↓ MENU
Accueil
Première écoute
Albums
Concerts
Cinéma
DVD
Livres
Dossiers
Interviews
Festivals
Actualités
Médias
Agenda concerts
Sorties d'albums
The Wall
Sélection
Photos
Webcasts
Chroniques § Dossiers § Infos § Bonus
X

Newsletter Albumrock


Restez informé des dernières publications, inscrivez-vous à notre newsletter bimensuelle.

Pink Floyd, from discovery to immersion


Nicolas, le 16/01/2012

Psychédéliques sixities : psychédélires et psychédélices (première partie)

Pour être exhaustif sur une actualité, il convient parfois de retourner à sa source. Si la réédition masterisée du Pink Floyd est, indubitablement, un évènement, elle s’avère lacunaire (acte manqué ou non ?) puisque y manquent les premières réalisations "singles" du groupe enregistrées sous la houlette de Syd Barrett. On sait ce que le Floyd est devenu sans lui, on sait aussi ce qu’il a accompli, fugacement, avec son premier leader. Il n’est pas interdit de s’interroger, rhétoriquement, sur ce qu’il serait devenu s’il avait pu continuer avec ce dernier. Se plonger dans ce qui a constitué cette époque "stupéfiante" aura valeur de Bain de Jouvence pour certains, d’informations à explorer pour d’autres. Par Claude

Contextes


Le terme psychédélique (inventé en 1957 par le psychiatre Humphry Osmond) est dérivé de deux mots grecs, "psyche" (âme) et "deloun" (se manifester). Il est donc très vite associé à ces expériences de perception autres que l'esprit pourrait éprouver par le biais de l'inconscient qui se libèrerait ; en particulier grâce à des procédés hallucinatoires, des transes ou des états hypnotiques. Ces moyens peuvent être la méditation, la stimulation sensorielle et, très rapidement, ils ont trouvé de nombreux avocats militant pour l'utilisation des substances psychédéliques: Osmond, Aldous Hyuley auteur des Porte de la Perception et, dans les années 60, le psychiatre américain Timothy Leary, icône de la contre-culture, avec son livre La Politique de l'Extase , auteur du fameux slogan: "Turn on, tune in, drop out." et prosélyte de l'utilisation du L.S.D.

On pourrait arguer que, de tous temps, l'art et la recherche spirituelle ont été associés à la drogue (les chamans et leurs champignons hallucinogènes, maints écrivains - Baudelaire, Théophile Gauthier, Thomas De Qincey, Antonin Artaud,- etc. vantant les mérites des drogues) mais ce qui va différencier la génération des années 50 et 60 est, tout simplement, un phénomène économique.

Au sortir de la 2ième Guerre Mondiale, et parallèlement à l'invention du microsillon, le monde occidental (et d'abord les États-Unis) vont entrer dans une nouvelle ère, celle de la Société de Consommation et de la massification des loisirs culturels. On va découvrir que la jeunesse représente une force sociale et surtout une cible commerciale idéale puisque munie d'argent de poche. Disques aidant, ce qui était jusqu'alors circonscrit à certains cercle, va s'étendre cette myriade de nouveaux jeunes consommateurs. Les phénomènes "transgressifs", comme le jazz ou la "beat generation" avaient pu l'être, vont alors pouvoir bénéficier d'une audience planétaire grâce au disque vinyl, l'apparition des radios et à la télévision et ce qui était "culture parallèle" va se transformer en "culture populaire".

On peut passer rapidement sur l'impact du rock and roll et d'Elvis pour apprécier, dans les 60's en quoi les Beatles et la "beatlemania" qui saisira les quatre coins du globe ont bénéficié d'une influence de plus en plus exponentielle que leur indéniable génie ne saurait, à lui seul, expliquer.

Le musicien "pop rock" va devenir une sorte de porte-parole pour sa génération. Ce qui était réservé essentiellement à l'artiste, au créateur, va devenir modèle et exemple à suivre: ("Do It titrait Jerry Rubin, un agitateur "yippie") et l'utilisation des drogues va, ainsi, s'avérer justifiée voire encouragée.

Le rock, en particulier le "psychedelic", va, par conséquent, perpétuellement osciller entre le fait d'être, au départ, un phénomène "underground" et de se voir très vite rattrapé par un courant de mode. Toute musique psychédélique ne sera donc pas une incantation aux expériences hallucinatoires malgré l'utilisation de procédés empruntés au genre, "Last Night In Soho" de groupe pop Dave Dee, Dozy, Beaky, Mick & Tich par exemple n'y fait qu'une timide allusion, et toute musique incitant à la contemplation regorgera parfois de schémas ayant plus à voir avec la "chamber pop" qu'à des remontées (ou des descentes) d'acide ("My World Fell Down" de Sagittarius).

