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Critique d'album

The Raconteurs


Help Us Stranger


(21/06/2019 - Third Man Records - Power Pop Vintage - Genre : Rock)
Produit par The Raconteurs

1- Bored and Razed / 2- Help Me Stranger / 3- Only Child / 4- Don't Bother Me / 5- Shine the Light on Me / 6- Somedays (I Don't Feel Like Trying) / 7- Hey Gyp (Dig The Slowness) / 8- Sunday Driver / 9- Now That You're Gone / 10- Live a Lie / 11- What's Yours is Mine / 12- Thoughts and Prayers
Note de 4/5
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Note de 3.5/5 pour cet album
"Rétrospectivement : un retour réussi mais perfectible après onze ans d'absence"
Nicolas, le 28/04/2020
( mots)

L’annonce avait tout d’un événement : onze ans que les Raconteurs n’avaient pas remis le couvert. Compte tenu de la productivité soutenue de Jack White durant la décennie 2010 (sur la période, comptez toute de même trois albums solo et trois autres avec les Dead Weather), on doutait qu’un tel événement fût possible, ce d’autant que Brendan Benson lui-même n’avait guère laissé d’espoir à ses fans au mitard des années 2010, se contentant d’accepter quelques apparitions en live aux côtés de son acolyte de Detroit sans guère nourrir d’envie de retourner en studio avec ledit White et la paire rythmique des Greenhornes, Jack Lawrence et Patrick Keeler. Qu’est-ce qui a décidé le rocker de Royal Oak de sortir de sa retraite anticipée ? On ne le saura sans doute jamais tant Benson s’avère avare de ses mots et discret en interview. Le fait est qu’Help Us Stranger l’a également poussé à relancer sa carrière solo : Dear Life, son septième disque, vient juste d’arriver dans les bacs sept années après You Were Right.


À moins que Brendan Benson ait simplement eu envie de refaire parler de lui avant de se remettre en scène de son propre chef, comme une sorte de compromis passé avec ses anciens camarades mais sans aucune garantie pour l’avenir ? L’hypothèse ne paraît pas particulièrement farfelue quand on sait que d’une part les Raconteurs n’ont pas tourné pour défendre leur dernier bébé, et que d’autre part on doute que Jack White ait réellement insisté pour relancer ce vieux projet dont il n’a plus vraiment besoin pour pouvoir s’exprimer pleinement. Rappelons qu’à l’époque de la création de ce supergroupe de luxe, White se cassait la cervelle pour essayer de se réinventer au sein de la formule duale expérimentée avec le succès que l’on sait au sein des White Stripes mais qui commençait à lui peser sur le plan créatif. Désormais artiste solo accompli, le guitariste blafard jouit d’une liberté totale qui lui permet de sortir à peu près tout ce qui lui semble bon, avec plus ou moins de bonheur d’ailleurs (cf le dernier Boarding House Reach que l’auteur de ces lignes n’a toujours pas réussi à digérer). En clair : qu’est-ce qu’une formule comme celle des Raconteurs pourrait bien encore apporter à l’un comme à l’autre de ces deux brillants songwriters à l’aube de la décennie 2020 ? Et qui plus est : qu’est-ce que les Raconteurs pourraient bien encore avoir à nous raconter qu’ils ne nous aient déjà dit, ensemble ou séparément, par le passé ?


Autant l’avouer : on ne s’est pas jeté sur nos claviers à l’époque de la sortie de Help Us Stranger, même si on l’a tous écouté. Il est un fait que le disque n’a rien de déplaisant, bien au contraire : il aligne des morceaux bien écrits en y insufflant attitude et son, tout ce qu’il faut pour faire un bon disque de rock. C’est d’ailleurs comme ça que Jack White nous l’a vendu à l’époque, comme une galette voulant redorer le blason du rock n’ roll. À l’arrivée, on a forcément été un peu déçu tant le chef d’œuvre annoncé paraissait loin. Avec presque une année de plus, force est de constater qu’il n’est pas désagréable de se replonger dans cet album. Un album qui commence plutôt bien avec un “Bored and Razed” dopé par une jolie intro qui prend son temps, une rythmique bien balancée et un refrain accrocheur dont les envolées vocales rappellent un peu les arrangements qu’affectionne Andrew Stockdale (Wolfmother). Écriture, attitude, son : check. Même son de cloche sur la jolie pièce cadencée qui donne (presque) son nom au disque, “Help Me Stranger”, à mi-chemin entre rock et folk, avec de jolis ajouts solistes très simples qui répondent bien aux vocalises : on part d’emblée sur du très haut niveau. Et il en va de même sur la très belle balade “Only Child” avec son tempo nonchalant, ses harmonisations aux petits oignons, sa wah-wah pudique et son orgue mi-antique, mi-futuriste en surcouche, c’est du haut vol.


Néanmoins Help Us Stranger souffre (toujours aujourd’hui) de deux carences : son hétérogénéité, et son inconstance. Vous l’avez constaté à la lecture du paragraphe précédent, White et Benson ont tout fait pour ne pas se répéter et brasser le spectre le plus large possible du rock n’ roll, au risque de se perdre parfois en chemin. En témoigne l’insupportable “Don’t Bother Me” aux accents stoner mal digérés (qu’on est loin de “A Song For The Dead” des Queens of the Stone Age dont elle semble s’inspirer), à l’énervement mal dosé et à la cabine Tesla abrutissante. On sent là que les deux hommes à la barre de l’esquif s’aventurent un peu trop loin de leurs balises, et malgré un côté un peu ludique dans ce titre - avec ses changements de tempo notamment - on a vraiment du mal à adhérer. Surtout quand s’enchaîne sans crier gare la rengaine pianistique “Shine The Light On Me” aux faux accents de Queen, un grand écart presque incompréhensible pour un morceau là encore loin de soulever l’enthousiasme. Même réserve sur le bizarre “What’s Yours Is Mine”, pas foncièrement loupé mais tellement déglingué et en décalage avec les autres morceaux qu’on l’aurait davantage imaginé interprété par Alison Mosshart au sein de The Dead Weather. Dès lors, il est difficile de se livrer à des dithyrambes sur Help Us Stranger, et c’est dommage.


C’est dommage, car malgré son éclatement, ce troisième album de The Raconteurs livre encore de fort beaux moments. On pensera surtout à l’efficace single “Sunday Driver” avec son riff ravageur (l’un des seuls réellement costauds de l’ensemble), au petit jeu musical “Hey Gyp” soutenu par une batterie survoltée, ou au costaud “Live A Lie”, l’un de seuls morceaux avec Brendan Benson au lead vocal et sans aucun doute l’un des plus réussis : quel dommage qu’on l’entende tellement moins que Jack White sur ce disque (comme sur les précédents d’ailleurs). On signalera encore deux très belles ballades mélancoliques, “Now That You’re Gone” et “Thoughts And Prayers”, la seconde, bluesy, (un peu) supérieure à la première, country, mais toutes deux de très bonne tenue. Help Us Stranger semble se poser presque comme un one shot, un nouveau coup de feu isolé dans le marasme du rock n’ roll, mais pas sûr que les deux amis aient tant que ça envie de reprendre les armes par la suite, et encore moins de sauver le rock. Remarquez, on ne leur en demande pas tant, en tout cas pas sous cette forme. Et qui sait, on est tout prêt à accueillir un quatrième disque à l’avenir. Des fois que...

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