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Ozzy Osbourne


Collectif, le 30/11/2016

Blizzard Of Ozz


Du chaos naît la créativité. Cette maxime de Nietzsche a peut-être rarement eu autant de sens qu’avec la carrière d’Ozzy Osbourne. L’année 1979 est en tout cas une année de chaos pour le prince des ténèbres. Sa consommation massive de drogue pousse les autres membres de Black Sabbath, Tony Iommi en tête, à l’exclure. Ozzy paye là d’un côté son manque d’investissement dans le groupe, mais par extension la mauvaise situation artistique de Black Sabbath qui peine à se renouveler depuis plusieurs disques. Cette exclusion sera le point de départ de deux histoires. La première, celle de Ronnie James Dio et Black Sabbath, dont il n’est pas question ici (mais par contre ça l’est ici). Et vous devez vous douter que la seconde est donc celle qui nous intéresse : la carrière solo d’Ozzy Osbourne, et plus particulièrement son premier album en son nom sorti en 1980.


Ozzy subit après son renvoi de Black Sabbath un dur retour à la réalité : il n’est pas libre. Son contrat avec Don Arden est toujours en cours, et il lui est beaucoup plus difficile de rester à ne rien faire en sirotant un petit héroïne-jus d’orange en terrasse maintenant qu’il est exclu du groupe. Don Arden commence à lui réclamer de l’argent, et c’est sa fille Sharon qui se charge de harceler Ozzy pour qu’il paye ses dettes. Mais Ozzy fait peur à voir, et très vite Sharon comprend que ce dont a besoin l’ex-talentueux chanteur/parolier, ce n’est pas de pression mais plutôt de soutien. Cette rencontre avec Sharon est sans conteste l’un des tournants de la vie d’Ozzy, peut-être plus important que son renvoi de Black Sabbath. Car, et nous versons maintenant dans le people plus que dans la musique (pour la bonne cause), c’est bien Sharon qui va convaincre Ozzy de se remettre à travailler d’une part, qui va ensuite le présenter à Sony pour le signer chez Epic Records, et qui va enfin racheter à son père la part de contrat de Ozzy pour devenir sa manager quelques années plus tard, après qu’ils se soient fiancés.


Mais nous n’en sommes pas encore là. Ozzy Osbourne signe donc chez Sony, qui prend en main sa carrière solo en le poussant à recruter des musiciens (parce que les chants grégoriens, ça va cinq minutes quoi). Ozzy est alors à Los Angeles, et commence à faire répéter quelques musiciens pour former une première ébauche de groupe. Problème, aucun guitariste de Los Angeles ne lui plaît. Alors que la période d’audition se termine, le bassiste qui répète alors à l’époque avec Ozzy, Dana Strum, conseille à l’un de ses amis de venir auditionner. Le jeune homme de 22 ans n’est pas un grand fan de Black Sabbath (que satan le pardonne), et se plaît bien à l’époque avec les Quiet Riot, groupe notable de la scène glam de Los Angeles à la fin des 70’s. Mais pourtant, le jeune homme prend son petit ampli, sa guitare, et va à la rencontre de Ozzy pour passer l’audition. Ozzy est comme à son habitude, saoul, pas vraiment concerné et un peu défoncé. "Qu’est-ce que je joue ?" lui demande le jeune blondinet. "Oh, joue ce que tu veux" répond dédaigneusement Ozzy. Le jeune homme commence alors à s’échauffer, dévalant quelques gammes, laissant ses doigts se dégourdir. Et dans les yeux d’Ozzy, la très très faible étincelle d’intérêt pour ce jeune blond complètement méconnu devient un véritable brasier. Il se lève, l’interrompt après seulement deux minutes d’audition, et lui donne la place de guitariste de son nouveau groupe. C’est ainsi que Randy Rhoads est devenu le guitariste d’Ozzy Osbourne. Le coup de foudre est tel que lorsque qu’Ozzy rentre en Angleterre et qu’il se retrouve coincé car n’ayant à sa disposition qu’un seul permis de travail pour l’ensemble du groupe qu’il a formé à Los Angeles, c’est Randy qu’il choisit pour l’accompagner, laissant tous les autres sur place.


