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Pink Floyd, from discovery to immersion


Nicolas, le 16/01/2012

Remasterisation et coffret intégrale, troisième match (ou plus si affinité)

"Pourquoi Pink Floyd ?" C'est sous ce nom de guerre que vient d'être déclinée la deuxième plus vaste offensive marketing de l'industrie du disque depuis la remasterisation en grande pompe du catalogue des Beatles en 2009. A l'heure où les majors sont à l'agonie et qu'EMI se retrouve étranglée de dettes rachetées par des fonds d'investissement peu scrupuleux, l'ultime charge de la cavalerie Pink Floyd ressemble fort à un dernier baroud d'honneur avant que l'entreprise anglaise ne sombre corps et bien. Solde de tout compte d'une époque dorée à jamais révolue, l'ère Pink Floyd se voit ainsi, sous de faux airs de conquête d'un nouveau marché (Why Pink Floyd? sous-tendrait plutôt l'idée "Why not Pink Floyd?", ou encore : "Et si, vous aussi, vous vous mettiez à Pink Floyd ?"), parvenue à un stade pré-mortem - sur un plan strictement commercial, cela s'entend - telle une ultime résurrection physique et financière avant de retourner dans l'anonymat et la virtualité du numérique, sorte de Paradis ou de Nirvana des âmes musicales vertueuses. Par Nicolas


Round 1 : Pink Floyd vs Beatles

Évidemment. Même si l'arrivée tardive d'une box intégrale Pink Floyd diffusée à grande échelle se voit en grande partie liée aux déboires juridiques qui ont opposé EMI à "Floyd entreprise" jusqu'à l'année dernière, on ne niera pas que le succès sans précédent de la campagne menée par Apple Records à compter du 09/09/09 a certainement pesé dans la balance et dans la décision de lancer cette vaste opération marketing. Mais nous trouvons-nous pour autant dans le même cas de figure ? Pas tout à fait. Il existait une raison parfaitement valable à la sortie de nouvelles versions remasterisées des albums des Fab Four : le catalogue n'avait fait l'objet que d'une seule édition numérique en 1987, et celle-ci constituait principalement en un simple transfert des masters analogiques vinyles. A l'inverse, l’œuvre du Floyd a été maintes fois remasterisée. Rien que The Dark Side Of The Moon s'est déjà vu proposer un lifting en 1979, 1984, 1992, 1993 et 2003, avec, à cette dernière occasion, une remasterisation spéciale en vinyle et une édition multicanal SACD. Pour The Piper At The Gate Of Dawn, c'est pire encore puisque le disque a connu dix éditions différentes (en comptant celle de 2011) pour presque autant de toilettages ! Même les moins courus des albums du Floyd, comme More ou Ummagumma, ont au moins eu droit à leur petit coup de polish à deux reprises. La nécessité (ou l'excuse) de la "remasterisation" en tant que sauvegarde d'un certain patrimoine culturel n'a donc pas vraiment lieu d'être. Quand on s'attaque à l'aspect édition intégrale collector, là encore, il y a de quoi rire jaune. Pink Floyd a ainsi connu déjà pas moins de deux boxes, dont au moins une superposable en tous points à l'édition 2011. Si Shine On, sortie en 1992, n'était qu'une boîte best-of (avec seulement 8 CD pour 7 albums et une compilation de raretés), Oh, By The Way proposait un contenu strictement identique au coffret Discovery, et ceci dès 2007 ! Alors bien sûr la sortie de Oh, By The Way n'a pas été couverte de la même façon que l'opération Why Pink Floyd?, sa diffusion et sa production quantitative ont été bien moindres, la communication autour du projet s'est révélée quasi-inexistante, et on ne parle même pas des éditions ultra-collectors des trois monolithes floydiens proposées aujourd'hui ou dans un futur très proche. Mais tout de même, ne soyons pas naïfs : pensons-nous réellement qu'une diffusion d'une telle envergure aurait pu voir le jour si le succès des rééditions Beatles n'avait pas été aussi gigantesque ? Pas la peine de donner la réponse.


Round 2 : Pink Floyd vs Pink Floyd

Mais soit : le fait est établi, on nous propose une nouvelle édition et une nouvelle remasterisation de l’œuvre du Floyd, on ne va pas non plus se plaindre. Puisque nous avons eu l'occasion d'acquérir la fameuse box Discovery, essayons d'entrer dans le vif du sujet. Premier contact avec l'objet plutôt flatteur : belle boîte rectangulaire, carton laqué violet, inscription dorée, aimantation de l'ouverture : pas de doute, on se trouve bien face à un objet conçu dans une optique de haut de gamme. Ouvrons le tabernacle. La répartition intérieure semble propre et bien disposée : sept albums à gauche, sept albums à droite, et un livret inédit "collector" de photos de Storm Thorgerson en arrière fond, ce dernier étant extractible aisément par le biais d'un petit ruban. Les CDs sont proposés (comme à l'unité) dans une jaquette cartonnée de facture correcte, même si des traces et des impacts apparaissent facilement au moindre frottement, ce qui rend difficile leur manipulation quotidienne, De même, il est ardu d'extraire les disques de la box sans entraîner une légère marque au niveau de la pliure, c'est vraiment dommage. Quant au livret photo... disons qu'il a au moins le mérite d'exister, mais il est évident qu'il ne constitue aucunement une raison à lui seul d'investir une telle somme (entre 140 et 170 € selon les points de vente).

