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Shoegazing : spleen et onirisme par delà le mur du son


Maxime, le 09/07/2012

Successeurs


Black Rebel Motorcycle Club : B.R.M.C.
3 avril 2001

Quand ils prennent pour patronyme The Black Rebel Motorcycle Club et intitulent leur premier single "Whatever Happened To My Rock N’ Roll (Punk Song)" les BRMC assument le décorum rock dans ce qu’il a de plus cliché et de plus naïf avec une foi sans faille. Ils arrivent en 2001, date de départ de la course au vintage : les Strokes sortent les Converse, Jack White devient hype, le "retour du rock" est lancé. The BRMC bénéficie d’une exposition médiatique inespérée pour cette formation qui reprend à son compte l’héritage shoegaze des Jesus And Mary Chain : guitares abrasives en avant, basse hypnotique, batterie d’une profondeur abyssale et chant de dépressif chronique. Au lieu de proposer une pop rêveuse et enjouée via My Bloody Valentine, le gang de Peter Hayes privilégie les climats plombés par une saturation oppressante, un orage qui ne veut jamais éclater, lestant B.R.M.C. d’une rage contenue. Jusqu’à la libération finale par "Salvation", ode lumineuse et désabusée à un salut qui tarde à venir. Après ça les BRMC retourneront à l’underground où ils semblent se plaire.
Pierre D


The Radio Dept. : Lesser Matters
24 février 2003

The Radio Dept. est né à la fin du siècle précédent, dans le sud de la Suède. Rapidement devenu l'un des portes-drapeaux de l'excellent label Labrador, puis tout bonnement de la scène shoegaze, le groupe de Johan Duncanson s'est en trois albums et une brouette pleine d'EPs forgé une réputation enviable. C'est en 2003 que l'aventure commence, guitares saturées, voix filtrées et ambiances brumeuses, The Radio Dept. taille autant dans la pop indé que dans la dream pop la plus incandescente. Du brouillard numérique ("Keen On Boys") à l'instrumental soigné ("Slottet #2"), ils s'amusent à mettre leur talent un peu partout, tricotant un album inégal mais terriblement attachant. Un album où l'ennui (modéré, tout de même), côtoie le sublime (pas modéré pour un sou). La grâce adolescente de "Strange Things Will Happen" en fait d'ailleurs l'un des morceaux pop les plus fragiles et délicats de la décennie, tout comme la nostalgie solaire de "Ewan" démontre toute la science de la mélodie du père Duncanson. Propulsé hype en devenir quand Sofia Copolla en fait la star de la B.O. de Marie-Antoinette avec 3 morceaux inclus, The Radio Dept. n'a eu de cesse de travailler en évoluant vers une synth-pop douce et arty.
Kevin


The Warlocks : Surgery
23 août 2005

En se choisissant l'un des anciens patronymes du Velvet Underground, The Warlocks ne trompait pas sur la marchandise. On trouvera donc logique qu'après avoir brodé d'infinies variations autour de "Sister Ray" sur son dantesque Phoenix, le commando acide approfondisse son exploration du monolithe White Light/White Heat en flirtant aux limites du shoegaze. Aussi sombre et désespéré que Phoenix était hédoniste, Surgery enfonce le talon bien fort sur les pédales d'effets, direction descente d'acide toute. Carillonnant gravement sur des abîmes de souffrance, les guitares plombent le paysage tandis que Bobby Hecksher gémit au micro et que la rythmique rampe douloureusement au septième sous-sol, et le groupe d'amalgamer Jesus And Mary Chain et les premiers Cure dans sa poisse néo-velvetienne. Nulle trace de la candeur dream-pop dans ce bad trip cauchemardeux (mais qu'espérer d'autre quand l'album se termine sur le titre "Suicide Note" ?), on songe plutôt à l'incipit du Voyage au bout de la nuit : "Notre vie est un voyage/Dans l'hiver et dans la nuit/Nous cherchons notre passage/Dans le Ciel où rien ne luit". Du glauque, de la tristesse, de la déréliction, oui, mais des mélodies belles à en chialer dans son cercueil comme ultime rédemption ("Come Save Us", "Gypsy Nightmare", "Evil Eyes Again", "Bleed Without You Babe"). En sachant marier qualité d'écriture et rideau sonique en forme de douche sulfurique, le groupe forge une espèce de shoegaze gothique totalement addictif. Quel dommage que Hecksher se soit depuis braqué sur les murs de sons autistes, notamment sur l'éprouvant Heavy Deavy Skull Lover où il semble faire la nique aux travaux les plus pénibles de Sonic Youth. Lou Reed n'avait-il pas délimité le point de non retour plusieurs décennies auparavant avec son imbitable Metal Music Machine ?
Maxime


Amplifier : Insider
29 septembre 2006

Insider, ou le shoegaze appliqué au space rock à affinité progressive. Alors que Sel Balamir extirpe de Manchester une formation avide de spiritualité et de guitares lourdes à la fin des années 90, il passe partiellement à côté de son sujet avec un premier album plutôt convenu, un peu psyché, un peu stoner, mais pas follement original. Reprenant rapidement le taureau par les cornes peu après le crash de Music For Nations, le frontman fait tourner son groupe et expérimente sur scène des compositions plus directes qu'il dope gaillardement à la pédale d'effet. Le résultat culmine avec cet album qui redéfinit allègrement le terme "bruyant" : son heavy, réverb' poussée à fond, basse gargantuesque, Amplifier crache son mur de son avec envie et fait siffler les oreilles les plus sensibles dans un chaos de riffs et de larsens aphrodisiaques. Une étape, assurément, puisque les trois mancuniens retrouveront une empreinte sonore plus classique (mais non moins délectable) sur le colossal Octopus, l'un des sommets du rock anglais moderne. Mais ne dites pas à Balamir qu'il fait du shoegaze (ou même du progressif), ça l'énerve...
Nicolas

