Pink Floyd, from discovery to immersion
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Introduction
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- Remasterisation et coffret intégrale, troisième match (ou plus si affinité)
- Why Pink Floyd? Part one : looking for a masterpiece
- Why Pink Floyd? Part two : exploring the dark side
- Why Pink Floyd? Part three : the spirit never dies
- Interview : Roger Waters, le mur et le miroir
- Psychédéliques sixities : psychédélires et psychédélices (première partie)
- Psychédéliques sixities : psychédélires et psychédélices (deuxième partie)
- Psychédéliques sixties : psychédélires et psychédélices (troisième partie)
- Les héritiers de Pink Anderson et Floyd Council
- Dix bonnes raisons d'écouter Pink Floyd en 2011
- By the way, which one's Pink?
- Echoes from the past
- More Pink Floyd
Echoes from the past
Pour la plupart des rédacteurs qui ont pris part à ce dossier, la rencontre avec Pink Floyd s'est effectuée de façon radicalement différente. La plupart d'entre nous n'avons connu le Floyd qu'a posteriori, loin après l'extinction de sa période dorée. Une chose est certaine : le contact avec la musique intemporelle de Pink Floyd a passablement changé le cours de notre existence. Retour vers le passé et exploration rétrospective de souvenirs forcément heureux...Pink Floyd, More and More…
Le Floyd est un des seuls groupes que j’écoute avec toujours autant de religiosité depuis plus de 30 ans…(Je laisse une petite place à Led Zep quand même)
Si souvent la musique accompagne mes activités, bosser, lire, conduire, hors de question d’écouter Dark Side ou Atom Heart Mother en lisant le journal….Une fois le CD dans la platine, tout s’arrête.
Le premier contact a été visuel…Je devais avoir 10 ans, 12 ans, dans la chambre de ma grande soeur trônent quelques vinyles, dont un accroche mon regard : le visuel de la pochette m’attire. « C’est More, d’un groupe qui s’appelle Pink Floyd, l’histoire de jeunes qui se droguent. C’est vachement beau, mais ça termine mal…. ».
Très logiquement, avec ce visuel et ce thème, psychédéliques et mystérieux, il n’en faut pas plus pour que la galette se retrouve un peu plus tard sur ma première platine. Et dès le premier morceau, un flot d’émotions, une voix douce d’homme, la guitare acoustique….puis lentement je glisse vers cet écho, la réverbération qui m’entraîne dans une nouvelle expérience auditive, mon cerveau se rempli d’images, de sentiments, l’orgue, les cris, la mélancolie, l’angoisse, tout cela résonne dans mon esprit hyper-réceptif d’adolescente.
La messe était dite. Pink Floyd ne m’a plus jamais quitté depuis, les pochettes toujours à côté de moi lors des écoutes.
Avec ses expériences sonores, la batterie qui fait le tour d’une pièce, un riff qui passe d’une oreille à l’autre, il a été mon initiation et m’a ouvert à d’autres trips : Il m’a donné l’accès au krautrock de Can et d’Amon Düul, à des groupes comme Gong ou Magma…
Encore et encore….
Christine
Une histoire d'héridité
Je n'ai pas le souvenir précis de ma première écoute des Pink Floyd. Faut dire, à trois ans, on ne fait pas forcément attention. Tout ce que je sais, c'est qu'"Animals", "The Wall" ou "The Dark Side Of The Moon" ont accompagné toute mon enfance. L'image qui me revient toujours ? Celle de mon père, mec dégingandé à la tignasse bouclée, qui semble planer à 15000 milles dans le salon, "Shine On Your Crazy Diamonds" résonnant dans toute la maison. Non, il n'avait rien pris, il se remettait d'ailleurs tranquillement à sa lecture d'un polar une fois le rythme retombé. Bien des années après, l'adolescente curieuse que j'étais devenue a fouillé dans le grenier, retrouvé les anciens vinyles qu'il avait remisé au profit des versions CD et les a sorti de leur boîte… pour afficher les pochettes sur les murs de sa chambre. Et puis l'envie de retrouver ces musiques familières mais finalement inconnues est arrivée. "The Dark Side Of The Moon" s'est retrouvé chargé dans l'ordi, les musiques ont eu des titres, une identité. J'ai écouté Pink Floyd parce que je le voulais, fait mon propre voyage dans ce monde étrange. Quant à mon père, il ne l'a jamais quitté. D'ailleurs, quand je rentre "à la maison", il m'arrive encore de pousser la porte pour laisser sortir des accords reconnaissables entre mille. Je le trouve alors dans son fauteuil, un polar entre les mains. Home sweet home.
Elise
"Le temps révèle toute chose", Tertullien.
Le lycée est pour beaucoup une période de découverte, et ne dérogeant pas à la règle, ce fut l’époque où se forgea une part de mon identité esthétique et musicale. Les tâtonnements de la Seconde furent tout de même à notifier tristement comme l’emprunt du mauvais chemin. Sans m’éloigner de mes racines et de mon amour sans faille pour le tryptique Hetfield, Cobain & Homme, je commençai à m’abreuver de cette sordide mouvance du renouveau de la chanson française et de tous ces maudits ersatz qui pullulaient quand très peu de choses devaient en être retenues… je n’en fus sauvé que durant ma Première par la découverte tardive des volutes hypnotiques et la masse considérable des mighty Kyuss, me rappelant la fois à mes origines et m’ouvrant la voie vers un futur saturé et radieux.
