↓ MENU
Accueil
Première écoute
Albums
Concerts
Cinéma
DVD
Livres
Dossiers
Interviews
Festivals
Actualités
Médias
Agenda concerts
Sorties d'albums
The Wall
Sélection
Photos
Webcasts
Chroniques § Dossiers § Infos § Bonus
X

Newsletter Albumrock


Restez informé des dernières publications, inscrivez-vous à notre newsletter bimensuelle.

Top 10 des vacances - Hors Série #11 - Beat The Beatles


Daniel, le 03/01/2024

Le problème avec The Beatles est qu’ils sont devenus une religion. Il est difficile d’imaginer les traumatismes qu’ils ont générés. Traumatisme de leur créativité lorsque le groupe était opérationnel. Puis traumatisme de leur absence lorsque les quatre se sont séparés. Même The Rolling Stones ont été perturbés, s’exclamant alors Let It Bleed en écho au plus œcuménique Let It Be.

Personne ne pouvait (et ne peut encore) expliquer comment les Liverpuldiens concevaient leur musique. Mais tout le monde pensait pouvoir se l’approprier. Parce que ça semblait simple à jouer. Mon œil. Et je reste poli.

Rangeons de côté les moines copistes qui ont bâti toute leur carrière sur une vision presque parodique de l’œuvre du quatuor, comme Electric Light Orchestra ou Oasis.

Et fouillons dans les reprises. Visiter cet interminable catalogue de covers est souvent une plongée cauchemardesque au cœur du kitsch et des tourments. Beaucoup (et parfois même des pointures) s’y sont essayés et peu ont été capables d’approcher la Vérité, celle que l’on ne peut connaître qu’en se faisant couper la tête (comme le professait Hergé).

Pour ne pas traumatiser les âmes les plus fragiles, il faut préalablement dégager les atroces adaptations en français (avec une palme d’honneur pour ce sous-marin devenu vert), la version espagnole de "Yesterday" par Nilda Fernandez, les reprises pachydermiques de Vanilla Fudge (qui avait fait du procédé son fonds de commerce) et cette terrifiante version woodstockienne de "With A Little Help From My Friends" de Joe Cocker (qui a financé son épargne-pension).

En route pour le Top, de 10 à 1 ! A l’issue du décompte, nous comprendrons comment il est possible de battre The Beatles à plates coutures. Mais, pour terminer en toute beauté, il faut débuter par un désastre absolu.

Il est utile de préciser que le classement manque à son devoir d’orthodoxie religieuse, en ce sens qu’il s’écarte parfois de son intitulé mais, dans leurs bontés respectives les François, (celui qui préside au Vatican et celui qui garde le Temple d’Album Rock) me pardonneront probablement cette offense.

Sinon, je brûlerai en Enfer en chantant "Help" à tue-tête…

10.- "Help" - Deep Purple (1968) – On trouve aisément sur la toile un clip de la télévision danoise (digne des Inconnus), tourné dans un décor atterrant, à l’image du désastre de cette reprise. Toute la dichotomie qui existait alors entre le rock et les médias publics est illustrée par ce gros plan insistant sur les doigts du bassiste tandis qu’un Ritchie juvénile s’applique sur le play-back d’un solo absolument débile. Au secours !

9.- "Here Comes The Sun" - Nina Simone (1971) – Musicalement, The Beatles sont de faux amis. Tout qui sait lire deux accords pense pouvoir maîtriser "Here Comes The Sun" dès son premier tuto. La plus belle chanson "feel good" de Beatle George a été déclinée en plus de 300 versions. La plupart du temps, l’intro, très identifiable, retient l’attention puis le titre, objectivement bâti sur un bruissement de vent solaire, retombe comme un vilain soufflé. Nina Simone réinvente rythmiquement le titre pour en faire quasiment une berceuse et devient une des rares interprètes (avec Richie Haven) à apporter une évidente plus-value à la version originale.

8.- "Helter Skelter" - Mötley Crüe (1983) – Le soleil de Californie inspire à la Trôüpe Bigärréë une version décomplexée d’un titre jusqu’alors plombé par le souvenir de l’assassinat cruel de Sharon Tate. Vince Neil, au sommet de son art vocal, vole à Charles Manson le titre qu’il avait volé aux Beatles et en profite pour également chiper le titre de meilleure interprétation vocale de tous les temps du "Helter Skelter". Ce jour-là, le monde a retrouvé (momentanément) un peu de son équilibre et de son innocence.

