Top 10 des vacances - Hors Série #10 - Have A Drink On Me
Il fallait bien que ce soit le seul alcoolique anonyme de la bande qui s’y colle. Depuis ses origines, la musique du Diable marie les sonorités électriques et les boissons alcoolisées.
C’est avec l’accent du désespoir que Robert Johnson (qui est à l’origine de notre passion) geignait : "Je ne suis qu’un pauvre type au cœur ivre et ce péché est la cause de tout ce qui m’arrive…"
Puis il ajoutait avec l’ironie cinglante des hommes du Delta : "Mais je ne tomberai vraiment que le jour où je succomberai aux femmes de petite vertu."
Finalement, il serait mort de la combinaison de ses addictions, en ingurgitant un whisky empoisonné offert par le mari jaloux d’une jolie fille gironde et volage.
A votre bonne santé, petits rockers ! Et belle tournée minérale pour suivre…
10.- "Cold Gin" - Kiss (1974) – La première composition d’Ace Frehley, imaginée dans le métro au départ d’un riff du "Fire And Water" de Free. "Cold Gin" évoque l’alcoolisme (qui finira par exclure le Spaceman du groupe), la solitude et la pauvreté. Tout ça dans un petit verre de liquide transparent. C’est fou, non ?
9.- "Drinkin' Wine Spo-Dee-O-Dee" - Jerry Lee Lewis (1973) – Dans la version originale de cette chanson à boire, dégrossie dans les chambrées de l’armée américaine, le texte chantait "Drinkin’ Wine, Motherfucker". L’onomatopée "Spo-Dee-O-Dee" a rendu le titre "radio friendly". On remarque que si le connard s’est effacé, le pinard est resté dans toute sa rubiconde splendeur.
8.- "Have A Drink On Me" - AC/DC (1980) – Whisky, gin, brandy et tequila. Le cocktail ultime. C’est à celui qui en boira le plus. Peu importe la note. Chacun règlera ses dettes en Enfer. Parce que la morale d’une histoire n’est pas toujours nichée là où on croit la trouver. Et c’est d’autant plus vrai quand on sait comment le chanteur emblématique du groupe venait de passer l’arme à gauche.
7.- "Hotel California" - The Eagles (1976) – Les affres de la cure de désintoxication… "Je hèle le Majordome pour lui commander un peu de vin. Il me répond : Nous n’avons plus eu ce genre de spiritueux ici depuis… 1969." Régime sec ! Et interdiction de sortir…Bienvenue à l’Hôtel California !
6.- "Killer Queen" - Queen (1974) – Si la bière blonde, religieusement vomie lors des mosh pits, est définitivement la boisson rock prolétaire par excellence, Queen a directement marqué son territoire de préciosité en préférant le champagne servi dans un verre flûté en cristal. "Elle boit du Moët & Chandon dans son mignon petit boudoir..."
5.- "Whiskey Man" – Molly Hatchet (1979) – A priori, on imagine mal un groupe de rock sudiste, fort de trois six-cordistes solistes, mettre en garde la jeunesse des états confédérés contre l’abus d’alcool. C’est pourtant le cas. La chanson dépeint avec virulence la déchéance d’un homme pitoyablement accro à sa bouteille de bourbon et flirtant sans cesse avec le désastre…
4.- "Alabama Song" - David Bowie (1979) – Baigné dans l’univers allemand pendant plusieurs années, Bowie réussit une bien meilleure version que celle des Doors… Parce que, à l’aube des eighties, Bowie, devenu Berlinois d'adoption, a assimilé l’esprit germanique ultra décadent de Berthold Brecht et Kurt Weil. La chanson n’évoque pas un poivrot mais une prostituée en mal de racolage qui tapine de rade en rade. Terrifiant et ridicule comme un opéra de quatre sous…
3.- "Tin Pan Alley" - Stevie Ray Vaughan (1984) – C’est dans cette rue où les pianos bastringues résonnaient comme des cassolettes en fer blanc qu’est née l’industrie de la musique populaire. Tout n’y était pas mélodieux. "Les gars du coin pouvaient tuer pour du whisky, du vin ou du gin…" Tin Pan Alley n’est morte ni d’une cirrhose ni d’une balle de calibre 44. C’est la démocratisation du phonographe qui a eu raison de sa peau rougeaude et vérolée.
2.- "Summer Wine" - Nancy & Lee (1966) – Comme quoi, on ne se méfie jamais assez des filles ni du pinard. Un joli décolleté attire le regard. Une nuit et quelques bouteilles de vin plus tard, le cow-boy se réveille dans une chambre inconnue, sans ses éperons en argent, sans un seul dollar ni même un seul centime… Bottes nues et bourse plate.
1.- "One Bourbon, One Scotch, One Beer" - George Thorogood And The Destroyers (1977) – Quand un verre ne suffit plus pour affronter la vie, il faut un triple shot : un bourbon, un scotch et une bière. Si la posologie se montre inefficace, il est conseillé de reprendre exactement au début. Jusqu’à plus soif. Voir George Thorogood interpréter (au sens théâtral du terme) ce titre interminable sur scène change la vie d’un rocker. Définitivement. J’ai beaucoup pensé à cette chanson géniale le jour où j’ai arrêté de boire…