Entre temps s’étaient immiscées de nouvelles fréquentations dont l’une me proposa à la fois de me prêter ce pauvre best of portant le nom peu mérité de Echoes et la vhs du film de The Wall, sous prétexte que son père voulait les faire connaitre à nos jeunes âmes curieuses. Evidemment à l’époque je ne connaissais de Pink Floyd que les deux singles communs et peu représentatifs du groupe que sont "Money" et "Another Brick in the Wall". Toujours est il que le soir même se révéla d’un ennui fulgurant, bien loin de mes espérances. Ne parvenant absolument pas à rentrer dans la musique du quatuor au travers de ce best of décousu (et amputé), je me lançai dans un visionnage détaché de ce film. Je n‘y ai pour tout dire rien pigé, ni les textes, ni la musique, ni le film, ne retenant de ces quatre vingt quinze minutes que le refrain de "Goodbye Blue Sky".
J’ai finalement appris à apprécier The Wall quand le Floyd a fini par éclore en moi à mon entrée en fac grâce aux compositions bucoliques de Relics… pour finir à nouveau par le détester au vu de ce qu’il signifiait dans la carrière du groupe: la fin de l’inspiration collective, de la symbiose qui avait mené quatre musiciens modestes au sommet de leur art au profit d’une pathétique mise en abime des traumatismes de Roger Waters. Je me souviens maintenant avoir été beaucoup plus impressionné par le solo de Gilmour dans "Echoes" qu’un vieil ami m’avait montré à une époque où il regardait uniquement ce morceau sur le Live at Pompei. Sans avoir été suffisamment mûr pour être convaincu, la forme me semblait déjà autrement plus appréciable.
Tous ces souvenirs sans intérêt pour vous dire que, à ma façon et à l‘instar de nombreuses œuvres, même si le Floyd vous semble inaccessible voire chiant, le mieux est de laisser faire le temps et de voir si - et c’est tout le bonheur que je vous souhaite - vous finirez par être touché par la beauté sensible et la démarche artistique vivante d’un groupe qui n’aura jamais été comme les autres.
Geoffroy
Comme un rêve à moitié oublié
Les premiers souvenirs que j'aie de Pink Floyd sont très vagues car ils remontent à ma petite enfance, mais rétrospectivement, les sensations véhiculées à l'époque par le groupe sont encore très vivaces dans mon inconscient.
Le Floyd, c'était d'abord une entité complètement anonyme, abstraite, presque irréelle, un concept plutôt qu'un groupe de personnes, des images tout autant que des sons. C'était une esthétique visuelle étrange, fantasmagorique, un prisme transpercé par un arc en ciel, un type qui prend feu d'une simple poignée de mains, une usine glauque et démoniaque, une vache. C'étaient des concerts d'extra-terrestres, des rayons lasers qui flashent de partout, d'immenses messes hypnotiques données devant des assemblées innombrables, statiques et recueillies. C'était une musique qui n'en était pas vraiment une, une musique qu'on ne pouvait pas fredonner, des nappes de sons à la fois étranges et familiers, des horloges qui sonnent, une guitare suspendue au milieu de nulle part. Tout cela fut véhiculé passivement au contact de grands cousins qui affichaient des posters géants dans leur chambre et qui assuraient à l'enfant interloqué que j'étais que Pink Floyd, c'était génial. Et ça en est resté là.
Quelques années plus tard, l'enfant grandit, prit conscience du monde qui l'entourait et découvrit les années 80, et avec elles un groupe qui, bizarrement, n'avait plus grand chose de fascinant. Il découvrit des hommes, des visages. Pink Floyd, de simples mortels ? Impensable. Il découvrit surtout une musique qui n'avait franchement rien de transcendant, une musique qui passait à la radio, des chansons comme tant d'autres, un assemblage pop superposable à U2, Dire Straits, Genesis, Michael Jackson, Madonna, un groupe de riches sans rien de distinctif. Le Floyd en était à sa première résurrection sur A Momentary Lapse Of Reason, mais le gamin ne retint que le banal, l'ordinaire, et le fantasme finit par disparaître subrepticement jusqu'à un stade où il n'eut même jamais existé.
La véritable découverte de Pink Floyd ne vint que beaucoup plus tard, par le plus complet des hasards. Jeune étudiant de 24 ans, je me baladais dans un Virgin Megastore en écoutant tous les disques qui passaient à ma portée, quand soudain mon attention fut happée intégralement par un album, In Absentia, fruit d'un groupe au nom bizarre, Porcupine Tree. Étrangement, cette musique me rappela immédiatement quelque chose d'indéfinissable, quelque chose de latent en moi depuis des années et des années, des sensations que je pensais à jamais éteintes. La bulle inconsciente gonfla au fur et à mesure que se poursuivait l'exploration de la discographie du groupe de Steven Wilson, puis le déclic se fit soudain au décours d'une interview de l'intéressé. Pink Floyd. Toute sa jeunesse avait été bercée par Pink Floyd. Bon Dieu mais c'est bien sûr, comment avais-je pu, moi-même, oublier ? La chasse aux anciens disques commença alors avec urgence, et la redécouverte, brutale, de The Dark Side Of The Moon et de Wish You Were Here fit remonter en un rien de temps des vagues de souvenirs par wagons entiers, avec une impression très particulière, unique : celle d'écouter et de découvrir, pour la "première fois", des disques que j'avais toujours connus au plus profond de moi-même.
Pink Floyd est depuis devenu une authentique Madeleine de Proust, madeleine à laquelle j'ai toujours autant de plaisir à goûter. Comme quoi, il n'est jamais trop tard pour renouer avec le passé.
Nicolas