7.- "Dear Prudence" - Siouxsee And The Banshees (1983) – Il est difficile de comprendre pourquoi Suzan Ballion, la reine belge du proto-post-punk, a pu s’enticher de ce texte un peu idiot, inspiré par la méditative Prudence Farrow. Mais cette version, avec Robert Smith à la guitare, est à la fois sincère et artificielle comme l’ont été ces années qui ont marqué l’aube des eighties.

6.- "Daydream"  - Wallace Collection (1969) – Selon une expression hexagonale consacrée, la Belgique serait le pays du surréalisme. C’est peut-être pour ça que la meilleure reprise connue de "Hey Jude" est celle d’un groupe belge. A ceci près que Wallace Collection rebaptise le titre pour le signer de son nom. Ca s’appelle une appropriation culturelle, à la frontière des excès du passé colonial belgicain. Si Apple (dont la pomme était également belge) avait eu un seul avocat en état de plaider, le procès aurait été amusant à suivre. Mais ça fumait trop dans les bureaux du bâtiment n° 3 de Savile Row… "Daydream" reste à ce jour le seul succès international interprété en anglais par un groupe natif du vrai pays de la frite.

5.- "Come Together" - Aerosmith (1978) – C’est son insolente fidélité à la version originale qui rend attachante cette reprise du gang de Boston (alors au bord du gouffre). Le titre a été enregistré pour intégrer la bande-son d’un des films les plus atterrants de l’histoire du cinéma, le très nanardesque Sgt Pepper’s Lonely Hearts Club Band réalisé par le pauvre Michael Schultz (totalement dépassé par les événements et par la nullité de ses acteurs) qui aurait mieux fait de s’en tenir à ses tournages de Starsky & Hutch.

4.- "I’m The Walrus" - Boingo (1994) – Il était prévisible que Danny Elfman, le réinventeur gothique de la musique de film, accapare le titre le plus barré des Beatles pour lui donner ce côté malsain et désaccordé qui fait plus penser au Joker qu’au Batman. Une perle.

3.- "Eleanor Rigby" – Esperanto (1975) – C’est probablement la seule reprise qui soit meilleure que l’original de The Beatles. On surfe ici sur l’écume de la plus haute vague de l’eurock progressif. Le titre est déconstruit puis reconstruit dans l’irrespect par des musiciens extraordinairement inventifs et audacieux. Un exemple pour illustrer a contrario le précepte selon lequel il ne faut pas toucher aux textes sacrés. Pour mémoire, il existe également une version sublime du même titre par Joan Baez et une autre approche très "convenable" orchestrée par Kansas et le London Symphony Orchestra.

2.- "Got To Get You Into My Life" - Earth, Wind & Fire (1978) – La réécriture du génial Maurice White démontre à quel point The Beatles, sensibles aux airs de leur temps, pouvaient jeter des ponts entre les cultures. "Got To Get…"  a des racines funky qui brillent ici de mille feux par la grâce d’une ligne de basse exceptionnelle carrossée par Verdine White, indiscutablement le meilleur de sa catégorie.

1.- "Cheese And Onions" - The Rutles (1978) – C’est le respect qui fait la qualité de la dérision extrême. Ou le contraire. Peu importe. Il y avait tellement d’amour entre The Beatles et The Rutles que Beatle George financera La vie de Brian, une parodie épique de l’existence d’un certain Jésus qui, si je me souviens bien, avait osé prétendre qu’il était plus connu que The Beatles. Mais c’est peut-être une galéjade...

 
Commentaires
Mick, le 10/01/2024 à 17:55
Team "Helter Skelter" U2 également, brillamment mis en images pour l'ouverture du film Rattle & Hum. "This is a song Charles Manson stole from the Beatles, we're stealing it back."
DanielAR, le 08/01/2024 à 18:42
J'aime bien cette version aussi. Mais j'ai dû faire un choix avec la version de Dany Elfman et celle (remarquable) de Styx (sans parler d'Oasis ou de Frank Zappa). Le titre a inspiré de nombreux déjantés. En fait, il faudrait faire un Top10 sur ce seul sujet.
Patrico, le 08/01/2024 à 16:04
Dommage d'avoir oublié le "I'm the Walrus" de Spooky Tooth.
DanielAR, le 05/01/2024 à 18:40
U2 sonne presque punk sur ce titre. Par contre, je ne suis pas convaincu par le son un peu "psyché" de la guitare en rythmique. Il existe aussi une version destroy de Hüsker Dü et une moins intéressante d'Aerosmith. On pourrait en faire une soirée thématique !
Eily, le 05/01/2024 à 17:14
Je préfère le "Helter Skelter" de U2 sur Rattle&Hum (pas taper !...)