Attaquons maintenant la partie remasterisation en tant que telle. N'ayant pas forcément le temps ni l'énergie pour effectuer une comparaison exhaustive, on a pu effectuer quelques tests par le biais d'albums-clé sélectionnés, et notamment les remasterisations 1994 de The Piper At The Gate Of Dawn, Atom Heart Mother, Meddle, The Dark Side Of The Moon et Wish You Were Here, avec écoutes alternatives et arrêts sur certains passages caractéristiques afin d'en relever les subtils détails. On touche là au comble de Pink Floyd : auparavant, c'était The Dark Side Of The Moon qui servait à tester les chaînes hi-fi, et désormais c'est notre propre chaîne hi-fi qui départage les deux Dark Side Of The Moon ! Le verdict est pourtant sans appel, même s'il fallait s'y attendre : les différences sont au mieux subtiles, au pire inexistantes. Les nouveaux masters sont effectivement un peu mieux étalonnés pour coller aux standards contemporains (notamment en terme de volume), mais pour le reste, le résultat auditif final est peu ou prou semblable. Du grain sonore rétro d'"Astronomy Domine" aux violoncelles sourds d'"Atom Heart Mother" en passant par les bruitages matinaux d'"Alan Psychedelic Breakfast", les sonars d'"Echoes", l'avalanche de carillons de "Time" ou les portières futuristes de "Welcome To The Machine", rien ne semble différer de façon flagrante par rapport aux années 90. Mais comment aurait-il pu en être autrement d'un groupe qui a toujours su tirer le meilleur parti du dernier cri technologique pour enregistrer ses disques ? Par ailleurs, une remasterisation plus "voyante" n'aurait-elle pas trahie l'esprit de la création originelle du groupe ? On pourrait dès-lors se retourner vers James Guthrie, co-producteur de The Wall, collaborateur de longue date du Floyd et artisan des différents liftings de sa discographie, et lui demander sincèrement quelles améliorations substantielles a-t-il été capable d'apporter à cette réédition 2011... pas sûr que nous soyons ravis d'entendre sa réponse.


Round 3 : Pink Floyd vs le reste du monde

Voilà la vraie question à se poser face à cette box : qui va l'acheter ? A qui s'adresse-t-elle ? Pas aux fans, évidemment : on vient de mettre en lumière le peu de différences formelles existant entre les quelques versions à notre disposition. Très clairement, ceux qui ont déjà l'intégrale du groupe à l'unité n'ont aucunement besoin d'investir dans un tel coffret, ni même d'acquérir quelques albums séparément : ils ne verront pas la différence. EMI aurait pourtant pu appâter le chaland en resortant quelques raretés de derrière les fagots. Après tout, la box Beatles comportait bien les deux Past Masters, alors pourquoi diable sommes-nous privés de Relics, la fameuse compilation de B-Sides, singles et raretés presque aussi importante (voir plus) que certaines productions studio du groupe ? Pourquoi manque-t-il Masters Of Rock, ou au moins les singles inédits de la période Barrett ? Ou bien alors pourquoi, tout simplement, n'avoir pas repris l'idée de The Early Singles, le disque qui compilait les raretés du Floyd dans la box Shine On ? Sans ces éléments pourtant ô combien capitaux dans l'appréciation du groupe, on a du mal à donner au terme "intégrale" le sens qu'il devrait posséder.

Ne restent donc plus, en tant qu'acquéreurs potentiels, que les amateurs occasionnels et les néophytes purs et durs, et là on retombe sur le Why Pink Floyd? du préambule qui se trouve appliqué à pas moins de quatorze albums. Question qui en amène automatiquement d'autres : Quel intérêt y a-t-il encore à écouter Pink Floyd en 2011 ? Mais surtout : est-il vraiment judicieux de se farcir la totalité de cette imposante mais très inégale discographie ? C'est à cette question que nous allons maintenant tâcher de répondre, et vous verrez que la réponse, toute positive qu'elle soit, ne coule pas vraiment de source.
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Commentaires
Sylv, le 05/08/2018 à 09:40
A momentary lapse of reason n'est pas que passable : cet excellent album contient au moins deux joyaux et est très sous-estimé. Hormis The Final Cut, aucun album du Floyd n'est raté et au moins quatre sont des chefs-d'oeuvre : Meddle, The dark side of the moon, Wish you were here et The wall. Étant donné le sublime absolu auquel atteignent certains morceaux de leur oeuvre (Echoes, The Great gig ont he sky, Shine on you crazy diamond I to V parmi d'autres) et leurs extraordinaires innovations musicales, conceptuelles et scéniques, les Pink Floyd me semblent être le meilleur groupe de tous les temps. Loin devant les Beatles, les Doors et a fortiori les Stones.