


Emilie, le 26/09/2011

Dimanche 28 août vu par Nicolas


Nécessités professionnelles obligent, je ne peux arriver sur les lieux du crime qu'à 18 h, manquant en cela notamment le concert des Vaccines. Pas que ça me désole, mais tout de même, j'aurais été curieux de voir ce que donnent ces soi-disant phénomènes du rock anglais sur une scène. Dommage également, dans une moindre mesure, pour Crocodiles et Cat's Eyes, mais bon, c'est la vie. Alors que je me faufile vers la scène de l'Industrie, je me décide à faire un crochet par la Pression Live qui se trouve sur mon chemin. Tout ça pour y trouver une bande de foldinguettes fluorescentes qui ahanent des refrains débilitants sur fond de gros calibres guitaristiques balourds. Une véritable vision d'horreur qui se nomme, d'après mon petit dépliant, Cherri Bomb. Note pour plus tard : ne jamais, jamais plus écouter ni aller voir Cherri Bomb.



Après ce faux départ affligeant, retour dans la cour des grands avec Miles Kane. Certains choix de programmation semblent tout de même étonnants de la part des organisateurs de Rock En Seine : pourquoi diable installer sur une scène mineure un type de ce talent alors qu'à côté sévissent les ignobles The La's sur un promontoire trois à quatre fois plus vaste ? Mystère. Toujours est-il qu'il est difficile de se frayer un passage jusqu'au petit phénomène, et il me faut donc jouer des coudes et des épaules pour obtenir une vision satisfaisante de l'intéressé. Pas la peine de tourner autour du pot : Miles Kane en live, c'est magnifique. Même sans un authentique groupe à ses côtés, le jeune lad parvient à recréer l'impression d'un rock n' roll collectif et racé, abreuvé de pop aux grands refrains aguicheurs et gorgé de petits morceaux de bravoure à la six cordes. C'est beau, fin, pertinent et largement fédérateur : que demande le peuple ? Celui-ci parvient d'ailleurs à reprendre à tue-tête la plupart des chorus avec une jubilation palpable, tandis que Kane, désarmant de naturel et de gentillesse, ne manque pas de s'adresser longuement à la foule à la moindre occasion. Franchement, son collègue Alex Turner peut en prendre de la graine : à ce rythme-là, Miles Kane aura bientôt rattrapé et dépassé les Arctic Monkeys.



Dilemme ensuite, car au même moment passent The Horrors et Anna Calvi. Qui privilégier ? Là encore, la géographie me dicte la décision la plus sage : aller risquer une oreille aux Horrors sur la scène Pression Live déportée, puis en cas de désaccord me rabattre sur la jeune anglaise qui monte. Et c'était la bonne solution, comme on va le voir. Premier sur la liste, le combo de Faris Badwan m'exaspère rapidement avec son rock post-Cure désenchanté et sombre. Ça remue bien parmi les guitaristes, mais Badwan a le charisme d'une huitre cuite dans du lait de pavot (ou alors il est sacrément fatigué, allez savoir) et son claviériste mériterait d'être pendu haut et court pour commettre des lignes de synthés aussi insipides. Bref, l'affaire est emballée en trois titres, et je cours au plus vite pour voir la petite Calvi sur la scène de la Cascade.



