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Discorama 2000's : les incontournables français


Maxime, le 28/02/2011

2006-2008


Justice :
juin 2007

Ce fut l'album électro de 2007, celui qui semble avoir entraîné dans son sillage Yuksek et autres Birdy Nam Nam, celui qui a montré que la French Touch n'était pas seulement incarnée par Daft Punk. Pourtant, l'album de Justice n'est pas arrivé de nulle part, le milieu de l'électro française n'était pas au point mort avant sa sortie. Depuis dix ans, les groupes étaient nombreux à bidouiller, chacun dans leur coin, des hymnes qui auraient pu, comme Cross, faire un carton mondial. Mais voilà, Justice a réussi à allier plusieurs atouts indispensables à tout succès commercial et critique. D'abord un son dansant qui séduit les dancefloors de boîte au même titre que David Guetta et Bob Sinclar, ensuite suffisamment d'audace et de créativité sonore pour oser l'instrumentalité, les morceaux sans paroles débiles typiquement dance (ou seulement pour le titre du même nom). Bref, en assumant les codes du genre, en le traitant avec dérision tout en apportant bien plus, l'album Cross fit un carton dont on se souvient encore.

Depuis, plus de nouvelles de Justice. A la manière des Daft Punk, avec lesquels ils n'ont pas évité la comparaison, malgré de nettes différences dans la musique comme dans la scénographie ou la personnalité, les Justice se font rares et cultivent le succès avec un détachement faussement modeste. Ils ont toujours maîtrisé la chose. Dès 2003, leur duo avec Simian, "We are your friends" titillent les oreilles des connaisseurs. On se pose des questions, on entend des sons similaires dans différents spots publicitaires, mais rien ne sortira avant 2007. Avec Cross, Justice montre alors un album d'une diversité musicale impressionnante, du matraquage sonore addictif aux petits hymnes dance faussement légers. Mais au-delà de sa propre qualité, l'album de Justice a donc mis au jour, de par son succès, d'autres formations électro pourtant plus anciennes, leur offrant une nouvelle place sous les projecteurs.
Elise

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Cocoon : My Friends All Died In A Plan Crash
octobre 2007

En 2007, le paysage du folk en France voit naitre délicatement, et se développer sûrement, le duo clermontois Cocoon. Nom plutôt bien choisi, qui anticipe et supporte la douceur mélodique qui les définit, mais qui ne présageait pas la petite tempête musicale qui allait se déclencher. Cette première révolution se nomme My friends all died in a plan crash, et a dans ses poches quelques titres connus des oreilles même les moins intéressées, ''On my way'' et ''Chupee''. Si si, vous connaissez. Les voix de Mark (Daumail) et Morgane (Imbeaud) s'allient et se lient avec osmose, et captent l'attention automatiquement. Si les yeux ne restent pas figés sur un point flou, c'est le pied qui prend le relai pour battre un rythme obnubilant. Cet album épuré et efficace détient les clefs de ce ''quelque chose'' addictif, dont on aime écouter les secrets sans jamais en percer les ingrédients. Sont-ce ces quelques cordes vibrantes, ce ukulélé, ou ce clavier étouffé, qui mettent la folk moderne dans tous ses états ? En tout cas, le tour d'envoutement est joué, et l'écoute de My friends all died in a plan crash a le même effet qu'un coin de verdure en plein Paris. Le duo se déploie plus vite qu'imaginé, car en moins de deux ans, et après avoir attendri les cœurs français, il se voit jouer aux États Unis, Chine, Australie, Angleterre et Allemagne, et écouler plus de 150 000 exemplaires du petit rond de plastique magique. Rien que ça.

Après ce coup de succès bien mérité (pour une fois qu'un talent est sous les projecteurs si vite), le cocon voyageur décide de redevenir sédentaire et producteur, pour que 2010 voit éclore le nouvel opus, Where the oceans end. Virage vers le monde marin, mais même bulle mélodiquement folk. Les Cocoon ne se détachent pas de cette espèce de préciosité instrumentale qui les a révélé et défini trois ans auparavant, et c'est tant mieux. Un creusement un peu plus profond dans le mélancolique, une taille un peu plus précise dans les morceaux et les arrangements... bref une galette qui rebondit sur le dos du premier jet, avec plus d'équilibre à l'atterrissage. A l'instar de son prédécesseur, Where the oceans end intercale aux airs sombres des rythmiques un tantinet plus guillerettes, telle que la folk sait faire. Bien que ce deuxième album soit tout aussi réussi, Cocoon resteront toujours des My friends all died in a plan crash de cœur et d'esprit, chemise à carreaux comprise.
Emilie

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Alain Bashung : Bleu Pétrole
mars 2008

Même si certains fans maniaques sur les bords vont jusqu'à faire passer les premiers disques de Bashung pour des incontournables, en étant honnête on finit par admettre que l'homme n'a commencé à créer des albums indispensables qu'à partir des années 90, Fantaisie Militaire mettant tout le monde d'accord. Alain Bashung débute les années 2000 avec la sortie d'une compilation, Climax, très recommandable pour ses versions revues et souvent améliorées de morceaux plus ou moins connus (“Les Grands Voyageurs”). Il enchaîne avec un disque où il interprète avec sa femme le Cantique des Cantiques et que bien peu de personnes ont dû écouter. C'est durant la même année, 2002, qu'il donne naissance à son premier véritable album de la décennie, L' Imprudence. Dans le genre ambitieux et difficilement accessible on a rarement vu mieux : aucune mélodie pour accrocher l'oreille, une instrumentation assez éprouvante toute en cassures et cordes écrasantes, une voix qui parle plus qu'elle ne chante. Ce requiem parvient cependant à atteindre la première place des classements de vente, comme quoi on peut être exigeant musicalement sans s'aliéner les acheteurs de disques, cette espèce en voie de disparition. S'ensuit une Tournée des Grands Espaces qui donnera naissance à un album live. C'est un déluge de cordes (guitares, violoncelles) quasi bruitiste et d'une violence assez inouïe, surtout en France où l'on cultive le côté "artisan bricolant ses petites chansonnettes dans son coin".

