Folk n' Rock
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Introduction
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- Beck : Sea Change
- Johnny Cash : Unearthed
- Master Of Reality : Give Us Barabbas
- Mark Lanegan : Bubblegum
- Bob Dylan : The Bootleg Series Vol. 7: No Direction Home: The Soundtrack
- Black Rebel Motorcycle Club : Howl
- Sibylle Baier : Colour Green
- The Decemberists : The Crane Wife
- Wilco - Sky Blue Sky
- Bon Iver : For Emma, Forever Ago
- Iron & Wine : The Shepherd's Dog
- Syd Matters : Ghost days
- She & Him : Volume One
- Shearwater : Rook
- Fleet Foxes : Fleet Foxes
- Mumford & Sons : Sigh No More
- Rome : Nos Chants Perdus
- Junip : Fields
- The Tallest Man On Earth : There's No Leaving Now
- Calexico : Algiers
- Sun Kil Moon : Benji
- Sufjan Stevens : Carrie & Lowell
Shearwater : Rook
Juin 2008
La musique de Shearwater repose avant tout sur une imposante science de l'équilibre. En tout cas, on peut le supposer. Parce qu'avec tout leur fourbi baroque, leurs envolées lyriques et leurs riffs en dentelle, il faut au moins avoir fait les Mines pour ne pas que ça déborde. Pour ne pas que tout cet arsenal musical, aussi brillant soit-il, ne nous encombre le cortex, ne se marche dessus et surtout, pour que tout leur talent soit mis en valeur. Car le nœud du problème c'est ça, les types ont tellement de talent qu'ils ont pris pour habitude d'en remplir des placards entiers et de voir ensuite si ça tient. Et avec le recul, de toute leur discographie, des albums qui tiennent d'un bout à l'autre, n'en demeure qu'un seul : Rook.
À vrai dire, Rook déborde quand même un poil car Rook part dans tout les sens, tête baissée et le cœur haut. Jonathan Meiburg, en bon chanteur et tête de file en fait parfois des caisses, mais grâce à un sortilège dont il doit être l'unique détenteur, plus il en fait, plus c'est élégant. Les types ont atteint sur cet album un tel degré de raffinement qu'ils peuvent s'enfermer dans leurs délires, ça sonne toujours juste. Rook est une énigme, presque une erreur de la nature, mais avant tout Rook est l'une des pièces maîtresse de la folk contemporaine. Dès l'ouverture "On The Death Of The Waters", Meiburg nous fait contempler sa voix de tête allongée sur quelques simples touches de piano, avant un déluge de cuivres et de cordes qui s'enfuit aussi vite qu'il est arrivé. Elle est comme ça leur musique, imprévisible, insaisissable, elle vole, elle flotte puis elle s'engouffre dans une rafale et tient toujours le cap.
Mais Rook c'est aussi une formidable collection de mélodies d'orfèvres, des titres si bien écrit et exécuté qu'on se demande si un horloger suisse ne serait pas venu donner un coup de main. Au premier rang desquels le splendide "Rooks". Ses arpèges, son rythme, son pathos, même ses paroles, tout est aussi doux que le plus doux des satins et peu importe si Meiburg s'aventure dans des notes si hautes qu'on se demande si elles existent. En fait, quasiment tous les autres morceaux se partagent le même constat, celui d'une matière solaire et vivante portée aux nues. Le clavecin anachronique de "Leviathan, Bound" et tout le drame qu'il transporte, les torpilles écolo-rock que sont "Lost Boys" et "Century Eyes" et la grâce fragile contenue dans la rage de "The Snow Leopard", tout ça forme un vitrail, un camaïeu incandescent, écorché vif, sans limite ni pudeur. Les coulées de piano et les orchestrations de "The Hunter's Star" ou "I Was A Cloud" peignent ces mêmes ambiances baroques avec délicatesse flamboyante et permettent à Meiburg de délivrer de l'émotion dans son plus simple appareil.
Alors qu'au premier abord, Rook paraît être un joyeux bordel, il s'en dégage bien vite un fort sentiment de maîtrise et de cohérence. Et surtout, le zénith d'un groupe au talent indiscutable, bien qu'ils n'ont jamais su reproduire une telle mosaïque. Un album grandi de ses excès et fort de sa sensibilité à fleur de peau. Et dieu que c'est rare.
Kévin