Et là, là... ouah ! Quel choc ! Je dois évidemment battre ma coulpe avec force contrition : tout le monde a pourtant vanté à tour d'articles élégiaques les talents immenses de la jeune anglaise, Pierre D nous a également bien mis en garde sur le caractère hors norme de son premier album, mais je n'avais rien voulu entendre. Là, devant le fait accompli, je n'ai plus qu'à m'incliner. Anna Calvi, c'est d'abord une voix sublime, tour à tour veloutée et redoutable, susurrante et tonitruante, un miel qui devient feu en quelques secondes. Mais c'est aussi une guitariste véritablement douée qui n'hésite pas à construire ses titres sur des accords blues fouettés gracilement et desquels s'évadent des soli époustouflants de finesse et de pugnacité. Le show offert par la blonde aux lèvres carmin laisse l'assistance sans voix, je me surprends à m'arrêter de respirer pour m'enivrer de ce nectar auditif inégalable, des frissons me parcourent à chaque montée en puissance de la belle cow-girl qui m'entraine dans le plus sensuel des far-west. Une expérience de concert absolument unique, et je pèse mes mots. Les critiques la comparent à PJ Harvey ou a Siouxie Sioux ? C'est faux : Anna Calvi vaut plus que cela, bien plus. Et quel contraste entre l'assurance de ses chants et la fragilité de ses timides "Thank You" à l'égard d'une foule complètement acquise à sa cause ! Cette fille va devenir une artiste gigantesque, même si elle ne le sait pas encore.



Après Anna Calvi, Deftones. Appréciez le contraste ! N'étant pas un grand fan de la formation, je vais assister au concert sans trop me prendre la tête. A peine arrivé sur scène, Chino Moreno est déjà au taquet : le mexicanos bouffi se lance dans un grand show à l'américaine, chante avec véhémence, gueule comme un putois dans sa célèbre position caractéristique (complètement recroquevillé sur lui-même), fait du va-et-vient tout le long de la scène, monte sur les amplis, saute comme un cinglé, joue au lasso avec son micro, manque à plusieurs reprises de perdre son futal taille basse, et va même se lancer dans la foule. Classe ! Sa bonne humeur et son envie de scène font vraiment plaisir à voir. En dehors de son frontman, Deftones reste toujours ce groupe atypique de beaufs au grand cœur, une bande de redoutables artificiers qui n'hésitent pas à virer la disto de leurs grattes pour soutenir les envolées sensibles de Moreno. Voilà du nü-metal simple et ultra-efficace, avec une guitare qui gronde comme jamais et un set plutôt éclectique qui ravit autant les adeptes de sensation fortes que les minettes en manque d'émotion. L'efficacité avec un grand E.



Pas grand chose à faire ensuite : ni la pop quelconque de Nneka, ni Trentemoller ne m'attirent particulièrement. Ne me reste donc qu'à attendre sagement Archive pour une clôture de festival qui s'annonce assez unique, et pour cause : le collectif anglais a rameuté avec lui son orchestre de 30 musiciens classiques pour reprendre ses grands hits. Contrairement à la veille, je n'ai aucun mal à me glisser vers les premiers rangs au sein d'une assistance beaucoup plus éparpillée : les absents ne savent pas ce qu'ils manquent. Dans les faits, les membres d'Archive se transcendent totalement pour nous livrer un show visuel et sonore époustouflant. Piochant allègrement dans l'ensemble de son répertoire, allant du récent Controlling Crowds jusqu'à Londinium en passant par les complaintes mélancolico-tripantes de You Look All The Same To Me, le groupe se donne à fond pour nous plonger tour à tour entre hypnose vaguement anxieuse et décharge subites d'adrénaline sulfurisée, réalisant un spectacle à la beauté à la fois glacée et humaine sous des déluges d'effets lumineux contemplatifs ou stroboscopiques. Un trip à l'état pur qui évite les transes trop prolongées grâce aux changements d'ambiances et de chanteurs, entre un Pollard Berrier toujours aussi fascinant dans son autisme habité, un David Penney transpercé par des rafales d'émotions brutes et violentes, une Maria Q rayonnante de sérénité et un Rosko Jon un peu en retrait dans son rap parfois un tantinet mollasson. Au total, nous avons droit à 1h30 de concert de grande classe, servi par un orchestre qui apporte une plus value émotive évidente au moins sur le plan visuel (certains arrangements de violons aigus peinent à se faire entendre), pour une conclusion en apothéose de cette fort belle édition 2011 de Rock En Seine.

Site officiel de Rock en Seine

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