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The Pains Of Being Pure At Heart : s/t
03 février 2009

Le shoegaze a vu le jour en Angleterre ? Qu'à cela ne tienne, sa résurrection se tiendra aux États Unis et plus précisément à Brooklyn. Mais attention, ici, il n'est plus question de déblatérer dans le vide ou de laisser le rythme des morceaux se faire imposer par les lacis de guitares. The Pains Of Being Pure At Heart (littéralement : "Les douleurs d'être pur de coeur", comprenne qui pourra) n'a pas l'intention de se vautrer dans le all-noise, all-wall of sound. Ce qui prime, c'est la pop, la mélodie, le chant juvénile et candide de Kip Berman, et tout le reste n'est qu'ornementation et appogiature. Pour être exact, les jeunes new-yorkais proposent ici un album de rock léger, frais, entêtant et tonique, servi par une basse bondissante et une batterie pugnace, le tout au sein d'un relatif lo-fi qui laisse les guitares cracher leur ire sans trop se poser de questions. Et effectivement, là-dessus, l'espace sonore se voit aisément investir par les échos réverbérés en tout genre ("Contender" et "Stay Alive" en étant des exemples par trop caricaturaux), mais cet exercice shoegaze n'est plus une fin en lui-même, il n'est qu'un moyen audacieux pour servir la pop chantée des petits américains. Et ça fait toute la différence.
Nicolas

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Husky Rescue : Ship Of Light
25 janvier 2010

La dream pop dans sa plus pure condition. Une musique boréale, glacée qui navigue entre les mille lacs du pays d'origine de Husky Rescue. Barrée par la voix limpide de Reeta-Lena, la bicoque de lumière glisse avec insouciance sur des eaux tranquilles et se délecte de l'éclat de la banquise comme du message du vent. À l'exception des deux premiers morceaux, "Sound Of Love" et "Fast Lane" qui sont deux torpilles pop sous-marines, le reste de la croisière est doux comme la brise, contemplatif, mais loin d'être fainéant. En effet, l'album est dense, peuplé d'effets et de mélodies simples mais imparables, d'histoires étranges et surtout, d'une beauté froide, polaire et toujours élégante. Un album qui se dévoile pudiquement au fil des écoutes, un vrai moment de musique parfaitement maîtrisé et un groupe qui à force d'albums remarquables, s'affirme comme une vraie référence du monde de la dream pop.
Kevin


Kylesa : Spiral Shadow
25 octobre 2010

Où l'on se rend compte que la patte sonore du shoegaze peut toucher à peu près tous les styles de musique, même les plus extrêmes. Et pourtant... même s'il n'est en général pas avare en décibels, le metal donne rarement dans l'empilement de couches de guitares et le fatras de larsens. La raison en est simple : le chaos sonore tue le propos et le sentiment extrème (agressivité, colère, violence), sans compter sur le fait que se vautrer dans un maëlstrom décibellique permet rarement de mettre en exergue la technicité du métalleux, composante ô combien importante dans cette église fortifiée du rock. Mais quelques exceptions existent, et Kylesa en fait partie. La bande sludge de Savannah s'est toujours faite un malin plaisir de tromper les codes du metal et de les travestir par le biais de couleurs crust et/ou psychédéliques. Il n'était donc pas étonnant que Phillip Cope tente un jour ou l'autre de se frotter au shoegaze, et c'est le lancinant "Don't Look Back" de Spiral Shadow qui se charge de concrétiser cette rencontre, une rencontre troublante entre la lourdeur de son inouïe du quintette et l'onirisme planant des secondes voix de Laura Pleasants émergeant de guitares dont la réverb' se retrouve ouverte à bloc. Le reste de l'album, lorgnant davantage vers le rock alternatif, est moins avenant pour le shoegazer, mais non moins intéressant pour qui sait faire preuve d'un minimum d'ouverture d'esprit.
Nicolas

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Molly's : Sighs Of The Night
24 janvier 2011

Aussi anglo-anglais qu'il fut pendant son âge d'or, le shoegaze n'en finit pas de faire tâche d'huile bien au-delà de l'archipel britannique. A l'heure de la globalisation planétaire où Internet permet de mettre à disposition 60 ans de rock ici, tout de suite et gratuitement, on ne s'étonnera donc pas de retrouver un peu de l'écume du genre dans ce jeune gang français, 20 ans après la première vague. Alors que leurs cousins parisiens s'obsédaient dans un trip Nugget's mal digéré, les Amiénois de Molly's ont préféré tourner le dos aux sixties pour embrasser les nineties naissantes. Mais du shoegaze, Molly's prend tout sans discuter, les précurseurs comme les héritiers, My Bloody Valentine et Ride, mais aussi Black Rebel Motorcycle Club et Warlocks, les premiers Dandy Warhols comme le Primal Scream des débuts. Enfanté avec patience et humilité, alors que le feu de paille baby rock a flambé son dernier fétu depuis des lustres, ce premier album dévoile un shoegazing bigarré, revivifié, et non confit dans un mimétisme passéiste. Le chant est candide, les guitares accusent une granulométrie élevée, mais les musiciens préfèrent le port du blouson de cuir à celui de l'anorak, en témoignent les goudronneux "Overload", "Fast/Slow Motion" et "Rodeo Town" puisés du côté du BRMC. Mais Mark Gradener, posté à la production, leur a insufflé la douce brise pop de Ride, à l'image des envoûtants "Night Blooms" et "She Says". Avec ce Sighs Of The Night prometteur, les Molly's prouvent que l'équation de base du shoegaze (romantisme adolescent + rideau de guitares drues) a encore de beaux jours devant elle.
Maxime

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