Une fois rentré en Angleterre, Ozzy recrute Bob Daisley à la basse alors que celui-ci était à la recherche d’un nouveau projet après Rainbow, et Lee Kerslake est le dernier auditionné à rejoindre la bande en tant que batteur en mars 1980. Se pose alors la question de l’identité du groupe, qui est présenté par Sony comme étant un projet solo de Ozzy Osbourne, alors que Ozzy et surtout Bob Daisley souhaitent voir la formation comme une nouvelle entité à laquelle le nom de Ozzy ne serait qu’associé. Le nom de Blizzard Of Ozz est mis en avant, un nom pratique car déjà envisagé par Ozzy pour un éventuel projet solo en 1978 (il existe déjà à l’époque des goodies Blizzard of Ozz stockés dans un hangar). Finalement, la maison de disque fera semblant de céder sur ce point, mais fera paraître le nom de Ozzy Osbourne en plus gros que celui de Blizzard of Ozz sur la pochette, et l’histoire retiendra ce disque comme étant Blizzard of Ozz, premier album solo du prince des ténèbres. Ce qui ne plaira pas à Bob Daisley et Lee Kerslake. Mais le reste du monde s’en fiche tant Blizzard of Ozz est une révélation.


Révélation est le mot qui est le plus approprié pour décrire Blizzard of Ozz. L’histoire préfère pourtant souvent retenir celui de comeback et se centrer sur le retour sur le devant de la scène de l’une des plus grandes voix du metal. On ne peut nier qu’Ozzy démontre une nouvelle fois toute la puissance de sa voix, qui tout en restant toujours très monotone parvient à s’incruster dans tout un tas d’atmosphères différentes. Ozzy n’est pas de ceux qui poussent des points de voix et emballent un refrain en montant sur leurs grands chevaux. Que ce soit sur le tonitruant "Crazy Train", ou le délicat "Goodbye To Romance", la voix du prince caresse et corrompt nos oreilles de ses intonations toujours étranges, faussement poussives, comme chantées d’outre-tombe. Ozzy se fait pourtant plus réel en fin de disque, dynamique et dans un style proche de David Lee Roth avec "No Bone Movies", et déchirant à travers la complainte qu’est "Revelation (Mother Earth)".


Mais si ici c’est bien le mot révélation qui lui sera retenu, c’est avant tout à cause de Randy Rhoads. Le jeune guitariste, s’il n’est pas le seul auteur/compositeur de la bande (Bob Daisley s’occupe de l’écriture des paroles et Lee Kerslake accompagne surtout Rhoads dans les arrangements et la structure des morceaux), Randy prend d’emblée en main une grande partie de l’écriture pure des rythmiques. Et comme devenir à 22 ans guitariste d’Ozzy Osbourne ne suffisait pas pour prétendre au rang de prodige, le petit Randy se permet même de composer déjà l’un des plus grands riffs de l’histoire : "Crazy Train". Un modèle du genre qui inspire encore aujourd’hui beaucoup de guitaristes (Gus G par exemple, dont on a déjà eu l’occasion de parler sur Albumrock, fer de lance d’une nouvelle génération dans le metal et qui s’inspire beaucoup de Rhoads dans sa façon d’écrire des riffs). C’est en partie grâce à lui que Blizzard of Ozz sonne aussi acéré, lui qui apporte une touche très west coast américaine dans le son des guitares et les riffs rapides boostés au flanger.


En plus du riff, Randy Rhoads dépose sur "Crazy Train" un solo de virtuose avec le doigté d’un chirurgien qui donnerait naissance à un nuage de sucre. Un doigté qu’on retrouve également dans le même genre de phrase en tapping sur "Goodbye To Romance". Plus qu’un shredder, Randy Rhoads est un artiste délicat, qui offre en plus à l’album une pièce acoustique techniquement impeccable et pleine de tendresse, écrite pour sa mère. Une chanson qui vient un peu couper l’ambiance de l’album, bien qu’arrivant après "Goodbye To Romance", mais qui est assez impressionnante techniquement pour nous garder en alerte.


Il est difficile de ne garder qu’une seule pièce maîtresse dans un album qui contient autant de titres exceptionnels, mais il est impossible de parler de Blizzard of Ozz sans évoquer le titre "Mr Crowley", sans aucun doute la chanson la plus scénarisée de tout l’album. Après une intro au clavier tout ce qu’il y a de plus épique, la voix d’Ozzy percute comme jamais. La rythmique de Rhoads est une nouvelle fois impeccable, étonnamment sombre par rapport à son style habituel, et entrecoupée de leads. Le jeune génie se fend de deux solos dont le deuxième est devenu avec le temps un modèle de mélodie encore vénéré aujourd’hui. La côté sombre de la chanson est forcément exacerbé par les paroles, puisque le titre se veut comme un genre d’hommage à Aleister Crowley, sorte de gourou occultiste fondateur de la loi du Théléma.


Blizzard of Ozz est un succès commercial formidable et sort du lot au sein de l’immense carrière d’Ozzy principalement par sa longévité. Il fait encore aujourd’hui partie des meilleurs albums de heavy metal, contient des titres références et des solos que personne ne parvient à égaler. Si jamais la carrière solo d’Ozzy ne vous a jamais intéressé, Blizzard of Ozz est à lui seul une bonne raison de vous y plonger.


Erwan

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