Puis plus rien jusqu'à Bleu Pétrole, dernier album de Bashung paru en 2008. Son processus créatif a quelque chose de désuet puisque Bashung se cantonne durant presque tout le disque à un rôle d'interprète comme les chanteurs fifties, Elvis en tête. Les textes et compositions sont confiés à d'autres, notamment Gaëtan Roussel qui réalise l'album. Sa contribution est parfaite, les mélodies sont simples et limpides ("Je T'ai Manqué", "Sur Un Trapèze"), le son chaud et cristallin. Les autres collaborations sont assurées par Joseph d'Anvers, Arman Méliès et surtout Gérard Manset qui écrit et compose "Comme Un Lego". On tient là un morceau de bravoure placé au centre du disque et à ranger aux côtés des "Variations sur Marilou" de Serge Gainsbourg ou "Demain C'est Loin" du groupe de rap IAM (ceux qui ont déjà commencé à ricaner filent écouter le titre en question). Un texte puissant, un chant sur le fil du rasoir et une instrumentation dépouillée magnifiant la performance vocale de Bashung (guitare acoustique accompagnée d'un piano et étoffée au refrain par une guitare électrique et une batterie discrète), tout est là en somme. On touche ici au cœur du disque, à savoir le travail d'orfèvre dissimulé derrière une apparente simplicité. Une chanson n'a en effet pas à avoir l'air complexe pour l'être en réalité. C'est une des leçons des Beatles : atteindre l'évidence musicale par des procédés tordus. Bleu Pétrole bénéficie d'une orchestration élaborée qui se dévoile au fil des écoutes (guitares, batterie, ukulélé, banjo, boîte à rythmes, bongos, violons, cloches) mais tendant toujours vers un but mélodique, pop au sens noble du mot. Même "Vénus" avec son texte glaçant ("Une souche à demi trempée dans un liquide saumâtre plein de décoctions d'acide qui vous rongerait les os"), son chant récité et son instrumentation minimale est une véritable chanson de bout en bout.

Par dessus tout cela trône une des voix les plus impressionnantes jamais entendues et dotée d'une profondeur égalant celle de la voix de Johnny Cash, tant en technique pure qu'en intensité. L'album tout entier semble d'ailleurs dédié aux grands espaces des États-Unis. Ça sonne folk, blues, country mais dans une optique détachée de toute volonté d'imitation, il s'agirait plutôt de retrouver certaines atmosphères propres à la musique américaine. En d'autres termes on n'atteint pas les abysses de Dick Rivers ou Eddy Mitchell. L'Amérique fantasmée ne doit sans doute pas être la même. Tout cela ne va néanmoins pas sans accidents. On trouve un morceau faible, le single "Résidents de la République" aux calembours faciles et à la mélodie peu mémorable. Il y a aussi la reprise de "Suzanne" de Leonard Cohen qui tombe à plat comme c'est souvent le cas avec les reprises placées sur un album de compositions originales. A l'inverse la version d'"Il Voyage en Solitaire" de Manset conclut idéalement l'album avec une basse, une guitare slide et un harmonica d'une douceur extrême. Alain Bashung est mort d'un cancer du poumon le 14 mars 2009 mais cette information a peu de pertinence dans une critique musicale sauf pour signaler que Bleu Pétrole est et sera son dernier album paru de son vivant.
Pierre D

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Commentaires
Lola, le 02/10/2016 à 14:47
Depuis l'avènement d'émissions télé-crochet (comme Star Academy), la chanson française est tombée dans une pauvresse musicale affligeante. Sans vouloir imposer mes goûts personnels, pour moi ceux qui gèrent l'industrie française actuellement ne connaissent rien (ou plus rien) à ce qui est de la bonne musique : celle pour laquelle on se contente plus que la belle voix (et/ou la belle gueule de l'interprète), on fait l'effort de faire des instrumentaux originaux relevant la mélodie des paroles, on tente de créer une réelle ambiance (love, fiesta, etc...). Y a qu'à voir ce que Mylène Farmer, un des grands noms de la chanson française, nous sort aujourd'hui et comparer avec ce qu'elle nous interprétait dans les années 80-90 ; les mecs et les nanas assurant la partie instrumentale des chansons sortant actuellement se contentent de faire une musique calée sur l'air des paroles : les paroles font do ré mi, on te fait un accompagnant avec un ou deux instrument(s) qui font do ré mi et un ou deux autres se content de taper la même note du début jusqu'à la fin non-stop. Ce ne serait pas étonnant qu'on nous dise que c'est l'ordinateur qui fait tout. Quand on pense qu'un groupe comme Téléphone faisait leur musique avec ses propres musiciens et ce que ces derniers arrivaient à créer comme chansons, c'est vraiment regrettable pour les musicophiles.