Manifestations


Tout autant qu'être une musique, la mouvance psychédélique se voulait être aussi la transposition de ce que l'on nommera la contre-culture; hippie d'une part avec la contestation d'un certain mode de vie, artistique d'autre part dans sa volonté d'englober tout les éléments qui peuvent se rapporter à la création.

Les textes auront, bien évidemment, une tonalité particulière, soit sociétale ou politique, soit onirique, mais c'est avant tout dans le domaine de la représentation graphique que, pour la première fois dans l'histoire de la culture populaire, le psychédélisme va se singulariser de façon distinctive et va faire école.

Si on schématise rapidement en disant que l'objectif est de privilégier l'exploration intérieure, on est frappé par la façon dont le mouvement s'est emparé de deux phénomènes : l'Art Nouveau pour son côté tarabiscoté en particulier dans sa calligraphie, et le choix de couleurs brillantes, à la limite du fluo (mauve, turquoise, rose, jaune…) pour illustrer sa démarche.

Il n'est que de regarder certaines pochettes de disques ou, de façon plus approfondies, les affiches annonçant les concerts, pour comprendre que tout va concourir à accompagner cette idéologie. Le fait de ne pouvoir bien discerner les lettres toutes en ondoiement implique de faire preuve d'effort (donc de réflexion interne) pour en discerner le sens, l'ajout de couleurs "flashy", à la frontière de l'indiscernable, entérine également la volonté hallucinatoire de ses créateurs. Fond et forme se conjuguent pour créer un nouvel esthétisme et ce phénomène se retrouvera plus tard chez les punks, la New Wave etc. chaque mouvement adoptant une esthétique qui lui est propre.

C'est, bien évidemment, au niveau des colorations musicales que le rock psychédélique va faire école. Si, d'emblée, on pense aux extrapolations musicales à la guitare liées à l'électricité (effets de réverbération, larsen, fuzz, pédale wah wah, feedback ou distorsion) il serait un peu réducteur de se cantonner à ce seul registre qui n'est, au fond, qu'une agrégation de tonalités exacerbées sur des compositions, somme toute, classiques dans leur essence axée sur le rhythm 'n' blues. Ainsi, s'inscrira un groupe comme The Misunderstood dans une verve assez pop, ainsi on trouvera dans le rock West Coast U.S. cette tradition de reprendre des standards du genre et de les agrémenter de façon incendiaire comme les reprises respectives de "Who Do You Love" de Bo Diddley par Quicksilver Messenger Service ou des Doors peuvent en témoigner. Le fait que, la plupart du temps, ce recours aux effets sonores soit l'apanage quasiment systématique des groupes américains permettra, on le verra, d'établir une distinction entre ce que les Américains et les Britanniques définissent par rock psychédélique.

Sur une problématique moins technique et, peut-être, plus en phase avec l'idéologie œcuménique du mouvement, grande importance sera donnée à ce qui est susceptible de susciter la méditation et la contemplation, à savoir les influences orientalistes (principalement d'Asie méridionale avec l'Inde) dont les schémas particuliers ("drones", cithares, tablas, mantras répétitifs) se révèlent propre à créer un climat hypnotique générateur de transes.

Citons, enfin, un aspect hérité des littératures (Lewis Carroll, les Surréalistes) ou des volontés de se situer hors du temps avec des emprunts à la musique médiévale que nous retrouverons dans le psychédélisme anglais guère dépourvu de sensibilités rupestres.
En savoir plus sur Pink Floyd,
Commentaires
Sylv, le 05/08/2018 à 09:40
A momentary lapse of reason n'est pas que passable : cet excellent album contient au moins deux joyaux et est très sous-estimé. Hormis The Final Cut, aucun album du Floyd n'est raté et au moins quatre sont des chefs-d'oeuvre : Meddle, The dark side of the moon, Wish you were here et The wall. Étant donné le sublime absolu auquel atteignent certains morceaux de leur oeuvre (Echoes, The Great gig ont he sky, Shine on you crazy diamond I to V parmi d'autres) et leurs extraordinaires innovations musicales, conceptuelles et scéniques, les Pink Floyd me semblent être le meilleur groupe de tous les temps. Loin devant les Beatles, les Doors et a fortiori les Stones.